rt <?

ut>

A.t>.

REVUE

ZOOLOGIQUE,

PAR

LA SOCIÉTÉ CUVIERIENNE

Année 1843.

HT.

PARTS.— IMPRIMERIE DE FAIN ET THUNOT,

IMPRIMEURS DE L'UNIVERSITÉ ROYALE DE FRANCE,

Rue Racine, 28, près de l'Odéon.

REVUE

ZOOLOGIQUE

PAR

LA SOCIÉTÉ CUVIERIENNE;

ASSOCIATION UNIVERSELLE

POUR

L'AVANCEMENT DE LA ZOOLOGIE , DE! L'ANATOMIE COMPARÉE ET DE LA PALEONTOLOGIE;

Journal mensuel.

PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION DE M. fVE. GUÉRIN-MÉNE VILLE.

PARIS,

AU BUREAU DE LA REVUE ZOOLOGIQUE,

Rue de Seine-Saint-Germain, 13.

1843.

iOJOC

SIXIÈME ANNÉE. JANVIER 1843.

I. TRAVAUX INÉDITS;

Note sur la nidification du Rupicola peruviana et de YEury- pyga phaîenoïdes , par M. J. Goudot.

Jusqu'à présent aucun voyageur n'a fait connaître , je crois , les habitudes et la nidification du Rupicola peruviana et de YEurypyga phaîenoïdes , ce que l'on doit attribuer soit à la ra- reté , soit à l'habitat de ces deux oiseaux de l'Amérique méridio- nale. Plus heureux , j'ai été à même de les observer en différentes circonstances, comme aussi de voir leurs nids, ce qui me per- met de donner les détails suivants. Le Rupicola peruviana construit le sien dans les légers enfoncements offerts par les an- fractuosités des roches coupées à pic , se trouvent encaissés les torrents ; car c'est toujours au bord des eaux que j'ai vu ces nids , qui ont de quatre à cinq pouces de diamètre. Ils sont for- més de filaments de racines chevelues , entrelacés entre eux et mêlés d'un peu de terre ou de boue , plus particulièrement à la partie inférieure. La ponte est de deux œufs , d'un tiers plus petits que ceux des poules , d'une forme ovée , suivant la mé- thode de M. Des Murs (Mag. de zool., 1842, Oiseaux, pi. 25), d'un blanc sale et irrégulièrement tachetés d'un mélange de brun jau- nâtre et de gris violacé. Ces taches sont plus nombreuses et plus rapprochées près du gros bout. La femelle couve en avril. J'ai trouvé des œufs dans un nid à la même époque un autre m'a offert des petitsdéjà assez emplumés.

VEurypyga phaîenoïdes fait son nid sur des branches entre- lacées et basses, dans les endroits marécageux et à 5 ou 6 pieds au-dessus du sol. Ce nid est formé de boue. La femelle y pond deux œufs de la grosseur d'un petit œuf de poule , de forme ova- laire (Des Murs, ibid.), d'urne couleur rouge terne (minium pâle), marqués de taches plus ou moins grandes , et de petits points isolés de couleur brun foncé. Ces taches sont plus grandes et plus nombreuses à l'une des extrémités. Les petits étaient déjà assez formés dans l'œuf en août.

Sous peu je donnerai la figure de ces œufs dans le Magasin de zoologie , ainsi que des détails relatifs au genre de vie de ces oiseaux , qui diffèrent beaucoup , relativement au Rupicola pe- ruviana , de ce que nous savons sur l'espèce congénère de Tome VI. Année 1843. 1

2 revue zoologique, (Janvier 1843.)

Cayenne. C'est ainsi que je me propose d'éclaircir certains faits relatifs aux mœurs de quelques animaux de l'Amérique , que mon habitude de parcourir les forêts m'a mis à même d'étu- dier.

Description de deux nouvelles espèces d'Oiseaux-Mouches de Colombie, par M. Boukcier.

Ornismya Colombica. Mâle adulte. Bec noir, droit, dilaté à la base, de longueur moyenne. Front et sinciput parés de plumes écailleuses d'un bleu violacé. Occiput , cou, dos et cou- verture caudale d'un vert semi-doré. Ailes d'un brun violatre , falciformes. Queue fourchue , à larges barbules , d'un bleu d'acier. Gorge revêtue de plumes écailleuses d'un vert doré brillant. Thorax couvert de plumes écailleuses d'un bleu violacé , couleur qui se prolonge en forme de ceintures sur les couver- tures alaires et sur la partie antérieure du dos. Tarses gris. Région anale duveteuse. Plumes de la couverture sous-caudale d'un bleu d'acier _, largement bordées de blanc. Page inférieure de la queue d'une teinte analogue à la supérieure. Long. tôt. 0,10. Bec 0,021. Ailes 0,057. Queue 0,041. Patrie : la Co- lombie.

Ornismya Poorlmani. Mâle adulte. Bec noir, droit , presque cylindrique, de longueur moyenne. Partie antérieure de la tcte ornée de plumes d'un vert glacé brillant. Vertex , occiput, nuque , dos , couvertures alaires et caudales d'un vert semi- doré. Ailes falciformes , d'un brun violatre. Queue carrée , à, larges barbules , d'un vert bronzé semi-doré. Dessous du corps revêtu de plumes écailleuses d'un vert glacé brillant. Tarses noirâtres. Région anale duveteuse , blanche. Couverture sous- caudale d'un vert brillant. Page inférieure de la queue d'un vert bronzé avec la base des plumes nuancée de violatre. Long. tôt. 0,070. Bec 0,019. Ailes 0,044.— Queue 0,024.— Patrie : la Colombie. Dédié à M. Poortman , ornithologiste distingué.

Description de coquilles nouvelles rapportées par M. Jehenne , officier supérieur de la marine royale ; par C. A. Récluz.

1. Conus Delessertii. Testa turbinata , basi transverse sulcata, roseo-fuscescenteautlutescente,punctisquadratiscastaneisinter-

TRAVAUX INÉDITS. 3

dum confluentibns oblique perlongum flammulata, albo in me- dio bifasciata : i'asciis punctis castaneis quadratis tessellatis ; spira conico-acula, elongata , gradatim digcsta, late canalicu- lata, luteo-aurantia , castanco flammulata; anfractibus 13 ad 1 4 basi carinatis : carinis albis , spadiceo articulatis , supremis granulatis; apertura alba , roseo trifasciata. Long., 62, larg., 30, haut, de la spire, 25 millimètres.

Habit, la Mer Rouge, près des côtes de l'île de Socotora.

Je fais hommage de cette belle et rare espèce à M. le baron Benjamin Delessert.

2. Cyclostoma-Naticoides. Testa orbiculato-conica , subtus oblique convexa, albo-rosea ; anfractibus quinis 1/2, convexis, supremo obtuse planulato , lœvissimo , sequentibus tenuiter ac dense clathratis, in fimo ventricoso, albido, longitudinal i ter plus minusve plicato et striato, transversim rugis subacutis inordina- tis cincto ; apertura obliqua , intus luteo-fuscescente , peristo- mate albo,nitido, incrassato; umbilico callum latiusculum, compressum album valde incrassatum claudente.

Junior. Testa spirse anfractibus superioribus nigrescentibus , transversim regulariter sulcatis, lbngitudinaliter densissimo stratis, subclathratis; peristomate minus incrassato umbilicum versus angulato; umbilico profundo, pervio. Long., 43 , larg. du dernier tour, 43 millim. Haut, de ce tour 22 millimètres. Opercule ovale, prolongé en angle obtus au côté supérieur, plane des deux côtés, testacé, blanc au dehors, formé de trois tours assez larges , sculptés de stries rayonnantes onduleuses : le centre lisse ; face inférieure revêtue d'une pellicule jaune. Cet opercule est plus petit que l'ouverture. Je ne vois entre le type et la coquille que je lui réunis comme jeune, aucun carac- tère de forme différent , si ce n'est plus de régularité dans les sillons des tours supérieurs et son ombilic ouvert ; ce qui tient à l'âge des deux coquilles. Leur opercule est exactement le même. Cabinets de MM. Benjamin Delessert et Petit de la Saussaie, auquel appartient aussi l'individu jeune. Habitant l'île de Socotora.

3. Cyclostoma Clathratula. Testa orbiculato-conica , luteo- aurantia ; anfractibus quinis , convexis , ad suturam planius- culis , transversim regulariter ac tenuiter sulcatis , striis longitu- dinalibus parvulis densissime clathratulis , fasciis transversis plus minusve fuscescentibus cinctis ; supremis basi fascia nigra mar-

4 revue zoologique. (Janvier 1843. )

ginatis : ultimo in medio pallide aurantio-zonato : zona fusco- marginata, subtus laevigato ; apertura intns aurantia, spadiceo- fasciata, margine acuta ; umbilico profundo , pervio. Habi- te avec la précédente. Long. , 22, larg. du dernier tour 23 H2, hauteur delà spire 111/3 millimètres.

Cette espèce me paraît jeune , ses rapports avec le jeune du Cyclosloma naticoides me font croire qu'elle n'est qu'une va- riété de coloration de la même espèce ; cependant les nombreux individus rapportés par M. le commandant Jehenne sont tous colorés et sculptés de la même manière et ont le péristome aigu et tranchant. Cabinets de MM. Benjamin Delessert et Petit de la Saussaie.

4. jBulimus Mcinctus. Testa oblonga tonica , umbilicata , lac- tea , tenuissime striata , leevigata , lactea ; anfractibus octonis , convexiusculis, sutura impressa distinctis : infimo maculis fuscis, oblongo-triangularibus sive quadratis transversim seriatis an confluentibus bicincto ; penultimo et sœpe duobus superioribus concoloribus unifasciatis ; labro acuto, tenui; columella reflexa, umbilicum parvum , profundum subclaudente (Var. B.). Testa anfractu infimo ad basin flammulis remotis transversim. seriatis in apertura decurrentibus obsoletîs. Hab. l'île de Socotora. Long. 23 , larg. 1 1 millimètres. Cabinet de MM. Petit de la Saussaie.

5. Pupa Jehennei. Testa cylindraceo-conica , albida , pellu- cida, lœvigata , nitida , sublente tenuiter ac oblique superne re- gulariter inferne obsolète striata; anfractibus 8-9, supremis planis , inferioribus convexiusculis ; infimo spiram superante ; sutura superficiali ; apertura intus ad sinistram sinuosa , extus ovato-rotundata ; peristomate dilatato, reflexo , laevissimo , albo, tenuiusculo ; columella medio intus transversimque uni-den- tata : dente convexo , lacteo , antice subacuta ; umbilico consoli- dai, intus pianissimo. Hab. l'île de Socotora. Long. 27 1/2 à 28 , larg. lOmill. ; long, du dernier tour, iG millimètres avec le péristome et 15 sans celui-ci. Cabinets de MM. Benj. Delessert et Petit de la Saussaie, Je dédie ce jolie Pupa à M. le commandant Jehenne , qui a doté la conchyliologie des espèces décrites dans cette note et de beaucoup d'autres très-intéressantes pour la

cience. Pupa arata. Testa oblongo-conica , dilatata , albida , tenui ,

TRAVAUX INEDITS. O

pellucida, supernc dilute-fusccscente per longum oblique lineis elevatis densissimis et sulcis latioribus arata ; anfractibus de- presso-convexiusculis, stria lincari discretis : ultimo spiram longe superante; apcrtura obliqua cxtns fulvo-zonata , intus ad sinistram sinuata et oblique uniplicata : plica compressa ; peristomate dilatato, tenuissimo , lamelloso, piano, subreflexo; umbilico consolidato , intus pianissimo. Hab. avec la pré- cédente. Long. 28, larg. 8 mill. ; haut, du dernier tour avec le péristome 18 1/2 mill.; sans la marge labiale 16 1/2 millimèt. Cabinets de MM. Benj. Delessert et Petit de la Saussaie.

Catalogue descriptif de plusieurs nouvelles espèces de coquilles

de France , suivi d'observations sur quelques autres ; par

C. A. Récluz, pharmacien à Vaugirard (Seine).

Ce catalogue est le produit de plusieurs années d'études sur les mollusques des mers de la France , pour lesquels je prépare un travail général. C'est une sorte de mantissa après les cata- logues de MM. Payraudeau et Risso , pour les côtes de la Médi- terranée ; de Lamarck et de MM. de Gerville,Collard-Des-Cherres et Bouchard-Chantereau, pour celles de la Manche et de l'Océan. Déjà M. Michaud en a fait connaître plusieurs nouvelles espèces et tous ceux qui voudront se livrer à des recherches suivies se- ront certains de trouver matière , soit à de nouvelles découvertes, soit à la rectification de nombreuses erreurs.

1. Rissoa soulevetana. Testa oblongo - acuta , albido vire- scente , seu pallide-cornea, tenuiuscula-, anfractibus senis , su- perioribus planis , turritis , lœvigatis , duobus inferioribus conveœis, regulariter per longum plicatis ; sulcis plicisque lœvigatis; labio versus basin obtuse unidentato; labro acuto , extus marginato, superne rectiusculo.

Hab. les côtes de la Manche , à Cherbourg ; très-rare.

Longueur , 7 ; largeur du dernier tour , 4 ; hauteur de ce tour, 3 1/3 mil.

Elle a une teinte d'un blanc verdâtre sale ou de corne bru- nâtre pâle avec une zone longitudinale plus foncée derrière le bourrelet du labre. Les quatre premiers tours forment une spire conique allongée de la longueur du dernier tour. Je dédie cette espèce à mon savant ami, M. Souleyet, médecin de la marine royale , auteur de la partie zoologique du voyage de la Bonite.

6 revue zoologique. ( Janvier 1843. )

2. Rissoalilacina. Testa ventricoso-turrita, crassiuscula Marina; anfractibus senis , supremis planis , lœvigatis, tribus inferioribus longiludinaliter costatis, sulcis sublente tenuiter transversim striatis ; ultimo sœpiùs obsoletissime cancellato et punctis impressis dense notato; apice nigro; apertura intus quadrata , incrassataf alba , ambitu vioîacea; labro extus marginato ; margine crasso lacteo et zona aurantia pulchrè picto.

Hab. les côtes de la Manche , dans les départements du Calva- dos , du Finistère , etc. N'est pas très- rare. Long., 5 ; largeur, 3; hauteur du dernier tour, 3 mil.

Cette Rissoaire ne peut être confondue avec le Bisso vioîacea de Desmarest. Elle a un peu le port du Risso grossa Michaud ? mais en diffère par ses caractères. Les individus roulés sont un peu plus pâles et leur dernier tour manque du treillis et des pe- tits point imprimés dans la substance du test , ainsi que de la zone orangée marginale.

3. Rissoa arata. Testa oblongo-turrita , tenuiuscula , vi- trea, hyalina, seu dilnte lutescente; anfractibus 8-9 medio conveœis, longitudinaliter plicatis , transversim regulariter ac dense aratis; sublente lœvissime cancellatis ; plicis sulcis duplo latioribus, in ultimo nullis, Suturis marginatis ; apertura lœ- vissima , ambitu vioîacea ; labro tenuissimo, raro eœtus lœvi- ter marginato.

Hab. Les côtes de la Bretagne. Peu commun. Longueur , 5 ; larg.j 2 ; haut, du dernier tour , 2 mill.

J'en ai une variété blanche, à 9 tours de spire et à labre faible- ment bordé à l'extérieur ; et une autre d'une couleur jaunâtre très-pâle , opaque , à 8 tours de spire: les premiers violâtres et montrant sous la loupe un treillis formé par des stries longitu- dinales extrêmement fines , et des stries transverses , disposées à égale distance , rapprochées et mieux imprimées. Ces stries pa- raissent régulièrement ponctuées à un fort grossissement.

4. Rissoa minutissima. Michaud. Var. 0. T. ultimo anfractu, antice fuscescente transversim bifasciato.

Hab. Les côtes du Calvados. Plus rare que le type. Long. , 3 ; larg., 1 mil.

Cette coquille , d'une parfaite conservation , me ferait croire que les deux fascies de son dernier tour doivent orner le liisso

TRAVAUX INEDITS. 7

minulissima de Midi, à Total vivant. Le petit nombre d'individus que je possède de cette variété et le grand nombre d'autres in- colores de nia collection ne permettent pas, quant à présent, de résoudre cette question.

5. Rissoa GuEMiNii. N. Testa oblongo-lurrila soUda, anfraclibus octonis, supremis lœvigatis,in/imis per longum sulcato - coslalis ; costis obliquis , albido - viulaceis , sul- cisque transversim lœviter striatis , lineolis longitudinalibus fuscenlibus, angulato-flexuosis, pictis ;infimo costis dimidialis transversim minutissime ac dense striato ; apice , in incolenti- bus , violaceo-nigricante ; apertura lœvissïma , in ambitu vio- lacea; labro extus marginato , crasso , albo.

Ilab. Les côtes de Boulogne-sur-Mer, Cherbourg , Saint-Malo, Koirmoutiers : Lamarck dit la Méditerranée , à Sèfce, vutgo Cette ; je ne l'ai jamais trouvé ni vu au golfe du Lion (vulgô de Lyon ). Long., 6 : larg. de l'avant-dernier tour, 2 3/4 mill. ; haut, du dernier tour, 3 mill.

Le dernier tour a ses côtes interrompues dans le milieu; ses sillons sont plus profondément striés que les supérieurs , et sous les côtes ce tour est également imprimé de stries profondes et Irès-rapprochées. Toute cette portion du tour est peinte, ainsi que les sillons des tours côtelés, tantôt d'un gris brunâtre uni- forme, et le plus souvent de linéoles longitudinales, en zig-zags très-fins et comme réticulés. Ce réseau est plus apparent sur la base de la coquille , lorsque l'espèce est récente.

Cette Rissoaire , toujours mêlée , mais en petit nombre , avec la suivante , en diffère par sa forme plus étroite , par plus de solidité, par sa coloration, la grosseur de son bourrelet, etc. Elle fait partie, avec la suivante et notre Rissoa lilacina du Turbo costalus de Lamarck ; mais il est juste de dire que cette der- nière n'y compte que pour un individu , le Rissoa Guerinii pour deux, et le Rissoa parva pour cinq à six ; et enfin que tous sont roulés , sans couleur et frustres.

6. Rissoa parva Coll. des Cherres. Testa ovato-conica , te- nuiuscula, castanea, anfractibus 6-7 conveœis, longitudina- liter oblique œostatis , interstitiis sublente lœviter transversim striatis , sœpe lœvissimis : costis interdum albescentibus ; aper- tura lœvissima; labro ambitu et extus albo, marginato, ma-

& revue zoologique. ( Janvier 1843. )

culis castaneis binis remotis picto; macula infima interdum evanida.

Turbo parvus Maton et Rack. , in Act. Soc. Lin. Lond. 8 , p. 171, 21.

Turbo œreus et Turbo subluteus Adams , etc. Turbo la- cteus Donovan, etc.

Var. fi. Testa spira violacea , sulcis fuscis , costisque albis ; labio intus interdum violascente.

Turbo costatus, Lamk., An. s. vest., t. VII, p. 50, no 34 ( vidi ), non Montagu.

Var. y. T. rufo-fusca , longiore , anfractibusconvexioribus, ultimo nec costato , lœvissimo , tenuissimo.

Var. cf. T. Detrita? omnino albida, spira roseo-violasces- cente ; labro eœtus immaculato. Frequentissima.

Hab. La Manche ; très-commune à Granville et Cherbourg , d'où j'en ai reçu des poignées. Long. , 5 ; larg., 2 1/2 ; hauteur du dernier tour, 2 1/2 mill.

j^Cette espèce , à laquelle on a donné le nom de Turbo parvus , de Rissoa parva , est très-abondante , décolorée , mais avec le sommet d'un rose-violacé. Je présume qu'elle n'est alors qu'un individu roulé ou exposé longtemps sur la grève , malgré l'aspect luisant qu'elle conserve quelquefois. Des in- dividus ont le dernier tour marron et ceint dans le milieu d'une fascie blanche , étroite , qui ne se continue point sur les tours supérieurs. Cette circonstance me fait présumer que la couleur de cette Rissoaire , à l'état frais, est due à deux fascies marron devenues confluentes , et dont les restes sont les deux taches placées sur le bourrelet du bord externe. Cette espèce fait la plus grande partie du Turbo costatus de Lamarck ; elle ne vit point, à ma connaissance , dans la Méditerranée.

7. Rissoa cancellata , nobis , non Desmarest. Turbo can- cellatus , Lamk., An. s. vest., t. VII, p. 49, 38. Rissoa lactea, Michaud , Cat. Rissoa , p. 7 , f . 11-12, bene.

Hab. les côtes méditerranéennes et océaniques de la France. C'est à cette espèce et non à celle de Desmarest que le nom de Rissoa cancellata doit appartenir , parce que le nom spécifique donné par Lamarck est antérieur aux autres. Le Rissoa cancel- lata Desmarest doit conserver celui de Rissoa (al vania*) euro-

TRAVAUX INÉDITS. 9

Rissoa mamillata ejusdem , Rissoa granulata, Philippi.

8. Rissoa costata , nobis non Desmarest, nec auctorum. Turbo costatus Montagu , Test, brit., p. 311 pi. I0,fig. 6 , optima et Jnglorum.— Rissoa carinata Philippi , En. moll. Sieil., p. 150, 5, pi. 10, f. 10, optima. Rissoa exiguaMi- chaud , Cat. Rissoa , p. 16 , 13 , fig. 29-30 , certè ; carina in tiltimo carente, maire.

Cette espèce , très-commune dans la Manche , à Cherbourg et Granville , plus rare sur les côtes de la France méridionale , doit reprendre son ancien nom spécifique que Montagu lui avait im- posé longtemps avant que M. Micfcaud la décrivît de nouveau. Nous proposons de donner au Rissoa costata de Desmarest _, le nom de Rissoa Desmarestii , comme un hommage rendu à l'au- teur qui a fait connaître les premières espèces du genre.

9. Rissoa matoniana. Testa ovato-conica, tenui, hyalina; anfractibus senis lœvissimis , convexo-depressis ; infimo con- vexiore, maculis pallide fuscescentibus biserialibus cinclo; suturis lœviter marginatis ; apertura lœvissima ; labro acuto nec marginato.

An Turbo interruptus Montagu , Test. brit. , p. 329 , et Sup- plem., pi. 20 , fig 3? nimis elongata.

llab. Les côtes de la Manche avec les précédentes espèces. Elle y est si rare que je n'ai pu m'en procurer que deux individus. Long., 3; larg., 1 \j2 ; haut, du dernier tour, 1 1/2 mill.

Je ne puis admettre que ce soit le Turbo interruptus de Mon- tagu ; en effet, notre coquille a son ouverture ovale-aiguë et non suborbiculaire , son labre mince et obtus à la marge , mais non un peu épaissi , ses taches ne se montrent que sur le dernier tour : elles sont en forme de points carrés, rapprochées et dis- posées en deux séries sur le milieu du tour et non au sommet et près de la base de ce même tour; enfin notre Rissoa est plus court et plus conique.

10. Rissoa striatula ( Nobis ). Turbo striatulus Montagu , Test, brit., p. 306, pi. 10, fig. 5, optime. Da Costa, Brit. conch., p. 102 , pi. 8 , fig. 10, bene; Pulteney , in Hutchins Dorset Cat. , pi. 14, fig. 10. Maton etRackett, 1. c. , p. 172, 32.-— Au Turbo striatulus Linné, Syst. nat. , p. 1238 635?

Hab. Elle n'est pas très-rare sur les côtes du Calvados. La

10 revue zoologique. (Janvier 1843.)

description de Linné et celle de Maton et Rackett , qui n'en est qu'une copie, ne lui conviennent point, mais les figures citées sont identiques avec nos exemplaires Cette espèce est tantôt blanche, tantôt dun gris jaunâtre. Ce n'est pas le Rissoa tro- chlea Michaud, ni le Rissoa labiata Philippi.

12. Rissoa vittata. Turbo vittalus, Donovan Brit. Shells pi. 178, f. 1, benè— Turbo cingillus, Montagu Test. brit. p. 328, pi. 12, f. 7, optima Rissoa cingillus, Michaud, Gen. Rissoa, p. 12, 8, pi. unique, f. 19-20.

Hab. Très-commune sur les côtes de la Manche, à Cherbourg. Cette espèce doit reprendre son nom spécifique antérieur. C'est à tort que M. Michaud 1. c. a cru qu'elle avait été nom- mée Turbo cingillus , par Donovan.

13. Rissoa unifasciata Turbo unifasciatus , Montagu , Test. brit. p. 327, supplém., pi. 20, f. 6, optima Maton et Rack. 1. c. p. 163, nc 3. Rissoa fulva Michaud , Gen Rissoa, p. 12 , 9, f. 17-18, benè Var. B. T. omnino fulva, minor.

Hab. Avec la précédente ; moins commune.

Ce Rissoa ayant été décrit , figuré et nommé Turbo unifascia- tus , par Montagu, il doit porter, dans une nomenclature exacte son premier nom spécifique. Coq. blanche ornée de deux fascies fauves sur le dernier tour et d'une seule sur les autres. La var. B. toute fauve . toujours plus petite.

14. Bulia Blainvilliana. Testa oblonga , subcylindra- cea3 umbilicata, nitida, lactea, medio convexiuscula , lœvis- sima, extremitatibus slriata; striis marginalibus profundio- ribus , alteribus sensim lœvioribus ; apertura oblonga , basi latiore ; columella inferne obtuse unidentata.

Ovula triticea ! Blainv., Fn. française , p. 152, 2, pi. 9A , fig. 4, optima , non Lamk. nec Payraudeau.

Hab. les côtes de Provence ( Blainville ) , celles de Sicile. Très- rare. Long. , 10 ; larg., 5 1/2 mill.

Son sommet est ombiliqué, et cet ombiliclarge d'un millimètre est arrondi en dedans. Le côté ombiliqué est un peu plus atténué que la base de la coquille. Cette espèce est une véritable bulle et non une ovule , toujours d'un beau blanc et non d'un rouge orangé. Je l'ai dédiée à l'auteur de sa découverte.

15. Phasianella ruLCHELLA. Testa parva, ovatoconoidea , tubopaca, imper forata, solidiuscula , lœvimma, albido-lu-

TRAVAUX INÉDITS. 11

icscente , lincolis purpurco-violaceis obliquis , creberrimis picia ; anfractibus qmnis, convexo-rolundatis , superne inter- dum albido maculatis; ultimo anfractu versus médium et ad basim fasciis binis e lineis angulato-flexuosis aut obliquis hincque incrassatis cincta;columella sœpius exlrorsumpallide zonata.

Au Turbo pullus Maton et Rack., 1. c, p. 162, 10? Da Costa, Brit. conch., p. 103, pi. 8, fig. 1-3, malœc! Donovan, pi. 2 , fig. 2-6, malœ ? non Linné , nec Lamk. , etc.

Hab. Les côtes de la Manche , en France et en Angleterre. Les figures des auteurs anglais sont très-mauvaises, et la descrip- tion de MM. Maton et Rackett n'étant qu'une copie de celle de Linné , il m'est difficile de dire si c'est leur Turbo pullus. Cette Phasianelle diffère de celle delà Méditerranée (Phas. pulla Payr. ) par plus de solidité , d'opacité , et par sa colora- tion constante. Long., 7 mill.^ larg., 4 1/2 à 5 1/2 mill. Quel- ques individus ont des petites taches blanches en collier au som- met des tours de spire.

16. Trochus Philberti. Testa or biculato- conoidea , anfra- ctibus septenis , planulatis , gradatisque , superne tenuiter an- gulatis, nigris sive fuscescentibus. striis singulisque transversis elevatis , obtusis 3-7 majoribus, punctis albido-lutescentibus arliculatim cinctis ; ultimo basi angulato ; inferna facit con- centrée cingulata , interstitiis dense et radianter sriatis ; umbilico infundibuliformi , profundo , albo 3 apertura intus margaritacea.

Hab. Le golfe du Lion ; commun à Agde , Sète, vulgo Cette , etc. Diamètre transversal et longitudinal , 12 à 13 1/2 mill.

Ce Troque a ses tours disposés par étages ; leur sommet pré- sente un plan étroit et bordé par une strie. La couleur de cette espèce varie : les unes son t uniformément noires, les autres rous- sâtres , flammelées obliquement de noir, ou sans flammes et avec les lignes élevées, articulées de petits points blancs. Je dédie ce Troque à M. Philbert , naturaliste à Montpellier.

17. Trochus agathensis. Testa orbiculato-conica, tenuiuscula; anfractibus septenis convexo-depressis , transversim lœvissime strialis ; flammis longitudinalibus albis et fuscis , rufescenti- bus viridibusve pulchre pictis ; sutura auguste canaliculata ; anfractu ultimo basi rotundato; inferna facie convexo-de-

12 revue zoologique. ( Janvier 1843. )

pressa ; umbilico profundo ; columella superne concava , ver- sus basim antice convexiuacula ; apertura intus margaritana et aïbido marginata.

Hab. Commun sur la côte d'Agde et de Sète , vulgo Cette (Hérault). —Hauteur, 12 1/2 à 14;lag.,13 1/2 à 15 mill.

La description du Trochus lœvigatus de Gmelin m'avait paru pouvoir s'appliquer à cette espèce ; mais celle de Gmelin n'étant que la reproduction du Trochus lœvis de Chemnitz , lequel est une variété à taches confluentes du Monodonta Richardi de Payraudeau, dont le Muséum de Paris possède un individu par- faitement conforme à la figure publiée par Chemnitz, j'ai changer de sentiment. Le Trochus agathensis ressemble , pour la forme, à cette variété conique du Monodonta canaliculata Lamk. , si commun en Corse et en Sicile ; mais outre qu'elle est plus mince , très-finement striée , moins largement ombiliquée et sans dent à la columelle , son canal suturai est deux fois plus étroit , ses tours plus allongés et sa coloration tout à fait diffé- rente. Les individus vivants sont , après avoir été séchés, comme recouverts de pruine.

J'ai donné à cette jolie coquille le nom de ma ville natale , l'antique Agathoturque de Strabon, VJgalha des Grecs Pho- céens, qui la fondèrent près du confluent de l'Hérault ( Arau- sius ) , sur le territoire des Gaulois Tectosages , avec lesquels ils firent alliance.

La suite à un prochain numéro.

Insectes nouveaux , observés sur les plateaux des Cordillères et dans les vallées chaudes de la Nouvelle-Grenade , décrits par M. GuérinMéneville; avec des notes relatives à leurs mœurs, à leur distribution géographique , etc. Par M. J. Goudot. La collection que nous entreprenons de publier dans une suite d'articles insérés dans le Magasin de zoologie et dans cette revue , est le fruit de plusieurs années d'observations. Le voyageur zélé qui l'a formée a eu soin d'étudier les mœurs des espèces ; il a découvert et observé les métamorphoses de plusieurs d'entre elles, et il s'est surtout attaché à bien préciser les locali- tés dans lesquelles elles ont été prises , afin d'apporter des ma- tériaux précieux pour l'étude de la distribution géographique de ces animaux. Les notes qu'il a écrites sur les lieux, la recherche

TRAVAUX INÉDITS. 13

qu'il a faite des espèces les plus petites et les moins brillantes, de celles que rejettent les personnes livrées seulement au com- merce de l'histoire naturelle , donnent une grande valeur scien- tifique à sa collection , une valeur qui sera appréciée par les sa- vants. Aussi suis-je certain qu'ils accueilleront avec intérêt ce travail , auquel M. Goudot a bien voulu m'associer.

La pièce la plus intéressante de sa collection est , sans contre- dit, un nouveau genre de Cicindelètes , voisin des Iresia et des jEuprosopus et non moins riche en couleur. En voici une des- cription abrégée.

Genre Callidema. (xaXdç, beau, 8T)u.a, corps.) Si l'on suivait l'arrangement proposé par M. Lacordaire (1), il faudrait placer ce genre dans la tribu des Manticoridœ ; mais

(1) Révision de In famille des Cicindélides , etc ( Mém. de la Société royale des sciences de Liège, t. I, p. 85 et suiv. , juillet 184.2). Le principal caractère assigné par M. Lacordaire à sa tribu des Cicindélides est que le premier article des palpes labiaux dépasse l'èchnncrure du menton (un seul genre excepté, Oxygonia ). Ce caractère leur est commun avec les Manticorides , mais celles-ci diffèrent des Cicindélides par leur tétegrosse, etparcequ'elles n'ont jamais d'ailes sous les élytres; caractères fort légers, quand on voit que la tête des Cicindélides est mé- diocre et que plusieurs espèces ont anssi le corps aptère. On pourrait demander à M. Lacordaire est la limite entre une tête grosse et une tète médiocre ; mais laissant la cette légère difficulté , nous allons démontrer que le caractère de première valeur pour lui , la lon- gueur du premier article des palpes labiaux , qui dépasse l'èchnncrure du menton, n'est pas plus solide , puisque , outre l'exception que M. La- cordaire admet ( le genre Oxygonia ) , notre nouveau genre en forme une seconde, et que nous en trouvons une troisième dans une erreur bien singulière de M. Lacordaire lui-même. En effet, le genre Apte- rocs>a est placé par lui dans sa tribu des Cicindélides , et parmi celles qui doivent avoir le premier article des palpes labiaux dépassé par les côlés de l'échancrure du menton. Tl ne l'a pas vu en nature, mais il a rédigé ses caractèr«s d'après ceux donnés par M. Hope9 et les détails qui accompagnent la bon ne figure , comme le reconnaît M. Lacordaire, publiée par le savant anglais. Dans la description de M. Hope, l'on ne trouve aucune mention de la longueur des premiers articles des palpes labiaux, mais la figure donnée par M. Hope et si bien dessinée par M. Weshvood , ce qui en garantit l'exaclilude, montre (pi. 1 , fig. 1 ) que le premier, et même le second article des palpes labiaux sont tellement courts qu'ds sont loin d'atteindre les bords de l'échancrure du menton. Aussi nous ne pouvons comprendre comment M. Lacor- daire a pu écrire les mots suivants, que nous trouvons dans les ca- ractères de ce genre, rédigés par lui d'après le texte et la figure donnés par le Rév. M. Hope. « Le ier des labiaux dépassant assez fortement t.'Écu ancruré du mknton. » En voyant une pareille eFreur

14 revue zoologique. (Janvier 1843. )

nous aimons mieux en former une seconde et même une troi- sième exception dans ses Cicindelidœ , en le plaçant avant le genre Oxygonia , pour établir le passage aux Iresia. En effet , il se rapproche des Oxygonia par la brièveté du premier article de ses palpes labiaux , mais son faciès lui donne de grandes affi- nités avec les Iresia et les Euprosopus. Voici ses principaux ca- ractères.

Corps allongé , cylindrique , ailé; tête grosse , yeux gros, sail- lants. Labre avancé , triangulaire , comme tronqué au bout , tri- denté à l'extrémité chez les mâles , mais offrant une assez forte épine saillante au milieu chez les femelles. Palpes égaux en lon- gueur, terminés par un article un peu plus épais , renflé et ar- rondi auboutrles deux premiers articles des labiaux n'atteignant pas les bords de l'échancrure du menton. Antennes courtes , ou à peine aussi longues que la tête et le corselet, ayant les trois ou quatre derniers articles un peu plus courts et un peu plus épais que les précédents. Pattes de longueur médiocre, à tarses à peine un peu plus longs que la jambe , simples , avec les trois premiers articles des antérieurs un peu plus larges chez les mâles, qui ont le corps généralement plus étroit et plus cylin- drique. Cuisses postérieures ne dépassant pas le bout des élytres.

1. Callidema Boussingaultii. D'un vert très-brillant, à reflets chatoyants plus foncés. Tête, corselet et élytres couverts de

dans ce travail, qui en compte beaucoup d'autres, quelle confiance peut-on lui accorder, et doit-on accepter le ton tranchant avec lequel son auteur a traité les travaux des autres? En présence d'une manière de procéder au**i extraordinaire, et si l'on suivait le singulier principe que M. Lacordaire a mis en avant, pour se donner la satisfaction de changer le nom de notre genre Pseudoxycheila , on devrait donner des noms nouveaux à tous les genres qu'il a établis sur des caractères fautifs; et l'on pourrait dire, par exemple (quand même notre nom de Pseudoxycheila ne devrait pas être adopté), que son genre Ceutroche.la doit changer'de nom , puisqu'il lui a donné une dénomination qui ex- prime un caractère faux. En effet , la lèvre supérieure de cet insecte n'est pas formée par un aiguillon, elle est tout simplement un peu phis étroite que celle des autres Oxycheiles , mais du reste tout à fait sem- blable , élargie à sa base et dentelée de chaque côté. Si l'on n'avait que ce plus ou moins grand rétrécissement du labre pour distinguer cet insecte des vraies Oxycheiles, on n'oserait p j l'en séparer, tandis que la grandeur du corselet offre un caractère saillant qui, combiné avec la forme de la tête , la petitesse des yeux et ia brièveté des élytres, relativement à la longueur totale du corps, pi é «entent un ensemble de différences suffisantes.

TRAVAUX INÉDITS. 15

fortes rides longitudinales, liansverses et obliques, avec de gros points enfoncés sur les côlés des élytres , dans deux, taches jaunes situées au bord externe ; l'un au milieu, l'autre près de l'extré- mité. Labre jaune bordé de noir. Mandibules et palpes fauves à la base, noirs au bout. Antennes noires avec le premier article en entier et la base des quatre suivants fauve. Yeux très-saillants, ronds et jaunâtres. Pattes fauves , avec la partie inférieure des hanches , des trochanters et des cuisses , l'extrémité des jambes et des articles des tarses, noirs. Dessous de la tête , du corselet et de la poitrine un peu ridés, d'un vert brillant avec des re- flets rouges. Abdomen lisse , noir luisant à reflets métalliques.— Dans le maie , la pointe médiane du labre est beaucoup moins saillante , le corps est plus étroit et plus fortement cylindri- que , et le dernier segment abdominal terminé par une échan- crure profonde. Mâle : L. 0,012, 1. 0,003 1/3; Femelle: L. 0,014, 1. 0,004.

La larve ressemble à celle de la Cicindela campestris , si bien décrite par Desmarest et M, Westwood , mais elle s'en distingue parce que , au lieu d'avoir de chaque côté de la tète trois petits tubercules servant d'yeux , elle en a seulement deux de chaque côté , beaucoup plus gros, lisses et luisants comme ceux des arai- gnées, et bordés d'un cercle jaune. Cette larve vit comme celle des Cicindèlcs : seulement , j'ai été frappé de voir que beaucoup des trous qu'elle pratique sont construits horizontalement et dans les parois formées par la coupure d'un chemin. L'insecte parfait ne vole pas , quoiqu'il ait des ailes ; je l'ai trouvé en mai dans la région très-élevée de la Cordillère , passage du Quindiu.

Nous donnerons une figure de cet insecte et de sa larve , et des détails plus étendus sur ses mœurs , dans le Magasin de Zoo- logie.

2. Oxycheila aqualica. Noire, peu luisante. Antennes plus longues que le corps, jaunes avec le premier article , et l'extré- mité des trois suivants noirs. Lèvre grande , armée de trois ou quatre petites dents de chaque côté, vers l'extrémité , d'un jaune assez pâle. Parties de la bouche jaunes. Tète et corselet lisses. Élytres ponctuées plus fortement vers la base , terminées par une petite troncature transversale. Pattes d'un jaune fauve, avec les hanches et les trochanters , ainsi que l'extrémité des cuisses , noirs. Une petite tache brune à l'extrémité des jambes et de tous

16 revue zoologique. ( Janvier \ 843. )

les articles des tarses , ceux-ci garnis en dessous de cils jaunes assez serrés, et formant brosses aux antérieurs. L. 0,022, 1. 0,006 1/2 (1).

Cette belle espèce se distingue tellement de celles que l'on a déjà publiées, qu'il est inutile de faire ressortir ici ses diffé- rences. Ce qui la rend surtout très-intéressante , c'est l'observa- tion que M. Goudot a faite de ses mœurs. Voici un extrait de ses notes :

J'ai rencontré cette espèce en septembre et octobre sur les pierres , au milieu de la rivière de Chipalo , à une hauteur de 1400 met. au-dessus du niveau de la mer. Je ne l'ai trouvée que dans les excavations humides et garnies d'une petite végétation, de ces pierres ou roches, du côté opposé au courant. Ces Oxycheila restent tranquilles tout le jour, réunies en petits groupes , et il est probable qu'elles ne se livrent à la recherche de leur nour- riture que la nuit , au crépuscule du soir ou de grand matin. Lorsqu'elles sont poursuivies , elles courent avec une grande fa- cilité sur l'eau et vont gagner d'autres abris.

3. Pelecium sulcatum. Corps noir, peu luisant, épais. Tête allongée , avec deux fortes impressions longitudinales et diver-

(i) En étudiant les autres espèces d' Oxycheila, j'ai découvert un caraelère très-curieux dans l'abdomen des femelles, qui semble n'être composé que de deux segments. En effet, les trois premiers sont souciés entre eux et ne laissent voir qu'à peine les traces de cessoudures, et les deux derniers sont également réunis, avecle bord postérieur très-arrondi. Dans les mâles, cet abdomen est beaucoup moins bombé et composé de cinq segments mobiles et très-distincts, dont le dernier est rétréci, fortement échancré en arrière et suivi de deux valves cornées qui ser- vent de gaine à l'organe mâle et semblent former un sixième segment fortement échancré.

Nous avons vu dans les collections de MM. Reiche , Deyrolles et de Brème, une jolie espèce de ce genre, encore inédite et qui devra être placée à côté de notre Oxycheila bisignata. En voici une courte des- cription : Oxycheila Pinelii. Noire, peu luisante. Tête et corselet courts relativement au reste du corps , comme dans YO. biiignata ; élytres assez élargies en arrière, rugueuses à la base, finement ponc- tuées ensuite, terminées par une troncature assez large et transverse, ayant chacune , au milieu , une petite tache jaune , ovalaire , un peu oblique, et transverse. Palpes noirs à extrémité jaunâtre. Antennes et pattes noires avec l'extrémité du dernier article des tarses et la base des crochets fauves. L. 0,016, 1. 0,006. Hab. : Morro-Queimado , au Brésil. Envoyée par M. Pinel.

Cette espèce , et celle qui a été décrite plus haut , font monter le nombre total des Oxycheiles connues à neuf, en n'y comprenant pas la Pseudoxycheila bipustulnta de La treille.

travaux iNLurrs. 17

génies en dessus. Corselet beaucoup plus long que large , ar- rondi et rebordé sur les cotés , à peine un peu plus étroit en ar- rière, lisse, bombé, avec un profond sillon longitudinal au milieu, n'atteignant pas les extrémités, terminé en avant et en arrière par une fossette plus profonde. Élytres ovoïdes , de la largeur du corselet à leur base , lisses , ayant chacune cinq pro- fonds sillons longitudinaux qui n'atteignent pas les extrémités , à l'exception de celui qui borde la suture. Pattes robustes ; des- sous du corps lisse et luisant. L. 0,014, 1. 0,004 1/2.

.J'ai trouvé quelques individus de cet insecte dans une localité sablonneuse etsèche du littoral de la vallée de la Madeleine, sous des bois abattus.

4. Pelecium lœvigatum. Corps noir, très-luisant et très-lisse. Tète et corcelet semblables à ceux du précédent. Élytres n'of- frant chacune qu'une seule strie près de la suture. Palpes , an- tennes et tarses d'un brun fauve. L. 0,010, 1. 0,003 Ïi2.

J'ai pris un individu de cette jolie petite espèce sous des pier- res , dans les bois humides des bords du Combayma , au pied des montagnes du Quindiu.

5. Phengodes pulchella. Noire , côtés et bord postérieur du corselet plus ou moins bordés de jaune pâle. Dessous du corselet écusson et tout le thorax jaunes avec le milieu noirâtre en des- sous. Une grande tache jaune au milieu du dernier segment de l'abdomen. Antennes plus longues que le corps, à rameaux longs, minces et ciliés. Elytres de moitié moins longues que l'ab- domen , finement rugueuses , ailes noires. L. 0,013, 1. 0,003.

J'ai rencontré cette belle espèce , en décembre et janvier, dans les grands bois du Quindiu, région du palmier à cire de M. de Humboldt (de *J00 à 1400 toiles de hauteur). Cet insecte paraît après le court crépuscule de ces régions. Sa lumière est très-vive et de longue durée. Son vol est bas et horizontal , et il ne se pose que sur les plantes basses, dans les endroits touffus. Je n'ai jamais pu le trouver accouplé, el je ne connais pas sa femelle. Dans le jour, il reste posé sur des fouilles et tient ses antennes appliquées le long du corps. Quand il vole, les élégants rameaux de ces organes sont droits et non tortillés comme à l'état sec.

G. Phengodes Buulinii. Semblable à la précédente pour la loi nie et la taille. Noire. Corselet, écusson et thorax jaunes. Pattes

Tome M. Aimée 184?. 2

18 revue zooLOGiyuE. ( Janvier 1843. )

brunes avec les hanches et la base des cuisses jaunes. L. 0,013, 1. 0,003.

Trouvée dans les mêmes lieux que l'espèce préce'dente. Il serait possible qu'elle n'en fût qu'une simple variété.

7 . Megalophthalmus collaris. D'un noir mat avec le corselet et l'écusson jaunes. Rameaux des antennes d'un brun noirâtre. Corselet finement rugueux , transversal , avec une tache noire transverse près du bord antérieur, se prolongeant au milieu en arrière, cette tache en forme de T, un peu bordée de rougeâtre. Élytres finement rugueuses, ayant chacune trois côtes élevées et longitudinales très-fines. Dessous du prothorax , côtés de la poitrine et une grande tache occupant presque tout l'avant-der- nier segment de l'abdomen , d'un jaune pâle. Pattes comprimées, noires. L. 0,012,1. 0,004.

Bien que ces insectes habitent le même groupe de montagnes j'ai trouvé le Phengodes pulchella , ils se rencontrent rare- ment avec eux , car ceux-ci préfèrent des sites plus humides et dans le voisinage des rivières. Les Megalophthalmus habitent les hauteurs dans les clairières des grands bois ; leur vol est plus élevé que celui des Phengodes , leur lumière scintillante et par saccades de très-courte durée, les fait distinguer facilement. L'apparition de ces insectes n'est pas de longue durée : elle com- mence à la disparition de tout crépuscule. Leur vol commence à être bas; puis ils s'élèvent de plus en plus sur les feuilles des arbres et disparaissent presque totalement de 8 à 9 heures du soir. Ce fait peut se rapporter à tous les insectes lumineux soit des vallées chaudes soit delà région élevée. J'ai pris quelques in- dividus de cette espèce dans le passage du Quindiu, à la palmilla. et à l'alto de los Corales.

8. Telephorus héros. D'un beau noir avec le corselet, la moitié antérieure des élytres, la base et l'extrémité de l'abdomen jaunes. Un point noir au milieu du corselet. Écusson noir et tronqué en arrière. Un point noir de chaque côté des premiers segments de l'abdomen, en dessous. L. 0,020, 1. 0,006.

J'ai trouvé cette belle espèce , avec le Telephorus lucluosus de Latreille(voy.deHumb., Zool., p. 360, pi. 23, f. 4.) Sur les bords du Combayma, région froide , sur les plantes , près de la rivière,

9. Potamophilus Goudotii. D'un noir enfumé terne et soyeux; tête et corselet d'un noir plus vif, veloutés. Antennes courtes ,

TRAVAUX INÉDITS. 19

brunes , n'atteignant pas le milieu du corcelet. Tète arrondie ; corselet transversal , plus large en arrière , avec les angles pos- térieurs assez saillants et bidentés , bosselé en dessus. Écusson triangulaire, un peu élevé en arrière. Élytres de la largeur du corselet, allongées, rétrécies en arrière et terminées d'une ma- nière un peu aiguë. Elles ont des stries finement ponctuées sépa- rées par des intervalles peu élevés, et ne formant que des traces de côtes. Dessous du corps entièrement garni d'un fin duvet soyeux jaunâtre à reflets plus vifs. Pattes longues, les quatre antérieures plus grandes , insérées sur les côtés du thorax, a. cuisses épaisses et comprimées. L. 0,007, 1. 0,002 1/2.

40. Polamophilus Cordillierœ. D'un noir enfumé terne et soyeux. Antennes brunes, courtes , atteignant au delà du milieu du corselet. Tête arrondie , assez large. Corselet a peu près aussi large que long , élargi en arrière , ayant un étranglement en avant produit par un sillon transverse et formant une division bien tranchée , avec les angles postérieurs simples et assez aigus. Écusson triangulaire. Élytres plus larges que le corselet à leur base, parallèles, simplement anguleuses à leur extrémité, avec de fines stries ponctuées. Dessous garni d'un fin duvet chatoyant et jaunâtre. Pattes grandes , semblables à celles du précédent , avec la base des cuisses fauve.— L. 0,003 1/2, 1. 0,001 1/2.

.1 ai trouvé ces deux espèces ensemble sur des pierres au milieu delà rivière de Ghipalo. Elles se tiennent tout près de l'eau et sont continuellement mouillées par les petites vagues du cou- rant. Je les ai prises en septembre et octobre en même temps que les Oxycheila aqualica.

1 1 . Ancntrosoma rufipes. Latreille a décrit cette curieuse espèces sous le nom de Melolonlha rufipes , dans le voyage de Humboldt(Kec. d'obs.de zool., etc. Vol. 2, p. 41,pl.XXXlII, f. 1); mais comme il n'a connu que la femelle, et que son unique exemplaire était mutilé , sa description laisse beaucoup à désirer et il ne dit rien de ses singulières habitudes ni de sa localité. Nous avons pensé qu'une description faite d'après les deux sexes bien conservés , intéresserait les entomologistes.

Corps d'une couleur marron foncé presque noir , avec les élytres d'un marron plus vif, les antennes et les pattes fauves. Chaperon fauve armé en avant de deux dents avancées et un peu relevées chez; les mâles, très -faiblement çchaacré au milieu dans

20 ii e v i e zoo Lot, i q u v . ( Jan v 1er 1853. )

les femelles. Devant de la tête garni de poils couches et fauves , mais seulement sur les côtes et en arrière dans les nulles, et sur toute sa surface chez les femelles. Corselet un peu plus large que long, de forme subhexagone, très-élargi au milieu et très-rétréei en arrière chez les mâles ; élargi en arrière chez les femelles, lisse, avec les bords, une ligne longitudinale au milieu, et une tache de chaque coté, partant du bord antérieur et se terminant au milieu, produites par de très-petits poils courts et couches d'un gris bru- nâtre chez le mâle et noirs chez les femelles. Ecusson noirâtre , plissé obliquement, avec quelques écailles ou courts poils bruns au milieu. Élytres offrant quelques petits plis transversaux et deux larges sillons peu marqués, au fond desquels il y a de très- petits poils courts et couchés , d'un gris brunâtre. Dessous noir avec quelques taches sur les côtés du corselet, la poitrine et les bords des segments de l'abdomen, formés de duvet on poils gris blanchâtre très-serrés et couchés. Une forte épine droite et obtuse au bord du premier segment de l'abdomen , en dessous dans le maie. Antennes et pattes fauves. Jambes antérieures armées de trois dents noirâtres au côté externe ; toutes les pattes garnies de franges de poils d'un jaune fauve, avec les tarses très-longs et très-velus.— Maie : L. 0,039, 1. 0,013. Fem. L. 0,020, 1. 0,01.?. Ce magnifique insecte est très-voisin de la seule espèce connue , YAncisir. Klugii de Curtis ( Trans. Zool. Soc. Vol. 1 , p. 307, pi. 40, fig. 10 ) ; mais elle s'en distingue par une taille beau- coup plus forte, par la couleur constamment marron fauve do ses élytres , par les poils ou écailles qui forment les bandes et taches du dessus de son corps , lesquelles au lieu d'être blanches, sont d'un gris brunâtre ou même noires , ce qui ne produit pas les belles lignes blanches qui ornent l'autre espèce; enfin par le duvet du devant de sa tête qui est fauve tandis qu'il est d'un gris blanchâtre chez chez celle du Chili.

J'ai trouvé cette rare espèce vers le 15 septembre, dans la partie supérieure de la vallée du fleuve de la Madelaine et dans la région tempérée. Sa larve doit se nourrir déracines de graminées. Les insectes parfaits éclosent presque tous en même temps, c'est-à- dire dans l'espace de 3 ou 4 jours au plus, après les premières fortes pluies. Ils ne sortent de terre qu'au commencement de la nuit, s'élèvent de suite à une grande hauteur, pour s'accoupler et pour fuir la poursuite des nombreux ennemis qui attendent

TRAVAUX INÉDITS. 21

Ifiiir apparition. Os ennemis sont principalement les Chauves- sonriset les Engoulevents, qui semblent avoir deviné l'époque de l'apparition des insectes parfaits et sont alors rassemblés en grandes troupes dans les endroits leurs larves ont vécu. En continuant la chasse de ces insectes avec une lanterne , vers les 10 heures du soir, j'ai vu quelques femelles retombera terre et chercher à s'enfoncer dans des trous, probablement pour pon- dre. Je n'en ai jamais vu dans le jour, et il est probable que si je ne m'étais pas trouvé dans cette localité juste au moment de leur éclosion , et, par un heureux hasard, au moment ces insectes sortent de terre pour s'élancer dans les airs , je n'aurais pas dé- couvert cette intéressante espèce.

1?. Macrodaclylus lenuilineaius. Noir avec quelques faibles reflets violacés. Tète et corselet glabres et ponctués. Ély très lisses, glabres, avec des sillons longitudinaux larges et assez profonds, ridés en travers et au milieu desquels il y a une ligne mince et blanche , formée par des poils assez longs, couchés en arrière. Pattes fauves avec l'extrémité des cuisses, des jambes et de chaque article des tarses, ainsi que leurs crochets, noirs. Dessous du corps garni d'un duvet cendré assez long et assez serré , surtout dans les femelles. Antennes fauve; cuisses antérieures des mâles of- frant en dessous une très-faible dent placée au milieu de leur lon- gueur. — L. 0,013 à 0,015,1. 0,005 à 0,000.

Je l'ai trouvé en juin sur les hauts plateauxdesCordillières, fixé sur les feuilles des ronces.

13. Macrodaclylus (lavolinealus. Corps noir, couvert d'un duvet jaune doré très-épais et très-court sur la tète, le corselet, les cotés du corps et le dessus du pygidiuni. Élytres fauves avec de larges sillons entièrement remplis de duvet jaune doré. Pattes fauves avec l'extrémité des jambes , des articles des tarses ainsi que leurs crochets noirs. Cuisses antérieures des maies offrant en dessous et à leur base une forte dent en crochet. L. 0,010, I. 0,006. Cordillièresccntrales, légions tempérées, dans les grands bois.

1 4 . OEdemera ^Nacerdes) marginala. Saune; yeux, palpesmaxil- laires et antennes noirs. Une large bande longitudinale noire de chaque côté du corselet. Élytres noires avec la suture etles bords jaunes. Cuisses jaunes avec leur extrémité noire. Jambes et tarses noirs. —L. 0,0.23, 1. 0,000.

22 revue zoologique. ( Janvier 1813. )

Sur les bords du Combayma, dans les bois qui bordent la ri- vière, sous des troncs d'arbres rejetés par elle.

15. Tetraonyx flavipennis. Entièrement noir, avec les élytres seulement d'un jaune d'ocrc uniforme. Corps aptère. Tête de forme triangulaire finement chagrinée, ave clés antennes épaisses, à peine de la longueur de la tête et du corselet réunis. Corselet presque deux fois plus large que long, finement chagriné , ayant une faible échancrure au milieu du bord postérieur et une fine bordure à ce même bord. Écusson triangulaire et très-élargi à la base , offrant au milieu un profond sillon longitudinal qui le fait paraître comme formé de deux pièces. Élytres très-faiblemenfc tomenteuse , très finement chagrinées , vues à une forte loupe , avec deux faibles côtes à peine marquées. L. 0,017, 1. 0,007.

J'ai trouvé cette espèce en janvier, dans lesCordillièresetdans la région tempérée. On rencontre ces insectes à terre près des grosses pierres, et j'en ai trouvé souvent des individus accouplés. Leur démarche est lourde et ils ne volent jamais. On les rencontre parfois en familles , et les lieux qu'ils habitent sont fréquentés par des Bombus, ce qui nous fait penser que leurs larves vi- vent dans les nids de ces hyménoptères.

Description d'une nouvelle espèce de Buprestide du genre Jalodis Esch, , par M. L. Buquet.

Jalodis Clouei. Corps et élytres d'un beau bleu de roi. Corse- let d'un bleu violacé , fortement ponctué , couvert d'un duvet fauve assez court et plus serré sur les bords latéraux. Élytres fortement ponctuées , ornées de bandes interrompues , sinueuses et irrégulières , assez espacées entre elles et formées d'un duvet fauve pâle , court et très-serré. Antennes noires à dents grises. Pattes d'un bleu verdâtre foncé , avec les tarses cuivreux en dessus. Poitrine et abdomen de la couleur générale avec quel- ques reflets bronzés et, de plus, garnis de duvet fauve très-serré. L. 29 à 35; 1. 14 à 17 mill.

Cet insecte remarquable a été découvert dans l'île de Socotora, en Arabie, le 4 décembre 1841 , par M. Cloué, officier de la marine royale , à qui nous nous faisons un devoir de le dédier; il l'a trouvé sur un arbuste dont il n'a pu nous donner le nom.

ANALYSES d'oUVRAC.ES NOUVEAUX. 23

Note sur une nouvelle espèce d'insecte Coléoptère découverte

dans les serres aux ananas de M. Panckoucke, à sa campagne

de Fleury, par M. Guérin-Ménevii.i k.

L'insecte qui fait le sujet de cette note forme la seconde espèce du genre Jllyrmechiœenus , établi par M. Chcvrolat ( Revue Ent. de Silberm. , t. III , p. 267 , pi. 34). L'espèce décrite par cet en- tomologiste a été trouvée au fond du nid de la Formica rufa ; celle qui nous occupe aujourd'hui s'en distingue par une forme moins allongée , par un corselet moins rétréci en arrière et par sa coloration uniforme. Nous lavons trouvée en abondance dans la serre aux ananas , courant contre les murs ou cachée dans le fumier sec , à une température très-élevée.

Myrmechixenus vaporariorum. Oblongus, flavo-ferrugi- neus ; capite , thorace , elytrisque crebre-punctatis ; corpore subtus , antennis pedibusque pallidioribus. Long. 0,002, 1.0,000 3/4.

Nous donnerons une figure et une description plus étendue de cette espèce dans les Annales de la Société entomologique de France.

II. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX.

Monographie des Ërotyltens , famille de l'ordre des Coléoptères, par M. Th. Lacordaire. (1 vol. in--8°. Paris, 1842.)

Nous aurions voulu donner une analyse critique et détaillée de cet important ouvrage, et, pour mieux l'apprécier, nous dési- rions ranger notre collection d'Érotyliens d'après la méthode proposée par M. Lacordaire , afin de voir par nous-même si les reproches que divers entomologistes font à ce travail sont fon- dés ; mais les nombreuses occupations qui nous accablent au mo- ment de faire paraître le commencement de notre Species des Articulés et le texte de V Iconographie du Règne Animal , nous en ont empêché jusqu'à présent. En attendant , et pour que l'on ne puisse pas nous faire le reproche de garder le silence sur un ouvrage d'une valeur réelle et incontestable , nous allons essayer d'en donner une idée à nos lecteurs.

La monographie des Érotyliens forme un fort volume de 543 pages. M. Lacordaire, dans une courte préface, fait con- naître les matériaux dont il s'est servi pour exécuter ce beau tra- vail , dans lequel il fait connaître 570 espèces, tandis que 17 ans

•2£ revue znm.or.iQUE. (Janvier 1843.)

avant on s'extasiait en voyant que la monographie de M. Inipon- ehel en mentionnait 9?.

Après avoir donné une liste alphabétique des auteurs qu'il a cités, M. Lacordaire présente les caractères généraux de sa fa- mille des Érotyliens , caractères qui admettent dans cette famille plusieurs genres que Ton avait placés dans la section des Pcn- tamères, à coté des Engis. Il décrit ensuite les diverses parties de ces insectes. Ainsi , il s'occupe d'abord des parties externes , puis des caractères sexuels externes , des parties internes et des métamorphoses , des habitudes, de la distribution géogra- phique , et enfin de la classification. Les caractères sexuels ex- ternes sont presque nuls ou se réduisent à peu de chose. L'on ne sait rien sur leurs parties internes , et guère davantage sur leurs premiers états, si ce n'est l'observation que l'auteur a pu- bliée (Nouv. Ann. du Mus. , t. 2, p. 89) sur la larve présumée de YAgithus Surina men sis , et la note de M. Westwood sur celle du Triplax Russica. Leurs habitudes n'ont aussi été observées que par un petit nombre de voyageurs. La partie qui traite de la dis- tribution géographique des Érotyliens offre plus d'intérêt, et M. Lacordaire a pu la traiter avec un certain développement. Sur les 570 espèces connues, 65 appartiennent à l'ancien conti- nent , et 505 au nouveau. Les 65 espèces de l'ancien continent sont distribuées d'une manière très-curieuse, car on n'en trouve que trois sur l'immense continent de l'Asie, en prenant ce mot dans sa plus vaste acception ; l'archipel Indien en possède 28 , l'Afrique 1 G et l'Europe 13.

Pour le nouveau continent on peut dire , avec If. Lacordaire , qu'il est la métropole de cette famille; mais ses espèces ne dé- passent pas certaines limites de température. Ainsi , le Brésil , la Guyane, Bolivia, la Colombie , le Mexique, les États-Unis et les Antilles sont les seules régions l'on en ait découvert.

L'auteur examine ensuite quelles sont les espèces ré- pandues sur divers points ; il cherche à connaître les lois de la distribution géographique des genres, et arrive à cette conclu- sion, que sur les 28 qui figurent dans sa monographie, 6 appar- tiennent à l'ancien continent , 3 lui sont communes avec le nou- veau, et 19 ne se trouvent que dans ce dernier. Il donne divers tableaux pour montrer comment les espèces des 6 genres de l'an- cien continent sont distribuées dans ses diverses régions, la dis-

analyses d'ocvraces nouveaux. 25

tribufion des trois genres existant à la fois dans l'ancien et le nouveau continent , et enfin la répartition des genres propres au nouveau continent.

Dans le paragraphe qui traite de la classification des Éroly- > fient, M. Lacordaire s'est montre parfaitement an courant delà science. Cependant on pourrait lui reprocher de n'avoir pas fait remonter son historique plus haut qu'à Linné. Il passe en revue les travaux de Fabrieius, Herbst et Olivier, de MM. Mac-Leay, Klug; Pcrty, etc., et examine leur valeur relative. Ce qui nous a semblé peut-être exagéré , c'est de traiter comme un travail scientifique, la distribution de noms établis par M. Dejean, sans aucune publication de caractères , dans un simple catalogue, et d'en discuter sérieusement la valeur. Des genres et des groupes plus élevés fondés ainsi , ne sont pas une œuvre scientifique , car ils sont établis au moyen d'un simple jeu , qui consiste à placer ensemble toutes les espèces qui offrent une ressemblance exté- rieure ou qui ont le même faciès. Un pareil travail peut être fait par l'homme le plus ignorant en entomologie (1). Le premier venu , amateur ou marchand , qui pourra acheter un grand nombre d'insectes , fera de semblables genres (2) ; il en fera même de très-naturels , et s'il peut ajouter à cette dépense celle

(i) J'espère que l'on ne pensera p'-s que je veux appliquer ceci à M. Dejean , car personne, plus que moi, n'apprécie à sa juste valeur l'excellent ouvrage qu'il a publié sur les Carabiques de sa co'lection. Je parle ici en général et sans m'adresser à personne.

(*i) Un officier de marine de nos amis, qui se trouvait en Chine, chez un des plus riches entomologistes de Pékin , au moment celui-ci enfantait un nouveau genre pour son catalogue , nous a donné la tra- duction suivante :

« Diable! diable (le mot chinois serait trop dur à prononcer)! cet

insecte ne va pas dans les Areoda. va-t-il donc? ce n'est pas non

plus une Rutela,... non ni un Pelidnota , ni un Macraspis , ni une Euchlora. C'est singulier ... il faut en faire un genre, car il n'y a pas moyen de le placer avec les autres.... M. Recliao, qu'en pensez-vous? cela va-t-il avec les Jreoda ou avec les Rutela? en ne peut aller avec les Macraspis : qu'en dites vous? »

Rechao. « Ma foi, je ne vois que des ressemblances légères, je crois que c'est un genre.

« Monsieur Chevoakan , voyez un peu , ne pensez-vous pas que c'est un genre?

Chevoakan (ne voulant passe compromettre). Autant qu'on peut le juger ainsi , je crois que cet insecte ne va pas avec les genres auxquels vous le comparez. »

« C'est bien, c'est bien, je vais en faire un genre. »

26 revub zoologïque. (Janvier 1843. )

d'un catalogue , il aura créé une méthode , et il prétendra que ses genres doivent être adoptés. Ce qu'il y a de certain , c'est que si l'on demandait à un pareil savant sur quels caractères il a éta- bli tel ou tel genre, telle ou telle tribu, il répondrait qu'il n'en sait rien.

Du reste, cette manière artificielle et très-facile de procéder, peut conduire à des rapprochements heureux , et il est certain que souvent les caractères scientifiques de ces coupes sont venus en confirmer la validité. Ceci ne montre qu'une chose, c'est que la nature fait souvent coïncider les formes extérieures avec l'or- ganisation interne. Dans tous les cas , il est de toute justice qu'un genre ainsi confirmé soit attribué à celui qui en a observé et pu- blié le premier les caractères , et non à l'amateur qui en a réuni les espèces par une sorte de jeu, ou, si l'on veut, au moyen d'une grande habitude de manier des collections , de voir des espèces.

On pourrait appliquer ces raisonnements aux faiseurs de genres d'oiseaux , de coquilles , de plantes ; mais revenons à l'ouvrage de M. Lacordaire.

Après une discussion approfondie et fort savante des diverses coupes fondées dans les Érotyliens et sur la place que ce groupe doit occuper dans une méthode naturelle, l'auteur présente sa méthode dans un tableau. Il divise la famille en deux tribus : les Erotyliens engidiformes , ayant le lobe interne des mâchoires inerme (un seul genre excepté , Encaustes , chez qui il est muni d'une forte dent cornée ; mais dans ce cas , les ély très sont plus larges à leur base que le prothorax , tandis que dans tout le reste de la famille elles sont de la même largeur) et les Erotyliens vrais , ayant le lobe interne des mâchoires bi-épineux.

Dans la première tribu, il admet quatorze genres, qui sont: les Encaustes, Triplatoma, Episcapha, Dacne , Pselaphacus, Mycotretus , Mycophtorus. Oocyanus, Ischyrus, Jmblyopus, Triplaœ , Tritoma, Lybas et Cyrtomorphus. Les quatorze genres de la seconde tribu sont : les Aulacocheilus , Thonius , Euphanistes , Cyclomorphus , Coccimorphus , JEgïthus , Bra- chysphœnus , Eurycardius , Erotylus, Zonarius, Scaphido- rnorphus , Bacis , Priotelus et Omoiotelus.

Nous avons été frappé de voir que M. Lacordaire emploie sou- vent un caractère pris dans le plus ou moins de grandeur des facettes des yeux, et qu'il exprime par ces mots : yeux fortement

ANALYSES n'oUVRAGES NOUVEAUX. 27

granules ; yeu.r finement granulés. est la limite entre forte- mont et finement granulés, puisque l'auteur exprime ainsi les facettes des yeux ? N'y aura-t-il pas entre les uns et les autres des nuances qui embarrasseront pour l'étude?

A la suite de ce tableau viennent les descriptions des genres et des espèces. Ces dernières sont précédées d'une diagnose en latin , d'une synonymie établie avec soin , et enfin vient la des- cription proprement dite , qui est étendue , détaillée et à peu près dans le genre de celles que M. Dejean a publiées pour les Carabiqucs. M. Lacordaire a été obligé de couper plusieurs de ses genres en sous-genres distincts, ce qui facilitera les recherches. L'ouvrage est terminé par une table de concordance des espèces qu'il contient avec celles mentionnées par les principaux au- teurs qui se sont occupés de ces insectes. C'est une très-bonne idée , que M. Lacordaire croit avoir eue le premier , mais qui est due à M. Serville , puisque cet entomologiste a placé une table analogue en tète de son Histoire naturelle des . Orthoptères, pu- bliée dans les Suites à Buffon du libraire Roret, en 1839.

Nous aurions encore bien des choses à dire sur la Monogra- phie des Erotyliens , mais le temps nous presse et la place nous manque. Peut-être pourrons-nous revenir sur cet ouvrage , signa- ler, comme nous le désirons, tout ce qu'il renferme de bon ainsi que ses défauts. Nous espérons que son auteur ne verrait pas dans notre critique une attaque personnelle, mais le sincère désir , que nous partageons certainement avec lui , d'être utile à la science. Du reste, pour arriver à ce dernier but , nous sacri- fierions toute autre considération et nous ne craindrions même pas la guerre, si quelqu'un, même un ami, avait l'esprit , assez mal fait pour nous la déclarer à l'occasion de critiques scienti- fiques. (G. M.)

SUR une collection centrale des produits naturels e*t indus- triels des provinces vénitiennes , discours servant de programme pour la formation d'une histoire naturelle complète de l'État vénitien : lu à l'Athénée de Venise, le 23 juillet 1838, par le Dr J. D. Naiwo.

Rapport sur les ouvrages d'Histoire naturelle, de Médecine,

28 rrvOe zooi.op.ique. (Janvier 1843.)

de Technologie , etc., publiés depuis 1821 jusqu'à 1838, lus aux académies ou inédils; par le l)r J.-I). Naudo.

Ces deux brochures in-8°, publiées à Venise , en 1838 , con- tiennent des renseignements utiles sur l'histoire naturelle de la contrée dont ils traitent et offrent une liste détaillée de beaucoup d'ouvrages et mémoires relatifs à l'histoire naturelle de ce pays, avec des notes critiques sur plusieurs de ces travaux.

Diptera Scandinavie disposita et descripla. Auctore J.-YV. Zet- terstedt. Lundrc, 1842. Tomus primus.

Ce premier volume des Diptères de la Scandinavie , nous a été adressé de Berlin par notre savant ami M. Dahlborn. C'est un travail digne en tous points de la belle réputation de son auteur, disposé avec une grande méthode et traité avec le talent dont M Zetterstedt a fait preuve dans les excellents travaux dont il a doté la science. Nous reviendrons sur ce livre important.

III. SOCIETES SAVANTES.

Académie royale des Sciences de Paris.

Séance du 2 janvier 1813. L'Académie procède à l'élection d'un vice-président. M. Cn. Dupin, ayant obtenu la majorité des suffrages, est élu.

M. de Quairefages présente les Résultats de quelques recher- ches relatives à des animaux invertébrés, faites à Saint- Fast- la-IIougue. M. de Quatrefages dit qu'il a dirigé plus particulière- ment son attention sur les espèces qui servent de passage d'un type à l'autre, espèces dont l'examen sérieux confirme tous les jours davantage la vérité du célèbre aphorisme de Linné : Nalura non fecit saltus. Les animaux que M. de Quatrefages a étudiés dans cette vue sont : \'>VEolidina paradoœa, nouveau genre de Mollusques Gastéropodes; les Aémerles, rejetées, avec les autres vers intestinaux, parmi les Rayonnes, tandis qu'elles doivent entrer dans les Articulés; VEchiurus, qui rat- tache les Annélides errantes aux Si pondes. Il a étudié aussi le mode de propagation d'un Polype voisin des Coryncs , avec le-

SOCIKTKS SAVANTES. 29

quel il a fondé un nouveau genre sous le nom de Siinhydra ; il ■'est appliqué à l'élude de l'organisa lion intime des tissus chez les différent! animaux dont il vient d'être question; enfin il a l'ait des recherches sur les causes très-difléi entes de la phosphores- cence de diverses espèces. Cet intéressant travail est renvoyé à l'examen de MM. de llumboldt, Magendie et Milne-Kdwards.

M. Léon Du four envoie un Mémoire sur les vaisseaux biliaires ou le foie des insectes, (l'est un travail très-étendu , dont la belle réputation de son auteur garantit l'importance. Nous en donnerons une analyse dans un prochain numéro.

Séance du 23 janvier. M. Milnc-L'dwards lit un rapport favorable sur un travail de M. Jfojy , intitulé : Elude sur les mœurs, le développement et les métamorphoses de la Caridina Desmarcstii. Après avoir donné une analyse du travail de M. Joly, le rapporteur termine ainsi : «M. Joly ayant adressé au Muséum quelques exemplaires de la Caridine, votre rapporteur a pu s'assurer de l'exactitude d'une partie de ses observations, et , d'après l'inspection des nombreux dessins dont son travail est accompagné, nous sommes persuadés que tous les résultats an- noncés par ce zoologiste ont été constatés avec la même précision. Ces résultais, nous le répétons, ont de l'importance pour l'en- tomologie , et par conséquent nous croyons devoir proposer à l'Académie d'accorder son approbation au Mémoire de M. Joly, et d'engager ce naturaliste à entreprendre des recherches analo- gues sur les autres Crustacés d'eau douce qui habitent les en- virons de Toulouse.» Ces conclusions sont adoptées.

M. Alex. Brongniart lit un rapport très-favorable sur un tra- vail de M. Aie. d^Orbigny ayant pour titre : Coquilles fossiles de Colombie recueillies par M, Boussingault. Nous avons déjà donné une idée de ce beau Mémoire dans un précédent numéro. M. Bourgery lit un Mémoire sur les rapports de la struc- ture intime avec la capacité fonctionnelle des poumons dans les deux sexes et ci divers âges. Cet important travail est renvoyé à l'examen d'une commission.

M. Auguste Duméril lit un mémoire intitulé : Des odeurs , de leur nature et de leur action physiologique. C'est un bon et important travail , qui forme pour ainsi dire le prélude de re- cherches physiologiques sur cette grande question, dans laquelle il y a tant à faire. M. Aug. Duméril l'aborde franchement, tout

30 r»EvuE~zooLOGiyuE. ( Jûntifer 1843. )

en ne s'en dissimulant pas les difficultés. Nous l'engageons à suivre cette voie neuve et intéressante ; il est tout à fait en me- sure de la parcourir avec succès.

Société entomologique de France.

Séance du 4 janvier 1843. M. Reiche donne lecture d'un mémoire ayant pour titre : Recherches sur les Ifelluonides , ou révision du genre Helluo , Bonelli et Dejean. Après avoir carac- térisé d'une manière complète la sous-famille des Helluonidœ Hope, M. Reiche donne les caractères des neuf genres qui la composent ; ces genres sont les suivants : Omphra Leach, Hel- luo Bonelli, JEnigma Newmann, Macrocheilus Kirby, Acan- thogenius Reiche ( nouveau genre ) , Planètes Mac-Leay , Dài- lodontus Reiche (nouveau genre), Pleur acanlhus Gray et Helluomorpha Castelnau. L'auteur indique les espèces qui en- trent dans chacun des genres , et il termine en faisant connaître trois nouvelles espèces qui ont reçu de lui les noms de : Omphra complanata ( Indes orientales ) , Acanthogenius sca- pularis ( Sénégal ) , et Helluomorpha melanaria ( Brésil ).

Séance du 18 janvier 1843. M. le docteur Aube lit un tra- vail intitulé : Note sur quelques Altica confondues sous le nom d'Allica oleracea. L'auteur fait connaître trois espèces qui avaient été confondues avec l' Altica oleracea, et qu'il décrit sous les noms à1 Altica lythri, hypophaes et erucœ.

M. Léon Fairmaire donne lecture d'un travail ayant pour titre '.Description de trois nouvelles espèces d'insectes de VO- céanie. Dans cette note , M. L. Fairmaire fait connaître deux nouvelles espèces de Carabiques et il décrit une espèce de Chry- somelines formant le type d'un nouveau genre. Les caractères principaux de ces insectes sont les suivants :

Chlœnius ophonoides L. Fairm. Capite thoraceque viridi- œneis , thorace punctatissimo , elytris viridibus, cum disco obscure metallico fulvis , striato punctatis , inlerstitiis punc- talis , antennis , palpis , pedibusque pallide testaceis. X. 14, l. 5 mill. Hab. : Nova-Hollandia.

Anchomenus Novœ-Zelandiœ L. Fairm. (1 ).—Apterus, niger, thorace cordato , sulcalo , margine subrefleœo , elytris ovatis,

(l) Depuis la lecture de celle note, l'auteur a formé avec cet insecte un genre nouveau , auquel il a appliqué le nom de Cccno^nathus»

SOCIÉTÉS SAVANTES. 31

striatis; antennis , palpis, tarsisque rufo piceis. L. 12, /. 5 mill, Jlab. : Nova-Zelandia.

Genre Brachvcaulus. Ce genre , assez voisin des Chla- mys, dont il rappelle la forme, peut être caractérisé ainsi : Tète verticale , enfoncée dans le corselet ; yeux faiblement échan- crés, antennes en scie dans la dernière partie de leur longueur, filiformes à la base , se repliant sous le corselet et ne le dépas- sant pas en longueur ; corps court et épais.

Brachycaulus ferrugineus L. Fairm. Pubescens , ferrugi- neus , corpore crasso ; antennis denticulatis , brevibus, usque ad extremitatem incrassanlibus ; thorace inflalo , cum tribus nigris maculis , quarum média maxima ; elytris ad sculellum cum duobus tuberculis, et facie transversali , obscuris. L. 7, l. \ 1/2 mill. Jlab. : Nova-IIollandia.

M. Eugène Desmarest lit une note ayant pour titre : Description de deux nouvelles espèces de Bupreslides du genre ffyperantha , Gisll Mannerheim (Pœcilonola Solier, CasteU nau et Gory , etc.) Dans cette note , l'auteur fait remarquer que la plupart des entomologistes français ont appliqué à tort le nom de Pœcilonota aux Buprestis interrogations Klug , lati- collis Castelnau et Gory , et à quelques autres espèces ayant avec eux de nombreux rapports; ce nom ayant été appliqué par Eschscholtz aux Buprestis rulilans Fabr. , et conspersa Gyll., qui ont des caractères génériques très-différents. Le nom d'Uype- rantha proposé par M. Gistl , et adopté par M. le comte Man- nerheim , doit être préféré à celui de Pœcilonota , et c'est sous cette dénomination que M. E. Desmarest décrit deux espèces de ce groupe.

1 . Hyper anlha vittaticollisE. Desm. Lutea ; capite antennis- que œneo-viridibus ; thorace villa nigra;sciitellopentagonali9 angulis oblusis ; elytris striatis , denticulatis ; corpore subtus pedibusque œneis. L. 22 , /. 9 mill. II ab. : Columbia. A dom. Lemoine capta. Ex museo dom. Beiche.

2. Ityperantha stigmaticollis E. Desm. Flava , capite, antennis pedibusque œneis ; thorace maculis nigris; scutello rotundafo; elylris valide striatis, denticulatis, duabus ma- culis poslicis nigris, apice rubro. L. 25-22, l. 9-8 mill. -* /lab.: Cordova. Exmuseis dom. Dupont et E. Desmarest.

M. Milne- Edwards donne communication d'un travail de,

32 revue zooLociyuL. ( Janvier 18Ï3. )

M. W^lker, ayant pour litre : Description des Chalcidiles trou- vées au Bluff de Saint-Jean, dans la Floride orientale , pair MM. E. Doubleday et Forster. M. Walkër donne dans ce tra- vail la description , en latin , de G9 nouvelles espèces de Chaîci- dites.

Obs. C'est par erreur que , dans la Revue zoologiquc ( dé- cembre 1842 , page 390) , en indiquant un nouveau genre de Lépidoptères créé par M. H. Lucas, on a imprimé Godardia Madagascar iensis , au lieu de Godarlia madagascariensis.

IV. MELANGES ET NOUVELLES.

Notre honorable confrère, M. Edm. de Sëlys Longchamps, en nous priant de faire parvenir sa réponse à M. Lesson , désire que nous insérions la lettre suivante :

« M. , d'après le désir que vous m'exprimez que je ne conti- nue pas avec M. Lesson une polémique qui ne pourrait, dites- vous, être d'aucune utilité pour la science , je n'insiste pas pour la publication de la réponse détaillée que j'adresse directement à ce savant; mais ne pouvant en aucune manière passer sous silence les observations contenues dans sa lettre, je me borne à déclarer.

» Que je ne trouve pas qu'il détruise mes observations.

» Que les opinions qu'il combat et qu'il croit être les miennes en classification , notamment sur les Bimanes , ne m'ap- partiennent pas pour la plupart , ainsi qu'on en peut juger par la Faune beige publiée en juillet 1832.

» Que c'est avec une grande précipitation, ou plutôt par inadvertance, que M. Lesson me reproche de passer sous silence les motifs qui m'ont porté à déplorer la nomenclature adoptée par lui, puisque j'ai, au contraire, déduit tout au long mes motifs à l'endroit cité.

» Agréez, etc. Liège , 29 janvier 1843. »

M. Pecchioli , de Pise , vient de nous adresser , pour le Ma- gasin de Zoologie , un beau travail ayant pour titre : Mémoire sur les mœurs de quelques Buprestides dans tous les états de leur vie, pour servir à Vhistoirede ces Coléoptères. Ce mémoire, accompagné de bonnes figures de la larve et de la nymphe du Buprestis mariana, est actuellement sous presse.

SIXIEME ANNEE. FEVRIER 1843.

I. TRAVAUX INEDITS.

Considérations oologiques sur le genre d'oiseaux nommé Gua- charo. (Steatornis de Humbold), par M. 0. Des Murs.

En étudiant les œufs du Guacharo , Steatornis caripensis (de Humbold), nous avons été frappé, comme cela nous était ar- rivé , lorsque nous vîmes ceux qui accompagnaient l'envoi que fît de cet oiseau , il y a une dizaine d'années , au Muséum , l'ho- norable M. FHerminier, des rapports qui existaient entre eux et les œufs des Strigidés , mais particulièrement de l'Effraye (Sfri.x flammea L.) qui, dans toute les méthodes , clôt cette famille.

Ces rapports sont tels qu'il n'est personne qui ne les saisisse an premier coup d'œil, en parcourant une collection oologique.

Ainsi, l'œuf de l'Effraye est de forme ovée; sa coquille d'un grain peu épais et peu dur, d'un blanc de lait tournant au blanc légèrement jaunâtre , surtout dans sa transparence , assez régu- lièrement poreuse , mate et sans reflet , et sans aucune tache colorée; ses diamètres sont de 40 sur 30 millimètres.

L'œuf du Guacharo est également de forme ovée , à coquille blanche et sans taches , d'un grain poreux et rude au toucher comme à l'œil , mat et sans le moindre reflet, avec des diamètres variant de 40 à 44 sur 30 à 32 millimètres.

On voit qu'à part la rudesse ou la rugosité externe et superfi- cielle de la matière calcaire, cet œuf a les plus intimes relations avec celui de l'Effraye , dont les caractères , communs du reste , à part la forme, à l'œuf de tous les Strigidés, sont exactement les mêmes.

Mais la comparaison de l'œuf du Guacharo avec celui des Ca- primiilgidës ou Engoulevents proprement dits, est loin d'offrir le même degré d'affinité : il y a de l'un à l'autre plus qu'une nuance différentielle, il y a absence complète de relation ; car l'œuf de l'Engoulevent, chez cinq à six espèces du moins, les seules connues jusqu'à ce jour, zoologiquement parlant, est con- stamment d'une forme ovalaire allant jusqu'à Yelliplique , d'une coquille assez luisante et recouverte d'un marbré nuancé de blanc, de gris et de brun plus ou moins nuageux.

Ce résultat devrait, ce nous semble, suffire seul, à part les considérations zoologiques dont nous allons parler, sinon à isoler Tome VI. Année 184?. 3

34 revbe zoologique. ( Février 1843.)

entièrement, au moins à séparer le Guacharo des Caprimulgidés pour le rapprocher des Strigide's , dont la dernière expression est l'Effraye ; d'autant mieux que si l'on en vient maintenant à comparer les caractères zoologiques de l'oiseau lui-même avec ceux fournis par chacune des deux familles que nous venons de citer, la conclusion n'en sera pas moins favorable à ce rappro- chement.

Le Guacharo tient , en effet , des Strigide's par son bec puis- samment organisé , d u r crochu et armé d'une profonde échan- crure , quoique un peu déprimé à sa base , et par ses ongles , à la vérité moins acérés que chez cette famille de Rapaces, mais beaucoup plus que chez les Caprimulgidés : ce qui nous fait re- garder comme presque impossible que le Guacharo ne se nour- risse exclusivement que de graines , ainsi qu'on le prétend , la force de l'organe buccal ne paraissant nullement en rapport avec un genre de nourriture d'aussi peu de résistance : sans par- ler de ce qui lui est encore commun avec les Strigidés dans les couleurs sombres et peu tranchées de son plumage , moins du- veteux peut-être , mais mélangé avec des proportions différentes, des mêmes nuances de brun , de noir , de gris et de blanc, ainsi que dans ses habitudes essentiellement nocturnes.

Tandis que d'un autre côté , la dépression de l'ensemble encé- phalique, qui contribue à l'élargissement de la commissure du bec, et l'absence de plumes aux tarses, sont les uniques liens qui le rattachent un peu aux caprimulgidés.

En présence de résultats aussi concluants , il est permis de se demander comment il a pu se faire que , lorsqu'à différents in- tervalles , depuis 1811, plusieurs notabilités scientifiques ont , dans leurs méthodes, émis l'idée de rapprocher les Caprimul- gidés des Strigidés , alors que l'existence du Guaeharo était igno- rée, on n'ait point songé , depuis 1 0 à 1 2 ans qu'il est parfaitement connu et étudié, à reprendre et à accréditer ce système de classi- fication si rationnel à tous égards , le lien naturel des uns aux autres étant par trouvé.

On comprendrait plutôt que l'idée de ce rapprochement ne fat venue à l'esprit de personne avant l'introduction du Guacharo dans la science : car l'on manquait d'un lieu de transition qui comblât l'intervalle existant entre ceux-ci et ceux-là , et sans lequel une pareille alliance pouvait paraître quelque peu ha,-

TRAVAUX INKDITS. 35

sardée, malgré les puissants motifs qui l'appuyaient et que nous examinerons tout à l'heure; mais, depuis la découverte de ce genre américain si remarquable, l'immobilité de la science à cet égard n'a pas d'excuse.

Il faut bien l'avouer, s'il existe une disparate entre mille autres dans la classification des oiseaux, qui déjà, nous le répétons, aurait disparaître d'un consentement unanime , c'est celle qui choque si désagréablement les yeux, quand on examine at- tentivement toute la série ornithologique , dans la famille des Caprimulgidés, qui ne se lie en quoi que ce soit ni avec celle qui la précède, ni avec celle qui la suit, et reste comme un véritable hors-d'œuvre.

Une réflexion que voici se présente aussitôt : les Passereaux qui les précèdent ( puisque c'est dans cet ordre que leur a tou- jours été assignée leur place) sont essentiellement diurnes; ceux qui les suivent le sont également. Les Caprimulgidés, eux , sont presque exclusivement crépusculaires, sinon nocturnes! quelle raison dominante a pu les faire intercaler au milieu d'oiseaux diurnes? Une simple analogie de conformation dans le bec, par exemple, plus ou moins déprimé ou dilaté, ne saurait prévaloir sur une organisation et sur un mode de vie aussi distincts que ceux qui privent les Caprimulgidés de la locomotion diurne im- partie à la grande généralité des autres oiseaux , à l'exception des Strigidés. C'est la seule et unique raison cependant qui puisse justifier la constance avec laquelle on leur a respectueusement conservé cette place : quand leur aspect seul , l'ensemble de leur individu rappelle si involontairement ces derniers dont ils paraî- traient n'avoir pu jamais être séparés.

Toutefois la découverte si importante du Guacharo , non plus que l'étude de ses caractères oologiques n'a pu réussir à les exiler en quelque sorte des Passereaux , au rang desquels ils sont vrai- ment indignes de figurer.

On ne peut guère se dissimuler à ce sujet qu'un des nom- breux obstacles qui s'opposent à la marche progressive et à l'amé- lioration de la méthode ornithologique ne soit, comme en bien d'autres choses , la force et l'empire de l'habitude que les meil- leurs esprits , les maîtres de la science , toujours et sagement en garde contre les doctrines trop innovatrices , ont naturellement léphtsde peine à secouer)»

36 revue zoologiqde. ( Février 1843. )

Ce n'est pas que , si vénérée qu'ait été jusqu'à présent, et reste toujours la méthode de Linnée , le grand organisateur, elle n'ait depuis longtemps subi de notables modifications, toutes provo- quées autant par l'esprit d'observation et la justesse d'idées de ses successeurs dans cette carrière , que par le progrès forcé des découvertes en ornithologie; mais en bien des parties elle est restée stationnaire.

Pour ne parler que des Caprimulgidés qui nous occupent, l'une des innovations de ce genre les plus hardies et les plus heureuses, essayée plutôt qu'introduite dans la classification méthodique , est le déplacement de cette famille opérée par Illiger en 1811. Car, parti , à l'instar de Lacépède, d'un autre point de départ que celui adopté le plus généralement, il est arrivé le premier au but que nous signalons. On sait qu'il divi- sait les oiseaux en sept classes : Les Grimpeurs ( Scansores ) ; les Insesseurs (dmbulalores) ; les Ravisseurs (Raptatores) ; les Sarcleurs (Rasores) ; les Coureurs (Cursores) ; les Gralles (Grallatores) ; et les Nageurs (Natatores). Dans cet ordre d'idées , il a mis les Caprimulgidés dans ses Mantes fissi- rostres, à la fin des ambulalores ; et les a fait suivre immédia- tement des Strigidés ou Rapaces nocturnes qui commencent sa classe des Raptatores.

M. de Rlainville, dans ses cours de 1815 à 1822 ; Yigors (Tran- sactions Linnéennes de Londres , t. XIV, p. 395), et Latreille , en 1825, tout en professant un autre système méthodique plus en rapport avec celui ordinairement adopté , sont arrivés au même résultat de classification, en rapprochant leurs Lalirostres ou Fissirostres commençant par les Caprimulgidés , des Ra- paces, finissant par les Strigidés.

Dans le long espace des 15 années qui ont suivi, alors sur- tout que 10 années sur ces 15 avaient été signalées par la décou- verte du Guacharo, personne ne s'est présenté , dans les sommités des ornithologistes, pour remettre en honneur l'œuvre d'Illiger, si bien consacrée par l'adhésion de savants tels que M. de Blain- ville , Vigors et Latreille.

Un seul naturaliste, quand tous les autres se taisaient ou s'épuisaient en vains et consciencieux efforts dans les chemins battus par la routine , a osé entreprendre cette réhabilitation. C'est notre honorable collègue M. G. R,. Gray, qui dans son ç-

TRAVAUX INÉDITS. 37

nera of Birds, etc., publié à Londres en 1840, prenant judicieu- sement dans chaque méthode ce qu'elle pouvait avoir de bon, et, ouvrant sa série ornithologique par les Rapaces qui finissent par les Strigidés, les a fait suivre des Passereaux en commençant par les Caprimulgidés ayant en tète le Guacharo.

M. Gray est, si nous ne nous trompons , le seul et le premier méthodiste, depuis la découverte de ce genre d'oiseau , qui ait essayé à provoquer ce retour aux bons et vrais principes , en reprenant en sous-œuvre et indiquant de nouveau ce changement qui, nous l'espérons, ne tardera pas à être généralement adopté comme l'expression simple et pure de la raison et de la vérité , but de toute méthode.

Car il serait impossible de résister plus longtemps à l'évidence, et de n'être pas frappé, à part les caractères oologiques et zoolo- giques du Guacharo , de la similitude d'aspect que présente le plumage des Strigidés et des Caprimulgidés, tant pour l'agen- cement particulier de ses couleurs ternes , que pour sa nature duveteuse et mollette.

Toujours est-il, ainsi que nous l'avons démontré, que le dé- classement dont nous parlons, si instinctivement opéré par Illiger, et si hardiment reproduit par M. G. R. Gray, est entièrement confirmé par les caractères de l'œuf du Guacharo.

Sous ce rapport, nous étions bien aise de soumettre à nos col- lègues ces considérations comme un nouvel exemple , entre tous ceux que nous possédons , des secours que la science est en droit d'attendre'de l'étude de Poologie ornithologique, consi- dérée comme pierre de touche de toute bonne classification, dans une circonstance surtout elles viennent si effectivement mo- tiver et confirmer la pensée première d'illiger.

Coleoptera Colombiana , etc. Auct. Reiche. Decas sexta. {Voyez 1842, p. 374.)

51. Chlœnius viridicollis. L. 11.1. 4 1/2 mill.— - Piceus , ore, antennis, pedibusque ferrugineis ; Caput oblongum , viridi- nitidum , tenuissime granulatum, inter antennas longitudinali- ter utrinque impressum ; Thorax viridi-nitidus , capite dimidio latior , subquadratus , latitudine paulo breyior, antice posticeque fere recte truncatus, lateribus modice rotundatis angulis anticis

38 revue zoo logique. (Février 1843.)

rotundatis , posticis subrectis , dorso canaliculato, punctis non- nihil sparsim instructo , basinque versus utrinque longitudinali- terimpresso;Sct^/itmatro-piceum_, lœvigalum ; Elytra obscure viridia, fusco-subtomentosa , thoraee vix duplo latiora, oblonga, apice rotundata subsinuosa , striata slriis vix punctatis, inlersti- tiis subtilissime imbricato-granulatis , tertio et quinto paulo la- tioribus. Hab. : provincia Novœ-GranateB. A Dom St. A. Ros- taine captus.

52. Oodes pallipes. L. 8. 1. 3 mill. Yiridi-cupreus, niti- dus subtus piceus, ore, antennis pedibusque testaceis ; Caput obsolète granulatum , inter oculos utrinque linea vix visibile instructum , thoraee dimidio angustius ; Thorax transversus , longitudine paulo latior, subquadratus , autice late vix emargi- jiatus , coarctatus ,postice fere recte truncatus , ante basiu paulo coarctatus , lateribus rotundatis , angulis anticis obtusis , posticis subacutis, reflexis, disco lœvigato , canaliculato basin versus Utrinque oblique impresso ; Scutellum leevigatum , basi lon- gitudinaliter striatum ; Elytra thoraee latiora , striata , slriis punctatis , penultima obsoleta , interstitiis planis, tertio punc- tis duobus instructo , uno infra médium , altero ad ouartam partem inferiorem. Hab. : Venezuela. A dom. St. A. Rostaine captus.

Anciionoderus. Genus novum, Feronidarum (génère Ancho- rneno aflîne ).

Caput oblongum; Oculis amplis, prominentibus ; Palpis elongatis, gracilibus ; maxillaribus , articulo secundo majore, tertio et quarto œqualibus, illoultimo fusiforme apice truncato, labialibus, articulis duobus ultimis œqualibus subcylindricis ; Maxillis rectis intus ciliatis , unguiculo corneo curvato apice armatis ; Mandibulis falcatis prominentibus ; Mento dente ob- tuso medio armato ; Labro transverso ; Antennis filiformibus, elongatis , articulis cylindricis , secundo breviore , primo, tertio quartoque subeequalibus ; Thorax transversus valde cordatus , tumidus, marginatus , canaliculatus , angulis posticis haud reflexis:, Elytra subquadrata, modice elongata, apice rotun- data , haud sinuosa, striata ; Interstitiis granulatis; Habitue corpulentus,

A génère Anchomeno distractum differt , habitu corporis haud depresso, anl.ennis longiori bus articulis cylindricis, thoraee

TRAVAUX INÉDITS. 39

cordato angulis haud retlexis , elytrorum apicibus rotnndatis haud sinuosis , striariuuque interstitiis granulatis.

Typus Auch. eximius, Dej. Cat. Elegans , Brullé , Voy. d'Orb. ïns. 25. Huic generi pertinent : Anch. dimidiaticornis, Dej. Spec. 111 , 125. Anch. elegans , Dej. Spec. V , 725.

53. Anchonoderus concinnus, Dej. M«s. L. 7 1/2. 1. 2 3/4 mill. Caput laevigatum inter anlennas utrinque impressum fer- rugineum, ore testaceo , mandibalis apice piceis , antennis pal- lidis ; Tliorax capite paulo latior ferrugineux , subtomentosus , lacvigatus , postice utrinque obsolète impressus ; Scutellum fer- rugmeum; Elytra nigro-pioea punctato striata, macula sub hu- merali interstitiis 5-8 occupante , altéra ante apicem transversa interstitiis 3-9 occupante , margine exteriori posteriorique tes- taceis , subtus abdomen piceus, pedibus testaceis. Hab. : Pro- vincia yEquatoria. A dom. Lemoine captus.

54. Anchonoderus apicalis. L 8. 1. 3 mill. Caput lœvi- gatum ferrugineum, anfice dilutius , inter antennas utrinque impressus, mandibulisferrugineis apice piceis, labro palpisque testaceis , antennis articulo primo et secundo testaceis reliquis obscuris tomentosis ; Thorax capite paulo latior fei rugineus,sub- lœvigatus, punctis postice nonnihil impressus ', Elytra caeruleo- picea punctato striata, apice testacea subtus thoracis basi, pectore abdomineque piceis, pedibus testaceis. Hab. : provincia Novee- C.ranatae. A dom. Lebas captus.

55. Anchonoderus Myops. L.7 1/2.1. 2 3/4 mill. nigro piceus. Caput laevigatum inter antennas utrinque late ac pro- funde impressum , palpis ferrugineis, labro fusco , antennis ar- ticulo primo testaceo reliquis fuscis tomentosis ; Thorax capite paulo latior , postice utrinque obsolète impressus punctis ob- soletis adspersus ; Elytra punctato striata subtomentosa, macula ante apicem transversa, ferruginea, interstitiis 3-8 occupante ; pedes ferruginei. Hab. : Provincia Novae-Granatœ. A dom. Lebas captus.

5G. Anchonoderus binotatus.— h. 7. 1. 2 1/2 mill., nigro piceus; Caput Ucvigàlum , inter antennas subarcuatim utrinque impressum , palpis testaceis , labro piceo margine testaceo , antennis articulo primo testaceo, reliquis fuscis tomentosis; Thorax capite vix latior , sublœvigatus obsoletissime rugatus postice punctis non nihil impressis ; Elytra thorace duplo latiora

40 revue zoologique. ( Février 1843. )

sub tomentosa punctato striata , macula rotundâ ante apicem ferrugineâ , interstiliis 4-7 occupante; pedes testacei. Hab. : provincia Novae-Granatœ. A dom. St. A. Rostaine captus.

57 . Jnchonoderus subœneus.—L. 6 1/2. 1.2 3/4 mil. supra piceo seneus subtus piceus ; Caput laevigatum inter antennas utrinque profunde impressum , palpis fuscis apice testaceis, mandibulis fuscis, labro piceo , antennis articulo primo testaceo, reliquis fuscis tomentosis ; Thorax capite vix latior sublacvigatus, obso- letissime rugatus , punctis non nihil postice impressus ; Elytra thorace duplo latiora , subtomentosa , punctato striata ; pedes testacei. Hab. : provincia Novae-Granatœ. A dom. Lebas cap- tus. •

58. Anchonoderus rugatus. L. 5 ï/2. 1. 2 1/4 mill. supra obscure œneus subtus piceus ; Caput punctato rugatum utrinque inter antennas impressum, palpis ferrugineis, labro mandibulis- que fuscis , antennis articulo primo ferrugineo reliquis fuscis to- mentosis ; Thorax capite paulo latior punctato rugatus tomen- tosus ; Elytra thorace duplo latiora crenato striata macula sub numérale rotunda interstitiis 6-9 occupante , altéra transversa ante apicem interstitiis 4-9 occupante margine apicalique fer- rugineis ; pedes testacei. Hab. : provincia Novœ-Granatae. A dom. Lebas captus.

Camptotoma Genus novum Feronidarum (Ge Anchomeno affine). Caput oblongum; Ocutis amplis prominentibus; Palpis ciliatis magnis , crassis , maxillaribus articulo secundo majore incur- vato , incrassato , tertio sub conico minore , ultimo cylindrico apice truncato tertio longiore ; labialibus articulis secundo et tertio subaequalibus secundo paulo crassiore subincurvato; Maxil- lis rectis intus ciliatis ; Mandibulis arcuatis; Labro subqua- drato, antice rotundato mandibulis vix occultante ; Mento dente obtuso medio armato; Antennis moniliformibus articulo primo longiore, secundo minore , sequentibus aequalibus , incrassatis ; Thorax cordatus angulis posticis reflexis ; Elytra sub quadrata , modice elongata, apice sinuosa rotundata, striata; habitus cor- pulentus. A génère ânchomeno differt , habitu corporis , an- tennis moniliformibus , palporumque conformatione.

59. Camptotoma Lebasii. L. 8. 1. 3 mill. Atro-piceus pal- pis , antennis pedibusque testaceis. Caput laevigatum inter antennas obsolète utrinque impressum, labro antice ciliato mar-

TRAVAUX INÉDITS. M

gine testaceo, antennis apice obscurioribus ; Thorax transversus capite dimidio latior, antice dilatatus medio impressus, poslice valde coarctatus , canaliculalus utrinque basi striatoimpressus , lateribus marginatis angulis posticis subrectis ; Elytra thorace vixduplo latiora punctato-slriata apice dilutiora , geniculis piceis. Hab. : provincia Novac-Granatae. A dom. Lebas capta.

60. Anchomenus chalcopterns. L. 10. 1. mill. Nigro-piceus; Caput laevigatum , inter autennas utrinque late impressum, pal- pis fuscis apice ferrugineis, antennis fuscis articulis basi et apice dilutioribus; Thorax subquadratus capiie fere duplo la- tior, latitudine vix brevior, antice posticeque acqualiter coarcta- tus , recte truncatus , angulis quatuor obtusis , disco lœvigato antice arcualini, postice transversim impresso , foveolis duabus latis, irregularis utrinque basin versus ; Scutellum laevigatum ; Elytra purpurea , viridi-micantia , thorace haud duplo latiora laevigata, striata , striis obsolete-punctatis , in interstitio tertio ante apicem striam secundam versus puncto impresso , punctis- que nonnullis secundum marginem ; pedes picei , tarsis fuscis , tibiis tarsisque fusco-tomentosis. Hab. : Santa-Fé Bogotae. A dom. Lemoine captus.

Description d'un nouveau genre d'Orthoptères, de la famille des Mantides, découvert par M. Allibert dans le midi de la France; par M. Guérin-Méneville.

Au premier aspect, cet insecte ressemble tellement à un Né- vroptère, que nous aurions été tenté de le placer parmi les Perles ou les Némoures , si nous n'avions pas examiné très-attenti- vement ses caractères. En suivant la méthode adoptée par M. Ser- ville, dans son Histoire naturelle des Orthoptères (suites à Buffon de Roret), notre insecte devrait être placé assez près de sa Mantis phryganoides (page 198). Mais si l'on veut suivre celle que M. Burmeister a présentée dans son Manuel d'Entomologie, il faut en former un genre nouveau entre ses Chaetessa et ses Tarachodes. En effet , notre insecte appartient à la première division de son tableau (p. 523) par son prothorax à peine plus long que le mésothorax; il a des élytres et des ailes parfaites, le vertex sans corne et le corps glabre ; mais il n'est pas métal- lique , ce qui le rapproche du genre Chaetessa. D'un autre côté, comme ses formes générales et la nervation de ses élytres le

42 revue zoologique. (Février 1843. )

rapprochent beaucoup des Tarachodes, mais qu'il en diffère par la brièveté de son prothorax et des filets articulés du dernier segment de son abdomen , il faut en former un sous-genre dans le grand genre Nantis en lui assignant les caractères suivants :

Perlamantis. Prothorax court, à peine plus long que le méso- thorax; tête transversale, sans corne. Antennes sétacées, ayant à peine la moitié de la longueur du corps. Élytres et ailes sem- blables, allongées, transparentes, à nervures longitudinales et transverses semblables à celles des perles. Pattes antérieures ravisseuses , ayant les cuisses armées , en dedans et au milieu , de quatre fortes épines dont Tune est articulée. Abdomen ter- miné par deux filets ou appendices courts , ne dépassant pas les pièces de l'organe générateur dans les mâles, aplatis et plus épais au bout ; pattes grêles.

Perlamantis AUibertii. Obscure fusca, corpore subtus pedi- busque fusco-flavidis , nigro-maculatis. Elytris alisque sub-hya- linis, ftisco-nervosis. L. 15, enverg. 30 mil!.

Nous donnerons une figure détaillée et une description plus étendue de cet intéressant insecte dans un prochain numéro du Magasin de Zoologie.

M. Allibert a rencontré cet Orthoptère à Puhnoissons (Basses- Alpes) , et il n'en a trouvé qu'un seul individu qu'il nous a géné- reusement remis. Nous avons cru devoir dédier ce curieux insecte au jeune médecin et zélé entomologiste qui l'a découvert , afin de l'encourager à faire de nouvelles recherches dans cette partie de la France encore si peu connue sous le rapport de sa faune entomologique.

Description d'une nouvelle espèce du genre Myrmedonia, par M. Chevrolat.

Dans le Gênera et species Staphilinorum de M. Erichson , ce genre renferme 26 espèces , dont 9 appartiennent à l'Europe. J'ai cru intéressant d'en faire connaître une qui me paraît en- tièrement nouvelle et ne fréquente que les bords de l'Océan. Quelques exemplaires de cette espèce m'ont été donnés par M. Pilate , ils proviennent des environs de Calais.

Myrmedonia nigriventris. Alatalutea. Caputfuscum, ultimo articulo antennarum , oculisque nigris ; thorax pi anus , antice , posticeque truacatus , basi angustior , lateribus rotundatis ; Ely-

fcra brcvia, intus oblique truncata; abdomen marginatum, duobus penultimis segmenlis, aut tribus ultimis , nigris seu pi- ceis; setis tibiarum extus fere spinosis. L. 3 1/2. 1. 1 null.

Diptèjies nouveaux d'Italie, par M. C. Rondani, de Parme.

G. Si'Azir.ASTiin, Rond, (abdomen spatbulatum ) , fam. Syr- phici Meig. ; Syrpkinœ Rondani.

Antennarum , articuli primi brèves ; tertius subrotundatus , prœcedentibus conjunctim longior. Arista pilosa , pilis brevius- culis. Faciès paulo excavata, gibbosa ; epistoma non distincte porrectum. Oculinudi. Alarum vena prima, costalem atlingens antequam perveniat contra transversam exteriorem ; quarla non valde excavata , sed recta. Abdomen compressum , basi satis coarctatum sed non lineare , segmentis secundo , tertio et quarto longitudine subaequali. Pedes postici non incrassati, femoribus non spinulosis nec denticulatis.

S. apennini Rondani. Antennœ, arista, frons , faciès nigrae. Thorax , scutellum et abdominis segmentum primum nigris , vix subvirescentibus. Abdominis segmentum secundum rubeum, basi tantum anguste nigrum ; tertium omnino rubeum ; quar- tum basi late rubeo-fasciatum , postice nigrum , fascia rubea lateribus latiore ; quintum nigrum. Venter ut pars superior ab- dominis , tamen fascia rubea quasi segmenti lateribus non la- tiore. Squamrc albida?. Haltères capitulo lutesoente. Pedes nigri, geniculis et tibiarum basi rufescentibus. Alœ paulo fuliginosae prœserlim in medio ; areola secunda apice nigricante. Long, fœm. 9 mill.

Hujus speciei duo tantum fceminœ inventée fuerunt in Apen- nino altiore ditionis Parmensis a conterraneo entomologo doc- tore Rertè , quce ipsius dono in collectione mea asservantur.

Merodon armipes, Rondani. .Œneo-nigricans ; luteo - ful- vescenle-pilosus. Faciès et frons pilis pallidioribus ; vertex antice pilis nigris, postice rufo-pallidis. Antennœ et arista omnino nigrœ ; squamae albicantes , margine et ciliis luteo fulvis, Abdo- minis segmenta omnia postice pilis pallide luteis marginata ; secundum lateribus macula obscure-rufa , subtrigona. Ala? paulo fuscescentes. Pedes nigri , tibiarum omnium basi , et tarsorum posticorum articulis primis tribus rufescentibus. Coxa postice apophysi rétro satis producta, et tubercule interiori subinterme-

44 revue zoologiqce. {Février 1843. )

dio instructae ; tibiœ postice intus valde longitudinaliter canali- culatse, et apice bimucronatae ; mucro externus latuscompressus fere unguiformis , internus aculeatus. Long. mar. 12 mill.

Hujus species mucronibus et appendicibus pedum posticoruin distinctissimae a congeneribus , semel tantum marem legi in colle ditionis Parmensis prope torrentem Terminam , mense ju- nii, in floribus cujusdam euphorbiae.

II. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX.

Illustrations conchyliologiques , ou Description et Figures de toutes les Coquilles connues, vivantes ou fossiles, classées suivant le système de Lamarck , modifié d'après les progrès de la science , et comprenant les genres nouveaux et les espèces récemment découvertes ; par M. Chenu , docteur en médecine, conservateur du musée conchyliologique de M. le baron Benjamin Delessert , etc.; avec la collaboration des principaux conchyliologistes de France et de l'étranger.

Tel est le titre d'un grand et bel ouvrage , dont cinq livraison ont paru, et qui se poursuit avec activité. Cette publication, dédiée à M. Benjamin Delessert, si connu par la protection et les encouragements qu'il accorde aux sciences naturelles , for- mera une série de monographies séparées : elle est destinée à rendre à l'étude des Mollusques les services que notre Species des articulés est appelé à rendre à celle de 1 Entomologie. Ce- pendant, comme le nombre des mollusques connus est consi- dérablement moindre que celui des animaux articulés, on pourra figurer toutes les espèces dans de grandes et belles planches in- folio, sans, pour cela , être obligé de porterie prix de l'ouvrage à un chiffre trop élevé. M. Chenu a parfaitement senti que de bonnes figures étaient actuellement indispensables pour bien faire con- naître les caractères , les variétés et la couleur des coquilles , et pour faire saisir ce qui échappe à celui qui lit une description. Sous ce rapport , les Illustrations conchyliologiques ne laissent rien à désirer , car leurs auteurs ont donné des descriptions suf- fisantes de toutes les espèces , au moyen d'une diagnose en latin, suivie d'une phrase plus étendue en français , et rien n'a été né- gligé pour que les figures soient irréprochables.

ANALYSES d'OCVFUGES NOUVEAUX. 45

Nous avons dit que le prix de cet ouvrage n'était pas trop élevé; nous pouvons même assurer qu'il l'est moins que celui des autres publications sur le même sujetnEn effet , les cinq planches in- folio , qui forment une livraison du prix de 22 fr. 50 c, contien- nent autant et même plus de figures, que vingt-quatre planches in-8°, qui reviennent ordinairement à 1 fr. chacune ( 24 fr. ). Le format adopté par M. Chenu lui a permis de grouper sur chaque planche un grand nombre d'espèces, de les représenter de gran- deur naturelle , avec leurs variétés et à côté des espèces ana- logues , ce qui permet d'établir des comparaisons , en mettant en même temps ces espèces sous les yeux du travailleur.

Plusieurs naturalistes prêtent leur concours à M. Chenu pour l'exécution de cet ouvrage monumental. Déjà l'un des hommes qui connaissent le mieux les coquilles en France, M. Récluz, a donné la monographie du genre Sigaret, et M. Petit de la Saussaie prépare celle des Auriculés. M. Chenu s'est chargé de celle des Arénicoles et des Chétoptères , de celles des Arrosoirs , des Sili- quaires , des Dentales, des Spirorbes, etc. Du reste , l'on doit être assuré que ces monographies comprendront toutes les es- pèces découvertes jusqu'au moment de leur publication, car M. Chenu et ses collaborateurs ont à leur disposition la magni- fique collection de M. le baron Benj. Delessert, la plus riche qui existe en France , et celles du Muséum et des divers amateurs de Paris. De plus , M. Chenu a fait récemment unvoyage en Angle- terre, pour étudier les richesses éparses dans les cabinets des amateurs de ce pays ; il a établi avec eux des relations qui le mettront à même de donner dans cet ouvrage toutes les espèces qu'il ne trouverait pas dans les collections de Paris.

Le texte qui a paru dans la première livraison donne les mo- nographies des Arénicoles et des Chétoptères, dues à M. Chenu. Dans le premier genre, cinq espèces sont décrites ; le second n'en a que deux. On trouve dans la deuxième livraison le texte de la monographie du genre Arrosoir, également par M. Chenu. Ce genre est composé de vingt espèces , dont quinze sont nouvelles et décrites pour la première fois. Plusieurs de ces espèces nou- velles appartiennent^ à la collection de 31. Delessert ; d'autres sont conservées au Brilish Muséum de Londres , dans celle de M. Cuming et de quelques autres amateurs anglais. M. Chenu a complété son travail en reproduisant la description et les figures

rm revub zaoLor.iouE. ( Février 1813. )

données par M. Ruppel de l'Arrosoir à manchettes (Àsp. vagini- ferum Lam. ).

Dans la troisième livraison l'on trouve la monographie du genre Siliouaire, encore par M. Chenu. Elle est composée de dix-neuf espèces toutes connues. Enfin , dans la cinquième livrai- son, il y a le commencement de la monographie du genre Siga- ret , par M. Récluz. Dans les quatre pages in-folio du texte , l'auteur présente l'histoire du genre ; il a eu soin , comme nous le faisons dans notre Species, de donner la date de publication des ouvrages dont il cite les auteurs. Avant lui, le genre Sigaret ne se composait que de cinq espèces , aujourd'hui on en connaît 28.

Les planches sont publiées sans ordre dans les livraisons , mais comme elles ont une série de numéros particulière pour chaque monographie , on peut toujours les réunir et les arranger très- facilement. Il a déjà paru une planche d'Arénicoles et Chétop- tères terminant ces deux monographies; cinq planches , formant la monographie des Arrosoirs ; deux planches formant celle des Siliquaires ; les pi. ï ,• 2 et 3 des Sigarets ; six planches de Den- tales ; deux planches de Spirorbes ; deux planches de Balanes ; une planche de Coronules ; deux planches de Panopées et une planche de Solens. Toutes ces planches sont dessinées et gravées par Tes meilleurs artistes de la capitale et ne laissent rien à dé- sirer sous le rapport de leur exécution. Le texte est aussi très- bien imprimé, sur deux colonnes, et tiré, ainsi que les planches, sur un très-beau papier. En un mot, l'exécution scientifique et matérielle répond sous tous les rapports aux promesses faites dans le prospectus , et elle est complètement digne du haut pa- tronage sous lequel son auteur a placé cet ouvrage. (G. M.)

Essai monographique et iconographique de la tribu des Cossy- «tpHiDES, par M. le marquis F. de Brème. Première partie (grand

in-8°, figures coloriées; Paris, 1842, Lachèze, libraire, rue des

Mathurins-Saint-Jacques, 24.)

Le temps nous a manqué pour rendre compte de divers travaux importants , et c'est bien à regret que nous avons ajourné l'ana- lyse de celui qui nous occupe , car il mérite , plus qu'aucun au- tre , d'être signalé aux entomologistes.

M. le marquis de Brème , possesseur d'une fortune indépen- dante et maifrè tout son tettïps, avait un esprit trop élevé

ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 47

pour se contenter de l'existence monotone et vide pour l'intelli- gence de cette foule de gens qui n'ont d'autre titre dans le monde que celui d'hommes riches. Il lui fallait quelque chose de plus, il voulait une occupation susceptible de satisfaire son goût pour l'étude, et il ne pouvait faire un meilleur choix qu'en s'adonnant à celle de l'une des branches les plus difficiles des sciences natu- relles , à l'entomologie.

Déjà il avait débuté par plusieurs mémoires fort intéressants , publiés dans divers recueils scientifiques , et qui révélaient chez lui un espritjusteetun vrai talent d'observateur, et il a appliqué ces heureuses facultés à l'étude d'une tribu de coléoptères encore peu connue , et dont il a éclairci l'histoire de la manière la plus satisfaisante.

Dans les considérations générales qui précédent son travail , il examine la valeur des grandes divisions qui ont été établies dans le groupe des coléoptères hétéromères , il expose le plan qu'il a suivi pour établir les séries , ou , comme il le dit , les échelles des caractères, pour reconnaître ensuite , par la compa- raison de ces mêmes séries, la dépendance , les rapports , et en- fin les influences réciproques des organes , et il croit , avec rai- son , qu'un bon système de classification doit ressortir de l'étude complète et générale des organes , et non d'un simple arrange- ment arbitraire. Il arrive ensuite directement à son sujet, en faisant l'historique de l'établissement du groupe dont il s'occupe, il présente quelques considérations sur ce que l'on entend par genre et sous-genre , et se range de l'avis de Cuvier et de M. Pic- tet à cet égard , ce qui nous paraît parfaitement juste. Confor- mément à ce principe , il n'admet dans la tribu des Cossyphides que deux genres , les ffelœus et les Cossyphus , composés cha- cun de plusieurs sous-genres, ainsi qu'il suit :

A. Bord ou disque du prothorax plat , plus ou moins sensi- blement dilaté , recevant la tête dans une profonde échancrure. Antennes de 11 articles subcylindriques, allongés; les 4 ou 5 derniers globuleux légèrement aplatis. . . Genre Helveus

I. Point d'épines à l'extrémité des tibias. S. G. Encephalus.

II. Deux épines à l'extrémité des tibias. a. Élytres non soudées, des ailes pro- pres au vol S. G. Pteronelœus.

&. Élytres soudées , point d'ailes.

48

revue zoOLOGiQtJE. ( Février 1843. )

* Angles antérieurs du prothorax

ne dépassant pas la tête S. G. Cilibe.

f ** Angles antérieurs du prothorax se

croisant sur la tête S. G. Helœus.

B. Bord ou disque du prothorax plat , ar- rondi , non échancré , recouvrant entière- ment et dépassant la tête. Antennes de onze articles moniliformes ; les quatre derniers en toupie , aplatis et transversaux Genre Cossyphus.

I. Tête rétractile sous le prothorax; épi- sternum séparé du tergum du prothorax. S. G. Endustomus.

II. Tête non rétractile sous le prothorax ; tergum de ce dernier non séparé de

Tépisternum S. G. Cossyphus.

Après avoir ainsi nettement distingué ses deux grands genres et les divisions ou sous genres qu'il établit , M. de Brème déve- loppe leurs caractères et procède à la description de toutes les espèces des quatre sous-genres qu'il admet dans le genre Helœus. Ses descriptions sont bien faites , et précédées de la diagnose en latin , et de la synonymie. Les caractères de ces quatre sous-gen- res sont parfaitement figurés au trait, d'après les dessins de l'au- teur, et toutes les espèces sont représentées en couleur et gros- sies quand cela a paru nécessaire. Toutes les espèces du grand genre Helœus sont propres à la Nouvelle-Hollande et fort rares dans les collections. M. de Brème ayant fait un voyage en Angle- terre , a pu obtenir la communication de toutes celles que ren- ferment les riches collections de MM. Hope, de la Société ento- mologique de Londres , etc. Celles des collections de Paris et du Muséum lui ont été également communiquées , ce qui lui a permis d'augmenter considérablement ce genre , car avant son travail il y avait seulement 13 espèces de publiées , tandis que le nombre de celles qu'il décrit est de 38 , ce qui porte le nombre des espèces nouvelles à 25. Yoici comment les espèces sont ré- parties dans ses 4 genres.

Encephalus, 2 espèces

Cilibe, Helœus,

15 12

1 connue,

4 5 5

1 nouvelle.

7

10 7

Totaux,

espèces : 13 connues, 25 nouvelles,

ANALYSES d'ûDVRAGES NOUVEAUX» 49

M. de Brome s'occupe activement de la monographie du grand genre Cossyphus , formant la seconde partie du présent travail ; si elle est traitée comme celle-ci, ce dont nous ne doutons nul- lement, il méritera de nouveau la reconnaissance des entomolo- gistes et des amis des sciences. (G. -M.)

Versuch einer, etc. Essai de détermination systématique et de distribution des genres et des espèces de Clairones , par M. le Doc. Klug.

Sous ce titre M. le docteur Fr. Klug, professeur administrateur du Musée royal de Berlin , a donné, vers la fin de l'année 1842, une monographie de la quatrième tribu des Coléoptères-Penta- mères , celle des Clairones de Latreille. Le nombre des espèces décrites ou citées , et tirées de la riche collection du Muséum de Berlin, est de 214 , réparties dans 12 divisions que l'auteur subdivise ensuite ainsi :

1 . Cylidrus. Subdivision Denops. Espèces 5

2. Tillus. subdiv. Cymatodora, Macrotelus Kl., Tillodea, Callithères Dj. (Pallenis Lap. Sp. ) , Jodamus (Callithères Sp.) , Xylobius, Guér., Philocalus Kl., Cleronomus Kl. (PhoniusChJ, quatre autres subdivisions ne portent pas de noms génériques. Espèces 28

3. Priocera. Espèces 4

4. Clerus. Subd. Omadius, Stigmatium, Thanasimus, Than- eroclerus, Pezoporus, (Dozocolletus), Lemidia, Sp. Hydnocera New. (Phyllobenus Dj.), E venus. Il y a quatre subdivisions qui ne portent pas de noms génériques. Espèces. ....... 10

5. Ptychopterus Kl. Caffrerie. Espèce 1

6. Axina. Du Brésil. Espèce 1

7. Opilus. Subd. Platyclerus, Sp. et Trogodendron, les quatre premières subdivisions ne portent pas de noms génériques. Espèces 19

8. Fymanthus.Kl. Caffrerie. Espèce 1

9. Trichodes. Les Pachyseelis HopeetZenithicolaSp., rentrent dans cette coupe. Espèces 20

10. Corynetes. Subd. Necrobia, Nothostenus,Dj. Deux divisions sont établies et ne portent pas de noms génériques. Espèces. 19

11. Cylistus Kl. Caffrerie. Espèce 1

12. Enoplium. M, Klug partage ce genre en quatre coupes»

Tome VI. Année 1843, 4

50 revue zoologique. (Février 1843.)

Dans la deuxième rentre le G. Brachymorphus(ChariessaPerty.); dans la troisième, les Epiphleus Dj. ; dans la quatrième, les Platynoptera , et dans la cinquième les Ichnea. Espèces. . . 10

Ce travail fait suite en quelque sorte, aux monographies de cet auteur ; les descriptions ont été faites avec talent et d'une manière concise. Quelques espèces de l'Amérique septentrionale, décrites par Say, demandaient peut-être à être complétées. On est surpris d'y trouver un aussi grand nombre d'espèces de l'A- mérique méridionale ; les insectes de cette tribu , étant ordinai- rement fort rares dans les envois qui parviennent en Europe. Deux planches supérieurement gravées et coloriées représentent les principales divisions ou genres.

M. Klug passe ensuite en revue les quelques genres qu'il n'a pas vus , et donne la description de 60 espèces qui lui sont in- connues, et qui sont extraites des ouvrages de Fabricius, Olivier, Kirby, Mac-Leay , Newmann, Laporte, Boisduval, Menetries, Victor et Hope.

M. Klug n'a pas eu connaissance de toutes les espèces que j'ai insérées dans les Coléoptères du Mexique ; non plus que de 12 autres de l'Afrique Australe, du voyage de M. Drege, dont le mémoire a paru dans notre revue peut-être un peu avant celui de cet auteur. Chevrolat.

Note sur quelques insectes observés pendant l'éclipsé de soleil du 8 juillet 1842. Par M. A. Villa. Lettre adressée au comte Contarini (in-12 de 12 pages. Milan, 1842 ).

M. Villa , entomologiste distingué de Milan , a profité de cette éclipse totale pour observer quelques insectes, afin de voir l'effet que produirait sur eux ce phénomène. Il a d'abord étudié la veille une localité plantée de carottes en fleur , afin d'établir une com- paraison entre ce qui se passait les jours ordinaires et ce qu'il verrait pendant l'éclipsé. Il a reconnu que des Leptures , qui vo- laient agilement la veille, suivant leur coutume , restèrent tapies dans la fleur pendant toute la durée de ce phénomène. Il en fut de même des Cétoines. Les Elaters , au contraire , qui étaient restés tranquilles jusqu'au commencement de l'éclipsé, commen- cèrent à agiter fortement leurs antennes, et parcouraient avec inquiétude la cime des herbes ; ils cherchèrent enfin un refuge

ANALYSES d'oUVIUGES NOUVEAUX. 51

lorsque les ténèbres furent plus épaisses ; ils manifestèrent la même agitation qu'à l'approche d'un orage , puis ils retombèrent dans leur état léthargique en affectant cependant des positions différentes.

Les Coccinelles furent les dernières qui, pendant la durée de l'éclipsé, cherchèrent à se cacher, et quoiqu'elles ne fissent point usage de leurs ailes , elles témoignaient beaucoup d'inquiétude. Elles ne restèrent immobiles que pendant la courte durée de l'immersion totale.

Les Tipules et les Syrphes continuèrent à voler et ne se po- sèrent sur les sommités des herbes qu'au moment l'obscurité était le plus intense.

Je ne vis sur les fleurs qu'un petit nombre d'Hyménoptères de petites espèces , les grandes avaient disparu.

La Libellula Flaveola était en plus grande abondance que tous les autres insectes. Elle disparut une demi-heure avant l'immersion et reparut une demi-heure après. Je n'ai jamais pu découvrir elles s'étaient retirées.

M. Villa n'a vu de Lépidoptères diurnes qu'à la fin de l'éclipsé. Après les Elaters , ce qui l'occupa surtout , ce fut une petite es- pèce d'Alucite qui agitait ses antennes avec une sorte de terreur, en signe d'épouvante, puis se tapit sous une fleur, les antennes tendues et parallèles. Un quart d'heure après le retour de la lu- mière elle reprit son attitude ordinaire , agita ses antennes et se disposa à s'envoler. 11 résulte de ces observations , dit M. Villa en terminant : Que les Carabiques, les Phalènes et les Bombyx, en un mot les insectes nocturnes, n'ont pas paru pendant la durée de l'é- clipsé : il serait difficile de dire si on le doit à la brièveté du phénomène , ou à d'autres causes qui se rapportent à un instinct plus exquis de ces animaux.

Les insectes qui devaient s'éveiller à l'époque de l'éclipsé, ou un peu avant , continuèrent leur somme , à l'exception des Elaters, jusqu'à la fin du phénomène.

3o l,,es insectes qui s'étaient réveillés avant l'éclipsé éprou- vèrent une agitation extraordinaire et semblable à celle qui pré- cède les orages , ce que l'on pourrait attribuer au changement électrique de l'atmosphère. Enfin , si l'on a vu une couple de

52 revde zoologique. (Février 1843. ;

Coccinelles résister entièrement à ces influences extérieures, on doit l'attribuer à l'exaltation qui les dominait , et qui était supé- rieure à toute susceptibilité individuelle.

Catalogue de la Faune de l'Aube , ou liste méthodique des ani- maux vivants et fossiles ( vertébrés ) qui se rencontrent dans cette partie de la Champagne ; par Ch.- Jules Ray , membre correspondant de la Société d'agriculture de l'Aube , membre de la Soc. Cuv.,etc. Paris, 1843. Roret, libraire. Le goût de la zoologie , qui se répand de plus en plus dans nos provinces , les catalogues et les faunes particulières qui s'y pu- blient et dont le nombre est déjà assez grand , les notices non moins importantes que l'on trouve dans les comptes rendus ou dans les journaux des sociétés scientifiques de la France , tout concourt à rendre possible dans l'avenir la publication d'une faune française à peu près complète. Depuis longtemps un tra- vail sur l'histoire des animaux de notre pays est , avec raison , ardemment souhaité par les personnes qui prennent encore quelque souci du progrès que peuvent faire chez nous , et avec les seuls moyens que nous offre notre sol, les sciences naturelles. Mais un pareil travail est , à notre avis , encore inexécutable. Si les tentatives déjà faites à cet égard ont été suivies d'insuccès , si même elles sont restées inachevées , il faut en attribuer la cause , non point aux hommes à qui nous devons ces essais , mais à l'insuffisance des matériaux et des observations dont ils pouvaient disposer. Ce n'est que de la somme des recherches par- tielles faites dans les diverses contrées de la France , que pourra sortir l'histoire générale et particulière des animaux qui l'ha- bitent. On ne saurait donc trop encourager les travaux faits dans ce but : aussi , pour notre part , remercions-nous beaucoup M. Jules Ray de nous avoir donné le catalogue de la Faune de l'Aube. Grâce aux longues et consciencieuses recherches qu'il a faites , le nombre des vertébrés que l'on rencontre annuellement ou périodiquement dans une partie de la Champagne , nous est actuellement connu. L'auteur du livre que nous annonçons ne s'est point borné aux seules espèces vivantes ; les fossiles ont aussi trouvé place dans son catalogue , et nous devons dire que c'est ce qui manque ordinairement dans les travaux de cette na- ture. L'ouvrage de M, Jules Ray est fait dans une excellente di-«

ANALYSES d'oîJVIUGES NOOVMUX. 53

rection , et écrit dans la vue d'intéresser deux: classes de per- sonnes : les amateurs et les zoologistes. D'ailleurs , pour les en convaincre , il suffira de mentionner quelques-unes des espèces rares ou peu observées jusqu'à ce jour, et que M. Jules Ray a ren- contrées dans son département. Ainsi , parmi les mammifères vivants , il nous semble qu'on peut citer : les Musaraignes porte- rame et Leucode , le Rat des moissons , jolie petite espèce fort rare et fort peu connue en France ; parmi les fossiles, VOurs des cavernes, YFlephas primogenius , le Castor, etc. Les oiseaux que nous indiquerons sont V Aigle botté, le Buzard Montagu, le Pipit à gorge rousse , que beaucoup d'ornithologistes ne con- naissent encore que de nom , VIbis falcinelle , et une nouvelle espèce de Pouillot qu'il publie, d'après nous, dans l'appendice du catalogue. Dans la classe des reptiles nous pouvons aussi citer le Lézard vivipare nouvellement connu, et la Grenouille ponc- tuée, espèce très-rare dont on a fait un genre nouveau. Ces quelques espèces doivent suffire pour convaincre de l'intérêt que peut offrir ce catalogue qui, du reste, se distingue sous d'autres rapports qu'il serait trop long d'énumérer. Z. G,

Histoire naturelle générale et particulière des insectes né- vroptères, par M. F. G. Pictet, 9e, 10e et 1 Ie liv. (grand in-8°, fig. color., Genève , J. Kessmann , libraire , rue du Rhône. Paris , J. B. Baillière, rue de l'École de Médecine, 13 bis. )

Ces livraisons terminent le premier volume de cet important ouvrage et complètent l'histoire des Perlides. M. Pictet va com- mencer celle des Ephémérins , famille encore plus difficile à étudier et pour laquelle ce savant a réuni depuis longtemps des matériaux précieux. Nous avons déjà parlé plusieurs fois de cet excellent ouvrage, et nous avons donné à son auteur des éloges bien mérités : nous croyons cependant devoir revenir sur ce travail pour en signaler quelques parties plus importantes.

Dans le chapitre IV, Anatomie des Perlides , M. Pictet a mon- tré , en décrivant le canal intestinal des Némoures , que ces in- sectes diffèrent des Perles par l'absence des tubes en cœcum , et il a prouvé par que les Perlides à palpes sétiformes doivent bien réellement être distinguées des Perlides à palpes en fil.

Dans la description qu'il a donnée des organes respiratoires externes, il a relevé une erreur de M. Burmeister, qui avait pris

54 revue zoologique. ( Février 1843. )

les houppes respiratoires pour des poils , et il a démontré sa ma- nière de voir d'une manière évidente sur la planche 3. Il a suivi avec un grand soin les modifications que subissent les organes buccaux dans les métamorphoses , et il a figuré ces divers états avec une grande précision au moyen de la chambre claire.

La partie zoologique offre aussi beaucoup d'observations neu- ves et importantes ; les descriptions, les tableaux analytiques et les synonymies sont parfaitement justes, et les planches sont exé- cutées d'une manière irréprochable. Dans ce premier volume , M. Pictet décrit cent espèces qu'il a étudiées sur la nature. Sur ce nombre 64 sont nouvelles. Outre ces espèces, il a re- produit la description de 28 espèces décrites par divers auteurs et qu'il n'a pu se procurer. Ces résultats sont remarquables , sur- tout quand on songe que les insectes de ce groupe sont très-peu recherchés par les voyageurs et très-rares dans les collections.

M. Pictet a traité son sujet avec un grand soin , et n'est pas resté au-dessous de la bonne réputation qu'il s'est acquise à juste titre dans la science. Ce volume donne une idée de la manière dont l'auteur va traiter la famille des Éphémères , qui prêtera , bien plus que celle des Perlides , à des considérations physiolo- giques et zoologiques générales. On doit engager M. Pictet à poursuivre un travail qui lui fait le plus grand honneur et rend un véritable service à la zoologie. (G. M.)

Mémoire sur PAnatomie pathologique des tumeurs fibreuses de l'utérus , etc., par J. Z. Amussat , 1 vol. gr. in-8°, Paris , 1842.

Mémoire sur la rétroversion de la matrice dans l'état de gros- sesse, par le même, gr. in 8Ù, Paris, 1843.

Quoique le plan de la Revue zoologique ne nous permette pas de rendre compte des ouvrages de médecine et de chirurgie , nous croyons devoir au moins signaler les deux Mémoires que M. le docteur Amussat a publiés tout récemment. Ce médecin distingué ne se borne pas à la pratique, mais il cherche à faire avancer la science , et elle lui doit de nombreux et importants travaux qui ui ont mérité plusieurs des prix que l'Académie des sciences est appelée à distribuer annuellement. Les deux Mémoires dont nous donnons les titres sont, au dire des hommes plus compétents

SOCIÉTÉS SAVANTES. 55

que nous en pareille matière, tout à fait à la hauteur de la belle réputation de leur auteur, et témoignent des efforts qu'il ne cesse de faire, avee une activité digne des plus grands éloges, dans le but de perfectionner l'art de guérir. (G. M.).

III. SOCIETES SAVANTES.

Académie royale des Sciences de Paris.

Séance du 6 février 1843. M. Andral est élu membre de l'A- cadémie , section de médecine et de chirurgie , en remplacement de M. Double.

M. le Dr Amussat lit un travail intitulé : Considérations sur les tumeurs sanguines consécutives à la lésion des vaisseaux. Cet important mémoire est renvoyé à une commission composée de MM. Magendie, Roux et Breschet.

MM. Gruby et Delafond présentent une Note sur une altéra- tion vermineuse du sang d'un chien , déterminée par un grand nombre d'hématozoaires du genre Filaire

Comme la science ne possède encore aujourd'hui aucun exemple démontrant d'une manière absolue la circulation de vers dans le sang des mammifères , les auteurs pensent que la découverte qu'ils ont faite d'Entozoaires circulant dans le sang d'un chien d'une vigoureuse constitution et dans un état appa- rent de bonne santé , intéressera les physiologistes. Ces vers ont un diamètre de 0mm,003 à 0mm,005 et une longueur de 0mm,25. Leur corps est transparent et incolore. L'extrémité an- térieure est obtuse et l'extrémité postérieure ou caudale se termine par un filament très-mince. A la partie antérieure , on observe un petit sillon cour qui peut être considéré comme une fissure buccale.

Ces animaux sont très-vifs et leur vie persiste même dix jours après que le sang a été retiré des vaisseaux et déposé dans un vase placé g une température de 15° centigrades. Les auteurs se sont assurés que ces vers existent dans tout le torrent circula- toire. Depuis vingt jours ils ouvrent quotidiennement les capil- laires de diverses parties de l'animal et constatent toujours l'exis- tence de ces vers. Ils ont constaté que ces vers ont un diamètre moindre que celui des globules du sang , ce qui leur permet de_ circuler partout le sang doit passer. Ayant aussi constatéquele sang contenu dans les vaisseaux d'un chien de moyenne" taille

56 revue zoologique. ( Février 1843. )

pèse 1 k.,500, et qu'une goutte de ce sang pèse Ok.,067 , ils ont vu que chaque goutte contient ordinairement 4 à 5 filaires , et que ce chien en aurait au moins 100,000 dans tout son sang. Ce mémoire est renvoyé à l'examen de MM. de Blainville, Flou- rens et Milne-Edwards.

M. Justin Goudot adresse un 'travail intitulé : Nouvelles 06- servations sur le Tapir pinchaqtie. L'auteur rappelle que M. Roulin a fait connaître ce Tapir en 1829 , il l'avait trouvé dans la Cordillière orientale de la Nouvelle-Grenade , et il soupçon- nait qu'il devait le trouver dans la Cordillière moyenne. M. Gou- dot change ce soupçon en certitude , car c'est dans cette Cordil- lière qu'il a tué un individu de cette espèce. Il donne de curieux renseignements sur ses habitudes , sur la manière dont on le chasse dans le pays et sur les lieux qu'il habite , et termine ainsi : Il résulte de mes observations , que l'espèce du Tapir pinchaqùe habite de préférence la région froide des Cordillières , et que , bien qu'elle descende souvent jusqu'aux rivières ou torrents qui coulent dans les gorges des montagnes élevées , et qui n'offrent guère un volume d'eau assez considérable qu'à leur arrivée dans la région tempérée , elle n'arrive pas jusqu'aux grands fleuves ou cours d'eau de la région basse , qui est fréquentée , au con- traire, par le Tapir commun. On peut dire de cette espèce qu'elle habite ( du moins dans la Nouvelle-Grenade ) la partie des Andes qui est aussi parcourue par VUrsus ornalus ; mes observations établissent aussi quelques points sur lesquels M. le Dr Roulin n'avait pu offrir que des conjectures , savoir : que la nouvelle espèce habite la Cordillière centrale aussi bien que la chaîne orientale ; que la couleur de la femelle est noire comme celle du mâle ; que le jeune porte la livrée comme celui de l'espèce commune; que la place nue de la croupe, qui paraît constante chez les adultes , n'est point une disposition congéniale. M. Rou- lin avait fait remarquer l'absence du liséré blanc au bord de l'oreille des deux individus qu'il avait observés : ma jeune fe- melle présentait ce liséré ; mais la différence dépendait-elle du sexe ou de l'âge ? C'est ce que je ne saurais décider.

M. Flourens fait hommage à l'Académie, au nom de M. F.-J. Pictet, de Genève , de la première partie du grand ouvrage que ce naturaliste publie sur les insectes névroptères. Nous donnons une analyse de cet important travail, page 53.

SOCIÉTÉS SAVANTES. 57

Séance du 20 février. M. le Dr Amussat lit des Recherches expérimentales sur la formation des cicatrices artérielles et vei- neuses.

M. Joly adresse des observations sur la production de la chaleur chez quelques Mollusques.

M. Guyon adresse une note sur l'hydrophobie dans le nord de l'Afrique.

Séance du 27 février. MM. Danger et Flandin adressent la continuation de leurs expériences relativement à l'action de l'arsenic sur les moutons.

M. le Dr Amussat présente un mémoire ayant pour titre : Recherches expérimentales sur la formation des anévrismes traumatiques.

Société entomologique de France. Séance du 1er février 1843. M. Goureau lit un mémoire ayant pour titre : Note pour servir à l'histoire de VAgrilus biguttatus. Dans ce travail , l'auteur fait connaître d'une manière complète les métamorphoses de ceBuprestide.

M. Guérin-Méneville donne les caractères d'un nouveau genre de Cicindélètes, qu'il désigne sous le nom de Callidema. A l'occasion de ce travail , M. Guérin-Méneville est amené à faire quelques observations cri tiques sur l'ouvrage de M. Th. Lacordaire, intitulé : Révision de la famille des Cicindélides. Le genre Cal- lidema a été caractérisé dans la Revue zoologique , numéro de janvier 1843, page 14.

Il est donné lecture d'un Mémoire de M. Aug. Chevrotât , comprenant la description, en latin, de vingt-trois nouvelles espèces de Térédiles. Ce travail est destiné par l'auteur à faire suite à la Monographie des Clairones , publiée récemment par M. Klug.

M. Pierret met sous les yeux des membres de la société une Divthera cœnobita qui offre un exemple remarquable d'her- maphrodisme. Ce Lépidoptère présente à droite les organes mâles, et à gauche les organes femelles.

A la fin de la séance , la société , sur la demande qui lui en a été adressée, décide à l'unanimité que M. Guérin-Méneville, ancien membre fondateur, sera rétabli sur la liste des membres.

Séance du 15 février 1843, M. H, Lucas donne lecture de deux

58 revue zoologique. ( Février 1843. )

notices : Observations sur un genre nouveau de la classe des Myriapodes. Ce genre , qui appartient à la famille des lulites ne comprend qu'une seule espèce , trouvée au Mexique. Voici ses caractères génériques et spécifiques : G, Platy- desmus. Caput minimum , anticè trianguliforme , posticè rotundatum ; os sugenti forme ; oculi duo , prominentes , non agregati ; antennae brèves , 7 articulât» ; articulo primo prseser- tim brevissimo , secundo deinque sexto longissimis , tertio, quarto, quinto septimoque brevioribus ; corpus depressum, maxime marginatum, segmentis 44; pedes utrinque 43 in mare , 44 in fœminâ. P. polydesmoïdes. Long. 21. larg. 4 millim. P. Capite anteriùs fusco , inferiùs flavescente; oculis antennis- que flavescentibus , ultimis pilis brevibus hirsutis ; corpore infrà flavo ; supra fulvo-flavescente , fusco rubescente maculato; seg- mentis longitudinaliter canaliculatis , transversè bina suberculo- rum série ornatis ; pedibus elongatis , exilibus , pilis flavescenti- bus indutis. Habite la province de Guatemala. Notç sur une monstruosité observée dans un Colymbetes coriaceus ; cette anomalie fort singulière se remarque dans l'antenne droite.

M. Buquet fait connaître, au nom de M. Macquart, un nouveau genre de Diptères trouvé en Europe. Ce genre a reçu de M. Macquart le nom de Blepharicera , et l'espèce type celui de Bl. limbipennis.

Il est donné lecture de deux notes de M. Guérin-Méneville : l'une sur les métamorphoses deVApion apricans, Schœnherr, et sur les parasites de ce Coléoptère , et l'autre faisant connaître une nouvelle espèce du genre Myrmechiœenus. Ce petit co- léoptère, qui a été trouvé à Fleury, près Paris, a reçu de M. Guérin-Méneville le nom de Myrrn, vaporariorum.

M. Jubé lit un travail dans lequel il fait connaître deux nouvelles espèces de Coléoptères appartenant à la faune Pari- sienne : ces deux insectes ont été nommés Monotama puncta- ticollis et Abrœus rhombophorus.

M. Gotireau communique une nojtice sur un Diptère dont la larve vit dans Y Hélix conspurcata.

MÉLANGES ET NOUVELLES. 59

IV. MÉLANGES ET NOUVELLES.

.M. Th. Lacordaire nous adresse la lettre suivante : Monsieur, je viens de recevoir le numéro de janvier de la JRevue zoologique , dans lequel se trouve le compte rendu que vous avez fait de ma Monographie des Erotyliens. Je vous dois des remercîments pour la manière indulgente et favorable dont vous avez bien voulu parler de cet ouvrage , et je vous prie de les agréer.

A la page 1 3 du même numéro , il existe une note de vous concernant la Révision de la famille des Cicindélides que j'ai publiée l'année dernière , note dont j'ai moins à me louer sous le rapport de la forme , et dont le fond exige de ma part une réponse. Vous m'y prêtez, sur un point important, une opinion diamétralement opposée à celle que j'ai émise , et votre critique la plus importante repose sur une méprise qu'un mot d'expli- cation suffira pour éclairer.

Le principal caractère , dites-vous , assigné par M. Lacor- daire, à sa tribu des Cicindélides est que le premier article des palpes labiaux dépasse Véchancrure du menton. Cela est vrai ; mais vous ajoutez , comme venant de moi : ce caractère leur est commun avec les Manticorides ; ce qui est précisément tout le contraire de ce que j'ai dit. Veuillez jeter les yeux sur les carac- tères que j'assigne à cette dernière tribu (p . 1 1), et vous y verrez ces mots : Premier article des palpes labiaux ne dépassant pas, ou que très-peu, Véchancrure du menton. La suite de votre objection portant sur ce que les deux groupes ne seraient plus distingués que par une tête plus ou moins grosse , la pré- sence ou l'absence d'ailes sous les élytres, tombe par conséquent d'elle-même.

Je sais bien que la différence , sous le rapport en question , n'est pas grande entre les deux tribus, et je m'attends à ce que vous me demanderez, comme vous l'avez fait pour la grosseur de la tête : » est la limite entre des palpes dépassant peu ou beaucoup l'échancrure du menton ? » Mais je vous demanderai à mon tour : « sont les limites entre la moitié des genres au moins qui ont été proposés dans le règne animal , et spéciale- ment en entomologie ? » Vous savez aussi bien qne moi qu'ils sont établis sur du plus ou du moins , et que c'est pour cela qu'il est si souvent impossible d'isoler un genre par un caractère uni-

60 revue zôôlogiqde. ( Février 1843. )

que, mais qu'il faut pour cela recourir à un ensemble de petites différences qui n'ont de valeur que par leur réunion. Cela est surtout vrai pour les groupes supérieurs aux genres , et j'ai subi comme tout le monde cette nécessité dans le travail que vous critiquez.

Poursuivant votre raisonnement , vous cherchez à démontrer que j'ai commis une grave erreur en disant que chez lesCicindélides le premier article des palpes labiaux dépasse l'échancrure du menton, et vous prenez pour exemple le genre Apteroessa dont j'ai exposé les caractères d'après ceux donnés par M. Hope dans son Coleopteris Manual et les figures qu'il y a jointes. C'est ici qu'est la méprise dont je parlais plus haut. Selon vous , les mots ci-dessus signifieraient que l'article en question dépasse le niveau des lobes latéraux du menton, et en effet, si je les avais pris dans ce sens, vous auriez parfaitement raison. Mais ce n'est pas ce que j'ai entendu : j'ai voulu parler du fond de l'échancrure du menton , et en m'exprimant ainsi , la pensée , je l'avoue , ne m'est même pas venue qu'on s'appuierait sur un léger défaut de clarté dans les termes pour m'accuser d'une erreur tellement grossière qu'elle ne serait même pas pardonnable chez le plus mince débutant en entomologie. S'il y a ici , monsieur, une manière extraordinaire de procéder, ce n'est pas moi qui en suis coupable.

Votre troisième reproche porte sur ce que j'ai changé le nom de Pseudoxycheila donné par vous au groupe dont YOxycheila bipustulata est le type , en celui de Centrocheila , dans l'unique but, à vous entendre , d'avoir la satisfaction de faire ce change- ment. Cependant , vous , monsieur, qui connaissez si bien les travaux de chacun, vous savez mieux que personne que jamais homme ne fut moins que moi possédé de l'amour du Mihi. Je suis prêt , du reste , à passer condamnation sur ce malencon- treux changement qui vous déplaît si fort. Mettons donc Pseu- doxycheila à la place de Centrocheila , et que tout soit dit sur ce sujet. Mais je persiste dans mon opinion sur le labre de ces Insectes que je regarde , quoi que vous en disiez , comme un caractère bien plus important que la largeur du prothorax com- parativement à celle des Élytres.

Enfin, et ce reproche me serait sensible s'il était fondé, vous parlez du ton tranchant avec lequel j'ai jugé , selon yous, les tra-

MKL.4NfiES ET NOUVELLES. 61

vaux de mes devanciers dans l'opuscule si maltraité par voua. Ici, monsieur , vous me faites trop beau jeu. Comment! c'est en rédigeant contre moi une note écrite en termes très-durs, presque insultants même , et qu'aucune attaque de ma part n'a provoquée, que vous vous plaignez de mon style ! Vous choi- sissez mal votre temps pour me tenir ce langage. Il y a sans doute un oubli à une rédaction trop rapide et je ne crois pas devoir insister davantage sur ce point.

Je profiterai de cette occasion pour rectifier deux erreurs que j'ai commises dans l'ouvrage en question et dont je suis surpris que vous n'ayez pas parlé.

La première concerne le genre Physodeutera que j'ai établi dans la tribu des Cicindélides (p. 31) sur la Cicindela Adonis décrite par M. Brullédans les Archives du Muséum (I. p. 120). Ce genre est identique avec celui créé sous le nom de Megalomma par M. Westwood dans les Annals of natural History (VIII p. 203) et dont j'ai reproduit les caractères d'après cet auteur (p. 33). J'ai été induit en erreur par ces mots de M. Westwood : « Tarsi antici maris articulis tribus basalibus subtus setis clavatis obsitis. » J'ai sous les yeux les deux sexes de l'espèce qu'il a décrite (M. Figilans) et il m'est impossible, même à l'aide d'un très-fort grossissement , d'apercevoir ces poils en massue des tarses des mâles ; je les trouve simples comme dans le reste de la famille. Il faut que , dans cette circonstance , M. West- wood ait été victime de quelque illusion d'optique. Il va sans dire que son genre Megalomma ayant l'antériorité sur le mien doit avoir la préférence.

La seconde porte sur le genre Laphyra de M. Dupont , men- tionné dans le catalogue de le comte Dejean , genre que j'ai dit (p. 26) être fondé sur la Cicindela Jiitchii de Vigors, laquelle ne diffère pas des autres Cicindela; à quoi j'ai ajouté qu'une prétendue variété de cette espèce était inscrite dans les collec- tions de Paris sous le nom de Laphyra Peletieri. Il y a autant d'erreurs que de mots dans ce passage. En effet le genre Laphyra n'a pas été établi sur la Cic. Jiitchii, mais sur la Cic. Audouini décrite par M. Barthélémy dans les Annales de la société Ento- mologique de France , espèce fort différente quoique analogue sous le rapport du dessin des élytres. C'est la Laphyra Peletieri des collections de Paris qui correspond à la Ç< Ritç^ii et j'ai eu<

62 revue zoologique. ( Février 1843. )

raison de dire qu'elle ne peut être sépare'e génériquement des antres Cicindela. Maintenant que j'ai entre les mains les deux sexes de la C. Audouinii , je suis assez porté à croire que le genre Laphyra qu'on a fondé dessus, peut-être conservé.

Cette seconde erreur vient de ce que feu Careno m'avait en- voyé la C. Ritchii comme étant YAudouinii. C'est sur ce faux renseignement que j'ai construit l'échafaudage que je viens de renverser d'une manière qui, pour le dire en passant, vous prouvera , Monsieur , qu'à l'occasion j'ai le ton tranchant envers mes propres travaux.

J'attends de votre impartialité l'insertion de cette lettre dans le prochain numéro de la Revue Zoologique et vous prie d'agréer, etc. Th. Lacordaire.

Liège, le 22 février 1843.

Nous nous empressons de déférer au désir de M. Lacordaire en insérant sa réponse à la note que nous avons publiée au sujet d'une partie de son travail sur les Cicindélides. Nous devons d'a- bord déclarer que nous n'avons jamais eu l'intention de dire rien d'insultant à M. Lacordaire, dont nous estimons le savoir; mais nous nous sommes fait une règle invariable pour la rédaction de la Revue zoologique et pour nos divers ouvrages, de n'écouter que notre conscience dans l'appréciation des travaux des autres, en mettant de côté , quoique cela nous soit quelquefois pénible , toutes les considérations personnelles. Nous sommes heureux quand cette règle de conduite nous permet de faire l'éloge d'un travail ; mais nous nous résignons à critiquer et à être même sévère. Cette manière de procéder peut mécontenter quelques personnes, blesser quelques amour-propres , et nous susciter des ennemis, surtout si nous avons le malheur d'avoir raison; mais elle donne une garantie de notre impartialité et une assurance que lorsque nous louons un travail nous avons l'intime con- viction qu'il est bon.

Nous accepterions avec plaisir les explications que M. Lacor- daire veut bien nous donner au sujet de ce qu'il entend par des palpes labiaux dont le premier article dépasse ou ne dépasse pas Péchancrure du menton ; mais , en vérité , il est impossible d'ad- mettre que cet entomologiste parle sérieusement au sujet du genre Jpteroessa, quand il dit : «J'ai voulu parler du fond de

MÉLANGKS ET NOUVELLES. 63

Véchancrure du menton. » Est-il possible d'admettre qu'il ait voulu réellement parler du fond de cette échancrure en faisant la description suivante (pag. 34) : «Le premier des labiaux dé- passant assez fortement l'échancrure du menton ; » et puis que serait un premier article de palpes labiaux qui ne dépasserait pas le fond de l'échancrure du menton? Il serait caché sous le fond de cette échancrure , ou soudé et confondu avec la lèvre inférieure. Cependant tel n'est pas le cas du genre Manticora (voy. la figure de son menton et de ses palpes labiaux donnée par M. Brullé, Hist. Nat. des Ins., édit. Pillot, Coléopt.', t. I, pi. 1 , f . 16), type de la tribu des Manticorides. Le premier article de ses palpes labiaux (et même le second ) tout en dépassant considéra- blement le fond de l'échancrure du menton , ne dépasse pas cette même échancrure. Il nous semble inutile de pousser plus loin ce raisonnement qui tomberait dans la puérilité , mais nous aurions le droit de nous plaindre de la manière extraordinaire deprocéder de M. Lacordaire, et nous pourrions dire comme lui que cette explication est presque insultante pour nous qui lui avons parlé sérieusement , puisqu'il juge à propos de repousser notre objection au sujet du genre Apteroessa , par une explica- tion qui ne semble pas sérieuse.

Passant à VOxycheila bipustulata , nous ne serions pas moins généreux que lui , et nous renoncerions de grand cœur à notre nom de Pseudoœycheila , pour que tout soit dit sur ce sujet , si nous ne persistions pas aussi dans notre opinion sur le labre de cet insecte.

Nous terminerons en déclarant que nous n'avons jamais eu l'intention de relever les deux erreurs que M. Lacordaire rectifie à la fin de sa réclamation. En témoignant sa surprise de ce que nous n'en avons pas parlé, M. Lacordaire semble vouloir atta- quer directement notre délicatesse, car il doit se rappeler qu'en nous apportant sa brochure, il nous a dit, lorsque nous lui avons parlé de ces erreurs, qu'on les lui avait fait remarquer dès son arrivée à Paris , et qu'il les rectifierait. Il y aurait donc eu mau- vaise foi de notre part à venir les lui reprocher. (G. M.)

Les insectes Coléoptères rapportés par M. Goudot des hauts plateaux des Cordillières et des vallées de la Nouvelle-Grenade , forment une belle série d'espèces intéressantes dont le plus grand

64 revue zoologique. (Février 1813. )

nombre, et surtout les espèces des plateaux les plus élevés, sont entièrement nouvelles pour la science et n'ont jamais été rap- portées en Europe. On peut se faire une idée de l'intérêt scien- tifique offert par cette collection en jetant un coup d'œil sur les descriptions que nous avons déjà publiées dans la Revue Zoologique. On verra que plusieurs genres nouveaux et des espèces inédites de genres rares dans les musées, ont été décou- verts et pourront bientôt orner les collections.

Il est à remarquer que la plupart des insectes rapportés par M. Goudot viennent de lieux peu visités ou même tout à fait in- connus, où il a se rendre exprès et à grands frais. Il est certain que d'ici à longtemps personne n'ira faire de l'entomo- logie dans ces contrées , car aucun intérêt commercial ne peut y attirer les Européens , et il a fallu que M. Goudot y fît un séjour prolongé et soit possédé d'une grande ardeur de recherches scientifiques, pour entreprendre une semblable expédition.

Nous allons incessamment publier un catalogue de ces in- sectes , ce qui permettra à M. Goudot de les céder tous nommés, avec l'indication précise de leurs localités (chose qui n'avait jamais été faite )_, et l'on conçoit tout l'intérêt qu'ils auront alors pour les entomologistes. Dans tous les cas , ils sont très- bien conservés et piqués.

Le prix de chaque espèce sera fixé pour que l'on puisse en prendre un petit nombre si l'on veut ; mais on peut , dès à pré- sent , faire des choix aux conditions suivantes : Pour un choix de 100 individus d'espèces différentes. 150 fr.

Choix de 300 id 300

Choix de 500 id. . . . . 400

Comme certaines espèces très-intéressantes sont en petit nombre , les personnes qui voudront faire des choix, aux condi- tions ci-dessus , sont intéressées à se faire inscrire de suite. Les choix seront faits dans l'ordre de cette inscription.

Les ventes seront faites au comptant. Les demandes devront nous être adressées franco, et les frais d'emballage seront à la charge des preneurs.

Nouveau Membre admis dans la Société cuvierienne. 271. M. J. Le Coûteux , ancien officier , attaché au ministère de la guerre, etc., etc. , à Paris: présenté par M. Z/. BuqmU

SIXIEME ANNEE. MARS 1843.

I. TRAVAUX INEDITS.

Note sur les Pitta et description d'une espèce nouvelle de ce genre d'oiseaux, par M. Hàrtlàub.

J'ai sous les yeux trois individus d'une espèce de Pitta, que nous avons reçus de Malacca et que j'avais pris au premier abord pour la P. atricapilla, Q. et Gaim., mais qui, à ce qu'il me sem- ble, en diffèrent assez pour en être séparés spécifiquement. MM. Muller et Schlegel, dans leur Monographie des Pitta de l'Inde (Verhandel, Zool. I), ont compilé tout ce qu'on sait de la Brève à tête noire. Malgré quelques légères différences entre la P. atricapilla de Quoy et Gaimard, rapportée de la Nouvelle- Guinée, et l'individu trouvé par M. Muller à Bornéo, je les crois tous les deux de la même espèce. Il y aura toujours quelque in- certitude quant à la Brève des Philippines de Buffon (PI. enl. 84). Mais une autre indication de la même espèce se trouve dans le Zoological Miscellany de J. E. Gray , ce savant décrit une Pitta macrorhynchos des îles Philippines, qui me semble n'être que la P. atricapilla. La nouvelle espèce dont il s'agit ici diffère de la P. atricapilla de ces trois localités, en ce qu'elle porte une calotte d'un brun marron vif et circonscrit, tandis que, suivant les descriptions, la P. atricapilla a la tête tout à fait noire. La coloration des rémiges est aussi différente.

Pitta cucullata, Mihi. Viridis, subtus pallidior , capitis lateri- bus, gula, superciliis angustis colloque toto nitide nigris, pileo nuchaquelate et circumscripte castaneis; abdomine imocrisso- que dilute coccineis ; tectricibus alarum minoribus uropygioque nitide viridi-cyaneis ; rectricibus nigris, pallide cœruleo limbatis remigibus primariis nigris, macula magna alba medio notatis ; cruribus pallide brunneis; rostro brunneo.Long.6 1/2, Malacca.

Les seize espèces du genre Pitta sont les suivantes :

1. P. gigas, Temm.— P. caerulea, Vig., lifeof St. Raffl., app., p. 301; Sumatra, Malacca.

2. P.granatina, T. P. coccinea, Eyton, Proceed., 1839; Bornéo, Malacca.

3. P. venusta, T. Salomon Muller, Tigdsk, naturl. Ges- chied., 1835, p. 348 ; Sumatra.

Tome VI. Année 1843, 5

66 revue zoologique. ( Mars 1843. )

4. P. cyanoptera, T. Sumatra, Malacca.

5. P. Baudii, S. Miiller ; Bornéo.

6. P. cyanura, Leach. P. affînis, Ménétr. ; Java, Sumatra.

7. P. Boschii, Miill. P. elegans, Temm., Tabl.méth., p. 16. P. Rafflesii, Gould. P. Irena (?), Souleyet, Zool. Bonite, p. 78, t. 3 ; Sumatra.

8. P. erythrogastra, T. Ins. Philippine.

9. P. Maclotii, T. Nova Guinea.

10. P. atricapilla, Q. et Gaim., Temm., etc. P. macro- rhynchos, Gray, Zool. Mise., I,p. 3 ; Nova Guinea, Bornéo, Ins. Philippin».

11. P. cucullata, Mihi. Jtfalacca.

12. P. brachyura, Auct., India orient.

13. P. Figorsii, Gould. P. brachyura, Vig., Horsf., Linn. Trans. xv, Nova Hollandia.

14. P. strepitans, T. P. versicolor, Swains., Nova Hollandia. 15: P. irena, Temm. Timor.

16. P. iris, Gould., Birds of Austral., vi, pi. 9; Nova Hol- landia.

Je ne connais pas la P. cyanuroides, Less. , espèce dont M. Lesson n'a publié que le nom.

Sur un petit groupe d'oiseaux des Antilles par F. deLafresnaye.

Fam. Turdidée , Genre Ramphocincle., jRamphocincïus (merle à grand bec ) , de Lafr. Char, gêner. , bec grêle très-allongé , légèrement arqué et échancré ; ailes courtes , très-obtuses à ré- miges étagées de la première à la quatrième et la cinquième qui sont les plus longues ; queue médiocre , arrondie et légèrement étagée ; tarses courts et doigts robustes ainsi que les ongles qui sont arqués comme chez les oiseaux percheurs , le postérieur grand ; plumage mollet , les rémiges et les rectrices peu fermes.

Ce petit groupe particulier aux Antilles , du moins les trois espèces que nous en possédons , se compose d'espèces remar- quables par la longueur de leur bec légèrement arqué et par un plumage brun noirâtre , l'espèce type est le Turdus brachyurtis de Vieillot.

Ramph. a courte queue, R. brachyurus, nob. : Merle à

TRAVAUX INÉDITS. 67

i »nrle queue de if Martinique, Turdus brachyurus. Vot. Dict. V. 20 , p. 255. Tout le dessus , les côtés de la tête et du cou , les aili I , la queue et ses couvertures inférieures ainsi que les flancs , s n d'un noirâtre enfumé , plus foncé sur les oreilles, avec ap- parence de tache post-oculaire grisâtre ; la gorge , le devant du cou , la poitrine en son entier , et une bande médiane abdomi- nale, sont d'un blanc pur; bec noir ; tarses brun noirâtre. Long, tôt., 21 cent. ; du bec depuis son ouverture , 3 cent. 1/2. Notre individu vient de Saint-Domingue.

Cet oiseau rappelle au premier abord , dans la distribution de ses deux nuances , notre Merle d'Europe , ce qui a été observé également par Vieillot qui ne nous apprend rien sur ses mœurs, ne le connaissant que par une peau qu'il avait reçue de la Mar- tinique. C'est encore dans cet oiseau que M. Lesson a cru re- connaître le Cincle de Pallas, et il l'a décrit comme tel (Tr. d'Orn., p. 399) . ce qui a motivé de sa part, et à tort , l'établissement de son sous-genre Ifydrobate (1) ou Cincîes à bec arqué et allongé.

2. Ramp. trembleur, H. tremulus , Nob. Grive trembleuse à la Guadeloupe. Il est brun , noirâtre en dessus comme le précé- dent , mais cette teinte se nuance de brun roux sur les ailes , le croupion et la queue; tout le dessous est d'un roussâtre enfumé , plus pâle sur la gorge , plus vif *sur les flancs et les couvertures inférieures de la queue , cette teinte se nuance insensiblement avec celle des parties supérieures , en sorte que loiseaU paraît au premier abord d'une couleur sombre presque uniforme ; le bec est très-long et noir, les pattes paraissent brunâtres. Long, tôt., 23 cent., du bec; depuis l'ouverture 4 cent. 1/2. Nous en avons, reçu deux individus absolument semblables de la Guadeloupe.

Cette espèce est tout à fait remarquable par la longueur de son bec , que l'on pourrait comparer à celui d'un Picucule de mo- yenne taille ; elle est un peu plus forte que la précédente , et ses tarses surtout , ainsi que ses doigts , sont plus robustes, mais les tarses sont plus courts, nous ne savons rien de ses mœurs. Elle est connue à la Guadeloupe sous le nom de Grive trembleuse.

3. Rampii. a gorge blanche, R. gulturalis , nob. Cette espèce a les plus grands rapports avec la précédente, comme elle, elle est en dessus d'une couleur uniformément brun noirâtre enfumé ,

(I) Hydrobate de Pallas ; L«is., Tr., p. 399.

68 revue zoologique. ( Mars 184-3. )

mais ne passant pas, comme chez elle, au brun roux sur les ailes et la queue , elle est aussi d'une nuance claire , enfumée en- dessous, mais non teintée de roussâtre , et sa gorge ainsi que le devant du cou et le milieu de l'abdomen sont d'un blanc sale. Malgré ses grands rapports avec l'espèce précédente, nous la croyons distincte , car son bec est plus court, plus droit , ses tar- ses sont plus longs et plus robustes , ainsi que ses doigts ; ils ont une teinte brunâtre, et le bec est noir. Long, totale, 22 cent.; du bec depuis l'ouverture 4 cent. Elle nous a été vendue comme venant des Antilles.

Ce groupe offre bien, dans la forme de son bec, quelques rap- ports avec les Uppucerlhies et les Fourniers du Paraguay et du Chili, mais le bec est échancré, et la forme de l'aile ainsi que la coloration sont entièrement différentes.

Quelques Oiseaux nouveaux ou peu connus de Colombie , par F. de Lafresnaye.

Fam. Ampélidées, G. Cotinga, Ampelis.

C. a poitrine d'or, Amp. aureo-pectusNob. Cette nouvelle pe- tite espèce, voisine du Cotinga vert d'Orb. et de Lafr . ,Voy. en Am., etde Y Ampelis Riefferii Bois., Ré. zool., 1840, p. 3, s'en distingue au premier abord, quoique adulte,par ses pattes couleur de plomb et non rouge vermillon comme chez eux ; elle a comme eux toutes les parties supérieures d'un beau vert-pré, mais un peu teinté de bleuâtre à certain jour ; le haut de la gorge , les côtés du cou, de la poitrine et les flancs sont de la même couleur qui prend une teinte plus foncée sur les lorums et le pourtour de la mandibule supérieure; le devant du cou et la poitrine sont d'un beau jaune jonquille doré , un jaune moins vif et souffre occupe le pli et le dessous de l'aile , et forme une bande médiane sur le ventre et l'abdomen, se confondant sur les côtés par mèches jaunei et vertes avec le vert des flancs ; les couvertures inférieures de la queue sont ainsi variées; toutes les rémiges secondaires sont finement terminées de blanc jaunâtre ; le bec est d'un beau rouge vermillon, et les pattes d'une couleur plombée avec les ongles pâles. Long, tôt., 17 cent.; de Santa de Bogota.

L'individu que nous soupçonnons être la femelle diffère du précédent en ce que les lorums et le pourtour du bec sont jaunâ-

TRAVAUX INÉDITS. 60

très, en ce qu'il n'y a que quelques mèches jaunes entremêlées de vertes sur la gorge et le devant du cou , et se prolongeant sur la partie médiane du ventre et de l'abdomen et sur Jes couvertures inférieures de la queue ; le bec est d'un rouge livide et reny bruni.

Cette jolie espèce sera figurée dans le Magasin de zoologie , et nous y donnerons les caractères spécifiques etdistinctifs des deux autres déjà connues , qui forment avec celle-ci un petit groupe particulier de Cotingas verts , appartenant à la Colombie et au Pérou.

Tangara bleu olive. Tanagra olivi-cyanea nob. Cette espèce assez forte , et qui doit être groupée près des Tangaras évêque et vicaire, est singulièrement voisine , par sa coloration, de notre Tanagra cyanocephala Synop. avium Amer, et figuré pi. 23, 2 , du Voyage en Amérique de d'Orbigny. Comme lui en effet, elle a tout le dessus de la tête et du cou d'un beau bleu de Roj luisant , avec les lorums noirs, et tout le reste des parties supé- rieures d'un bel olive , jaunâtre , avec le pli et le dessous de l'aile , les jambes et l'anus d'un jaune jonquille vif; mais elle en diffère en ce que la gorge , le cou , et tout le reste du dessous au lieu d'être d'un cendré bleuâtre , sont du même bleu-violet lui- sant, que la tête et le dessus du cou; comme lui elle a le bec et les pattes noires , mais son bec est plus renflé , et elle est en tout plus forte d'un quart au moins. Longueur totale, en peau , 18 cent. 1/2.

3. Tangara ( S. G. Aglaia Sw. ) argentin , T. argentea Nob. Cette nouvelle espèce, qui doit être groupée près des Aglaias tri- color et septicoîor , est remarquable par la nuance soyeuse et changeante qui couvre tout le dessus et le dessous de son corps? excepté la tête et la gorge, les ailes et la queue qui sont noirs. Cette nuance d'un blanc verdâtre argentin, prend à certain jour, comme chez le Tangara passe vert , des teintes blanc bleuâtre , et blanc jaunâtre de paille et soyeuses. La tête et le cou par de- vant , sont d'un noir mat ; les ailes et la queue sont semblables , mais leurs pennes sont bordées de gros bleu ; bec et pieds noirs. Long, tôt., 14 cent.; de Bogota ou Caracas. Cette espèce sera fi- gurée dans le Magasin de zoologie.

Tangara (S. G. Aglaia ) vert-noiret, T. nigro viridis, Nob. Cette espèce, de la taille du T. tricoter, a le fond du plumage

70 REVUE ZOOLOGIQUE. ( MctTS 1843. )

noir ; mais tout son corps, excepté le milieu du dos, le front, les lorums, le pourtour des yeux, les joues et la gorge, sont couverts de taches plus pu moins rapprochées , d'un vert argentin et chan- geant en paillet sur la tête et le dessus du cou, elles sont presque contiguës sur le croupion , les grandes couvertures de l'aile et tout le dessous du corps. Ces taches sont bleues sur les petites couvertures de l'aile, et d'un vert bleu sur le devant du cou. Les rémiges et les rectrices sont bordées de vert bleu, le milieu de l'abdomen est blanc sale , le bec et les pieds sont noirs de Bogota.

Ces deux espèces, ainsi que le T. labr adorides ,Boiss. , Rev. Zool., pi. 67. sont encore un petit groupe Colombien ô^Aglaias noirs et verts à teintes changeantes et soyeuses.

Tangara arthus, T. arthus. Lesson, lllustr. de zool., pi. 9. D'un jaune doré avec le pourtour du bec , une tache sur la joue , des mèches au milieu du dos, les ailes et la queue noires, le cou doré, le reste du dessous marron, avec une plaque jaune sur la poitrine et le ventre. Nous ne connaissons encore cette espèce que par la publication de M. Lesson, en 1831, publication et figure faites d'après un individu venant du Mexique-

Oiseaux Mouches nouveaux ou mal connus. Par M. Jules Bourcier. Trochilus Prunellei. Mâle adulte. Bec droit , de longueur moyenne , presque cylindrique , d'un brun noir ; tête d'un noir brunâtre, soyeux, à légers reflets d'un vert bronzé. Nuque et bas du cou à légers reflets d'un bleu verdâtre sur la pre- mière , d'un bleu violacé sur le second ; partie antérieure du dos d'un brun noir, partie postérieure plus visiblement givrée de vert cuivreux ; couverture caudale d'un violet obscur ; ailes un peu plus longuement prolongées que les rectrices subexternes ; d'un brun violacé à couvertures d'un bleu vert glacé , brillant , passant au violet sur les plumes policiales ; queue échancrée à l'extrémité , à dix rectrices à larges barbules : les médianes à subexternes graduellement un peu plus longues ; les externes égales aux intermédiaires ; dessous du corps d'un noir soyeux ; paré , sur le milieu de la gorge, d'une plaque de plumes écail- leuses, d'un bleu violet ; côtés de la poitrine marqués d'une large tache blancheprolongée jusqu'aux épaules; tarses blancs. Long.

TRAVAUX INÉDITS. 71

totale, 0,126 ;— du bec, 0,034 ; des ailes, 0,075 ;— de la queue, 0,037. Patrie, la Colombie; se trouve aux environs de Facativa. Dédié à M. le docteur Prunelle , correspondant de l'Institut , et l'une des gloires scientifiques de la ville de Lyon.

Trochilus cupripennis. Bec droit, presque cylindrique, d'une longueur au-dessous de la moyenne , d'un brun noir ; tête d'un brun violâtre à sa partie antérieure , d'un brun vert bronzé sur l'occiput ; dos de cette dernière couleur ; couverture caudale irisée de diverses teintes métalliques; ailes aussi longue- ment prolongées que la queue , assez étroites , d'un cuivreux plus violâtre vers l'extrémité ; poignets , plumes policiales , et la plupart des autres , dans leur partie cachée , d'un roux cui- vreux ; queue à dix rectrices presque égales , à larges barbules : les médiaires avec leur tiers terminal d'un vert bronzé , teinte qui s'affaiblit graduellement chez les autres, et disparaît chez les externes ; dessous du corps roux , couleur qui s'étend autour du cou en forme de collier ; tarses et doigts noirs ; partie inférieure de la queue plus pale. Long, totale , 0,130 ; du bec , 0,028 ; . des ailes , 0,076 ; de la queue , 0,048. Patrie, la Colom- bie. — Collection du Muséum de Paris.

Trochilus anthophilus.— Maie adulte. Bec long, assez fort, faiblement arqué , presque cylindrique ; mandibule supérieure d'un brun noir : l'inférieure rouge , à extrémité noire ; tête d'un gris brun , parée d'une bande sourcillière d'un blanc sale , et marquée au-dessous des yeux d'une bande brune inférieure- ment bordée d'une raie blanche partant de la commissure du bec ; dessus du corps d'un vert cuivreux luisant ; plumes de la couverture caudale , frangées de fauve roux ; ailes d'un brun violâtre , étroites ; queue à dix rectrices d'un vert bronzé à la base , blanche à l'extrémité : les médiaires trois fois aussi lon- gues que les externes sublinéaires dans leur dernier tiers , les autres graduellement plus courtes ; gorge cendrée , poitrine et ventre plus pâles ; tarses blanchâtres ; couverture sous-caudale d'un cendré blanchâtre.

Femelle. Plumes de la couverture caudale bordées de fauve pâle ; queue moins longue , plus brièvement terminée de blanc et d'une manière moins tranchée ; gorge d'un blanc cendré , maculée de brun ; poitrine , ventre et couverture sous-caudale , d'un blanc sale ; du reste semblable au mâle. Longueur to-

72 revue zoologique. ( Mars 1843. )

taie, 0,155;— longueur du bec , 0,035; long, des ailes, 0,060; de la queue , 0,070. Patrie , la Colombie ; habite la vallée supérieure de la Madeleine , région tempérée. Collection de Jules Bourcier.

Trochilus Guimeti. Mâle adulte. Bec court , droit , assez mince , presque cylindrique ; tête parée , jusqu'à l'occiput , de plumes écailleuses d'un bleu violet brillant ; dessus du corps , couverture alaire et caudale d'un vert semi-doré luisant ; ailes d'un brun violacé , un peu plus longuement prolongées que la queue ; celle-ci a dix rectrices à larges barbules , à peu près d'égale longueur : les quatres mediaires entièrement d'un vert bronzé luisant : les trois externes barrées de noir violet et bor- dée de blanc ; gorge écailleuse d'un bleu violet brillant ; poitrine et ventre couverts de plumes d'un vert semi-doré luisant , fran- gées de cendré ; tarses gris.

Femelle. Gorge, poitrine et ventre cendrés; du reste sem- blable au mâle. Long, totale , 0,085 ; du bec , 0,015 ; des ailes , 0,050 ; de la queue , 0,032. Patrie , la Colombie; se trouve à Caracas , capitale de Venezuela.

Trochilus Guerini. Mâle adulte. Tête d'un vert bronzé obscur, parée de deux bandes d'un blanc sale , partant de cha- que commissure du bec et se réunissant près du vertex en une seule, formée de plumes longues, étroites, roides et prolongées en arrière en forme de huppe ; gorge et devant du cou marqués dans leur milieu d'une cravate en triangle allongé , d'un blanc sale et parés de mouchetures longues , subécailleuses d'un vert brillant. Patrie , la Colombie ; se trouve aux environs du mont Paramo.

M. Boissonneau , dans la Revue Zoologique, 1840, p. 71, a décrit le jeune âge de cette espèce remarquable par la brièveté de son bec et surtout par ses tarses robustes.

T. Barroti. Mâle adulte. Bec droit , de longueur médio- cre , élargi à la base , comprimé et graduellement rétréci en pointe , d'un brun noir ; tête parée jusqu'à l'occiput de plumes écailleuses d'un bleu violet ; oreilles garnies de plumes soyeuses noires , formant longitudinalement sur les côtés du cou une bande passant au violet ; dessus du corps , couvertures alaire et caudale entièrement d'un vert tendre luisant ; ailes d'un brun Tiolatre à peine plus longuement prolongées que la queue ;

TRAVAUX INÉDITS. 73

celle ci à six rcctriccs à larges barbules ; les quatre médiaires d'un bleu d'acier ; les autres graduellement plus courtes et d'un blanc de lait ; dessous du corps d'un blanc soyeux , paré , sur les côtés de la gorge, de plumes écailleuses d'un vert brillant. Long, totale, 0,100 ;— du bec, 0,022;— des ailes, 0,065;— delà queue,, 0,040. Patrie , Carthagène. Collection du Muséum de Paris ; dédiée à M. Barrot, ancien consul général à Carthagène, qui le premier l'a envoyée en Europe.

Sur les dénominations à donner aux différentes coupes introduites en Entomologie ; par M. A. Percheron.

Les divisions et subdivisions qui , sous le nom de familles et sous-familles, tribus et sous- tribus, genres et sous-genres, se multiplient de plus en plus dans la classification des insectes, m'ont depuis longtemps fait penser qu'il ne serait pas inutile d'adopter pour ces divisions une série de noms , ayant une signi- fication bien connue , dépendants l'un de l'autre , de façon qu'ils n'eussent rien d'arbitraire. Quelques-uns des noms déjà em- ployés remplissant ces conditions , il est inutile de fausser leur signification pour leur faire dire ce qu'ils ne disent pas dans notre langue , je veux parler des expressions de famille et de tribu ; ces deux mots ont une détermination certaine ; ainsi le mot tribu entraîne avec lui l'idée d'une agglomération d'indivi- dus, ayant dans le principe une origine commune, qui se subdivise en familles ,* il est donc rationnel , comme l'a fait quel- quefois Latreille , et comme l'a renouvelé M. Brullé, de rame- ner dans les divisions qu'on emploie les tribus avant les familles, puisque ces dernières dérivent des premières , et non de faire passer les familles avant , comme on le fait journellement. Ces deux termes déjà adoptés, et pris de la division et subdivision de la race humaine sur la terre , m'ont engagé à chercher les déterminations des autres coupes sous le même point de vue.

Tous les hommes répandus sur la surface du globe se subdivisent d'abord , d'après un consentement presque général , en diffé- rents groupes ou races ; des portions de ces races séparées , soit volontairement , soit accidentellement du noyau primitif , n'ont plus eu le même langage et ont formé autant tfidiomes particu- liers; ces idiomes, devenus bientôt propres à trop de monde pour une bonne agglomération , ont formé en se subdivisant ,

74 revue zoologique. ( Mars 1843. )

soit à cause des accidents physiques du terrain , soit à cause de nécessités politiques , ce que nous nommons les nations ; celles- ci se démembrèrent en provinces , chez les nations civilisées, et en tribus chez les peuples plus rapprochés de l'état de nature , parce que chez ceux-ci ce sont les individus que l'on considère et non le sol; puis vinrent en descendant les peuplades, les fa- milles et enfin l'individualité, le dernier degré de subdivision.

Maintenant , sans préjuger le nom à donner au groupe géné- ral des insectes , par rapport aux autres animaux , que ce soit une classe , un ordre ou une division , considérons-les simple- ment entre eux et tâchons d'appliquer à leurs subdivisions , les noms des subdivisions de la race humaine , puisqu'ils sont déjà en possession de quelques-uns.

Pour distinguer les grandes divisions des insectes entre eux , nous trouvons d'abord comme dans les hommes, le mot Race , stirps , mot significatif très-propre à remplacer le mot ordre, qui n'est que relatif et tout à fait abstrait; la division eh idiomes, linguœ , voces , doit être passée sous silence à cause du ridicule de l'appliquer à des animaux manquant de voix pro- prement dite ; notre seconde division comprendra donc les Nations, gentes; puis en troisième les Tribus, tribus; 4* les Peuplades ,vici{\) ; les Familles , familiœ; les Branches (2) , rami; et enfin le Genre , genus ; ce dernier terme se trouve anomal à la classification proposée , mais étant connu d'un consentement unanime pour signifier la réunion de la spécialité, et l'ayant toujours précédé immédiatement dans toute classifi- cation , il y aurait inconvénient grave à le changer.

Essayons un exemple sans adopter ni rejeter les coupes ci- tées ; prenons les familles naturelles de Latreille , nous trouvons en regardant le commencement des Coléoptères : Race, Coléoptères. Nation, les Pentamérés. Tribu, les Carnassiers. Peuplade , les Terrestres. Famille , les Cicindelètes. Branche, 0 0. Genre, Cicindèle , etc. , etc.

(i) Ce mot ne rend pas bien l'idée de peuplade ; il signifie plutôt village , mais les dictionnaires ne donnent pas d'équivalent, (a) Mot propre pour désigner la subdivision de la famille.

TRAVAUX INÉDITS. 75

Ces coupes, comme on le voit, peuvent suffire à toutes les exigences, mais si cependant on ne trouvait pas qu'elles fussent suffisantes , on pourrait ranger les insectes sous chacune d'elles par leurs caractères rigoureux , et partager chacun ou quel- ques-uns des groupes en divisions et sections , d'après les ca- ractères secondaires.

Ces idées ne seront probablement pas adoptées , mais il me semble cependant , qu'étudiées et améliorées , elles pourraient amener plus d'uniformité dans la classification.

Mais 1843. A. P.

Coleoptera colombiana, etc. Auct. Reiche. Decas septima. (Voy. 1843, p. 37.)

61. Anchomenus œneus. L. 8. L. 3 1/4 mill. iEneus; Caput laevigatum, inter antennas utrinque profunde impressum, palpis piceis apice dilutioribus , antennis piceis ; Thorax corda- tus, capite latior, latitudine vix brevior, postice coarctatus, rectè truncatus, angulis posticis rectis anticisque obtusis, disco lœvigato canaliculato, antice arcuatim , postice, longitudina- liter utrinque impresso , rugisque transversis obsoletissime in- structo ; Scutellum atrum laevigatum ; Èlytra thoracefere duplo latiora , lœvigata striata , striis obsoletissime punctatis , in inter- stitio tertio punctis tribus, primo ad tertiam partem, secundo infra médium, altero ad quintam partem inferiorem impressis, punctisque nonnullis secundum marginem ; Subtus pectore abdomine pedibusque piceis , tarsis fuscis. Hab. : provincia Novœ-Granatœ ; a dom. Lebas captus.

62. Anchomenus apicestriatus. L. 8 1/2. L. 4 1/4 mill. Piceo-niger ; Caput piceo-fuscum , laevigatum inter antennas utrinque late impressum, palpis ferrugineis, ontennis fuscis; Thorax subquadratus capite latior, latitudine vix brevior, poslice paulo coarctatus, subrecte truncatus, angulis posticis rectis anticisque obtusis, disco lœvigato canaliculato obsoletis- sime, transversim rugato , antice obsolète arcuatim, postice utrinque late impresso ; Elytra subaenea , thorace duplo latiora, lcevistriata , striis basi subobsoletis , apice marginem versusque profundis ; Subtus pedibus fusco piceis.— Hab.: provincia Novœ- Granalœ; adoin. Lebas captus.

76 ïievue zôolûgiçwe. ( Mars 1843. )

63. Agonum feronioides. Dej. MSS. L. 11-14. L. 4-5 1/4 mill. Atrum nitidum ; Captlt lœvigatum inter antennas late utrinque impressum , palpis antennisque fuscis ; Thorax subrotundatus , capitefere duplo latior, latitudine paulo brevior , antice postice- que subrecte truncatus, lateribus marginatis rotundatis, angulis rotundatis, disco laevigato, canaliculato, canaliculo medio magis impresso, antice arcuatim postice late transversim obsolète impresso, utrinque basi fovedla lata instructo ; Elytra thorace haud duplo latiora , striata , striis impunctatis , interstitiis con- vexis , punctis nonnullis secundum marginem impressis ; Subtus atropiceum ; tarsis fusco-piceis. Hab. : Santa Fe Bogotœ ; a dom. Lemoine captum.

64. Agonum atramentarium. L. 12 1/2, 1. 5 1/2 mill. Prœ- cedenti affine, atrum minime nitidum ; Caput lœvigatum inter antennas late utrinque impressum , palpis antennisque fuscis ; Thorax subrotundatus, capite fere duplo latior, latitudine paulo brevior , antice subrecte,, postice recte truncatus, lateribus marginatis, margine paulo reflexo, angulis posticis obtusis, disco transversim obsolète rugato canaliculato , antice postice que arcuatim impresso utrinque basi foveola lata instructo; Elytra thorace haud duplo latiora, striata, striis impunctatis, interstitiis convexis, punctis nonnullis secundum marginem impressis ; Subtus atro-piceum , tarsis fusco piceis. Hab. : Santa Fe Bogotœ, a dom. St. A. Rostaine captum.

65. Agonum longipenne. L. 12,1. 4 1/4 mill. Piceum nitidum; Caput lœvigatum inter antennas late utrinque impressum, mandibulis labroque fuscis , palpis antennisque ferrugineis ; Thorax subquadratus , capite vix duplo latior , latitudine bre- vior , antice posticeque subrecte truncatus , lateribus margi- natis paulo reflexis, angulis posticis obtusis, disco canaliculato , transversim obsolète rugato, antice posticeque angulatim transverse impresso , utrinque foveola lata basi instructo ; Elytra thorace fere duplo latiora terque longiora ; apice leviter prolon- gata , lœvigata , striata, striis impunctatis, interstitiis planis, punctis nonnullis secundum marginem impressis ; Subtus fusco- piceum , tibiis tarsis que fuscis. Hab. : Santa Fe Bogotœ, a dom. Lemoine captum.

66. Agonum spinipenne.lt. 12. L. 4 3/4. —Atro-piceum ni- tidum Caput lsevigatum inter antennas late utrinque , postice

TRAVAUX INÉDITS. 77

transversim impressum , ore antennisque fusco-piceis ; Thorax latus, subrotundatus , capite duplo latior , latitudine brevior , antice late emarginato , postice recte truncatus, lateribus ro- tundatis, paulo reflexis, angulis rotundatis, disco lœvigato, ca- naliculato, antice posticeque arcuatira impresso, basi medio elevato , utrinque foveola subrotundata instructo ; Elytra co- 1 iinibina thorace dimidio latiora , duplo longiora apice spiniforme prolongata, lœvi-striata , interstitiis convexis, punctis nonnullis secundum marginem impressis. Hab. : provincia Novœ-Gra- natœ. A dom. Lebas captum.

67. Agonum grandicolle. L. 1 1 . L. 4 mill. Piceum nitidum ; Caput lœvigatum , inter antennas utrinque postice transversim impressum ; Thorax atro-œneus, amplus , capite duplo latior, latitudine brevior, subrotundatus, lateribus subreflexis , disco lœvigato , canaliculato , antice arcuatim, postice transverse im- presso, basi utrinque foveola subrotunda instructo ; Elytra viridi-œnea , thorace vix latiora duploque longiora , apice acuta, striata , striis subpunctatis , interstitiis planis , punctis nonnullis secundum marginem impressis. Hab. : provincia jEquatoria. A dom. Lemoine captum.

68. Agonum laticolle. L. 9. L. 3 1/3 mill. Piceum niti- dum ; Caput parvum , lœvigatum inter antennas utrinque late , postice transversim impressum ; Thorax piceo-viridis , lateribus f uscescentibus , capite duplo latior, latitudine brevior, subrotun- datus , antice late emarginatus , postice recte truncatus , angulis obtusis, lateribus subdilatatis rotundatis, disco convexo , lœvi- gato , canaliculato, antice arcuatim postice transverse impresso , basi utrinque foveola subrotundata instructo; Elytra œneo- cœrulea , thorace dimidio latiora , vix terque longiora , apice subpro.longata, striata , striis punctatis , interstitiis planis , in interstilio tertio punctis tribus subobsoletis , uno ad quartam partem anteriorem , secundo paulo infra médium, tertio ad quartam partem inferiorem impressis plurimisque secundum marginem. Hab. : provincia Novœ-Granatœ. A dom. Lebas captum.

69. Agonum spinosum. L. 7 1/2. L. 3 mill. Piceum niti- dum ; Caput fusco-piceum , lœvigatum inter antennas utrinque impressum, labro, mandibulisque fuscis, palpis antennisque rufis j Thorax subrotundatus , capite haud. duplo Jatior , lâtUu-

78 revue zoologique. ( Mars 1843. )

dine vix brevior, lateribus rotundatis modice reflexis, angulis rotundatis, disco lœvigato , canaliculato , antice arcuaiim, postice transverse , basi utrinque longitudinaliter impresso ; Elytra subrcnea, thorace haud duplo latiora, plus duplo longiora,ovata, apice spinosa , striata, striis latis ac profundis, impunctatis , in- terstitiis planis , in interstitio tertio puncto infra médium pluri- misque secundum marginem impressis ; Subtus pedibus piceo- fuscis. Hab. : provincia Novœ-Granatœ. A dom.Lebas captum.

Oxycrepis. Dej. Catal. , 1837. 37. Genus novum Feronidarum (Ge Agono , affine). Caput oblongum; Oculis amplis promi- nentibus, palpis maxillaribus articulo secundo majore, incur- vato , medio incrassato , tertio cylindrico , graciliore , paulo bre- viore, quarto gracile fusi forme tertio minore; labialibus articulo secundo cylindrico, apicali longiore illo fusiforme subarcuato; Maxillis subrectis, unguiculo corneo incurvato terminais, intus valde ciliatis; Galea articulis duobus œqualibus cylindricis ; se- cundo arcuato ; Mento trilobato ; Labio antice quadrato ; Labro transverso , recto , inermi, ciliato ; Antennis articulo primo in- crassato subcylindrico , secundo breviore fere quadrato , tertio subcylindrico primo longiore , quarto et quinto cylindricis in- crassatis tertio vix longioribus , reliquis cylindricis longitudine decrescentibus ; Thorax ovalis, antice posticeque recte truncatus, œqualiter angustatus , marginatus ; Scutellum triangulare ; Elytra oblonga , elongata , basi subquadrata apice exterius si- nuosa ; Pedes médiocres , robusti ; Femoribus medio incrassatis, Tibiis anterioribusfemorebrevioribus, intermediis posterioribus, que cum femore œqualibus ; Tarsis anterioribus , in mari, arti- culis primis longitudine decrescentibus , intus oblique dilatatis, subtus soleis laciniatis,pilisque spiniformibus armatis-, arti- culo quarto minutissimo triangulare , intermediis et posteriori- bus articulo primo , secundo , tertioque conjunctis fere longiori ; secundo , tertio longiori ; quarto multo breviori subtus pilis spi- niformibus instructis

70. Oxycrepis leucocer a. Dej.Cat., 1837-37.— L. 13. L. 5 3/4 mill. Nigro-piceus ; Caput lœvigatum, nitidum , inter antennas utrinque impressum , palpis ferrugineis , antennis articulis tri- bus, primis fuscis, glabris, reliquis piceis tomentosis; articulis 8-9 albis exceptis ; Thorax nitidus capite fere duplo latior ; ca- naliculatus , canaliculo postice magis impresso, utrinque basi

TRAVAUX INÉDITS. 79

foveolis longitudinalibus instructo, disco punctis impressis distantibus undique cribrato ; Scutellum lacvigatum; Elytra haud nitida, thorace latiora, striata , striis punctatis, interstitiis creberrime punctatis , subtus pectore punctato , abdomine lœvi- vigato, segmentis utrinque late impressis , pedibus laete Cerrugi- neis , geniculis tarsisque fuscis. Hab. : Venezuela prope Cara- cas. A doni. St. A. Rostaine capta (1). l

Observations sur des espèces du genre Erotylus de Fabricius et

d'Olivier, examinées et reconnues par M. A. Chevrolat, et

rappel de ces espèces aux genres nouvellement établis.

Ayant fait tout récemment le relevé des notes que j'avais prises pendant mon voyage (en 1834), en Danemark, en Angleterre et autres pays, sur les collections se trouvent les espèces types décrites par Fabricius; je crois très-intéressant d'en faire con- naître aujourd'hui le résultat, pour ce qui est des Erotyliem de M. Lacordaire, notre estimable collègue n'ayant pu indiquer convenablement leur place dans la monographie qu'il nous en a donnée. Ainsi :

Le Mycotretus figuratus , Lac. Mon., p. 159, 34, ne diffère pas de Y Erotylus maculalus d'Olivier. Il convient de ré- tablir l'antériorité du nom de cette espèce.

2* Le Tritoma fasciatum, Fab., Syst. El. 2, 570, Amérique méridionale. Cet insecte pourrait bien peut-être se rapporter au genre Mycotretus; voici la note prise sur lui. Élytres avec la base et l'extrémité jaunâtres, séparées par une large bande brune; sur la lrt deux taches et sur la 2e une tache également brunes.

Erotylus rufipennis Fab. Syst. El. 2, 8, 27, n'est autre que le Morphoides immaculatus Lac. Mon., p. 369, 90. Même observation que pour le 1 .

Erotylus sphacelatus. MM. Duponchel et Lacordaire, cha- cun dans leur monographie, ont hésité à rapporter cet insecte au genre Erotylus. En effet l'espèce de Fabricius est du genre Spheniscus; il faudra donc effacer la synonymie de Fabricius et indiquer M. Dejean comme l'ayant nommé le premier.

(i) Quoique, en commençant ce travail, je me sois imposé a loi de ne pas d'écrire les espèces inédites citées dans le catalogue Dejean, j'ai pensé qu'on me saurait gré de n'y pas avoir eu égard pour la publica- tion de ce genre intéressant.

80 revue zoologique. ( Mat s 1843.)

Erotylus unifasciatus Fab. Syst., Elyt. 2. Il rentre encore dans le genre Spheniscus. C'est le même insecte que VIfelops cinctus d'Olivier, qu'on trouve tant à Cayenne qu'au Brésil.

Erotylus seœfasciatus, Fab. Syst., El. 2. Cet insecte que M. Lacordaire rapporte, Mon. 426, 7, au vrai genre Erotylus, n'est autre que la Doryphora catenulata d'Olivier; la descrip- tion lui convient en tout point. M. Reiche lui avait donné le nom de Parayanus, qui aurait pu lui être conservé, mais il est juste maintenant, après avoir effacé la synonymie de Fabricius et d'Herbst, de remplacer leurs noms par celui de M. Lacordaire.

Erotylus dentatus, Fab. Syst., El. 2. Cet insecte doit peut- être se rapporter à mon genre Corynomalus. Voici ma note : Ponctué ; Elytres rougeâtres à taches vertes confondues, formant des bandes. La description de Fabricius est faite d'une manière inverse, pour les couleurs, à ce que j'ai vu.

Erotylus fasciatus, Fab. Syst. El. 2. C'est bien un Zonarius et non un genre de la famille des Hélopiens, commeM. Lacordaire le croit. Cet insecte est de la taille du Z. Zébra ; il a les élytres jaunes, avec trois bandes noires : l'antérieure part de l'écus- son, au dehors de l'épaule, et forme une lunule cintrée par le bas; la 2e est large, médiane, et la dernière couvre largement toute l'extrémité. J'en ai pris le dessin.

9U Erotylus tricolor, Fab. Syst., El. 2, 8, 28. Je ne puis bien me rappeler cette espèce; sa description convient parfaitement au PriotelusjucundusLdLC. 497, 4, et, ce qui me porte à regarder ces deux noms comme se rapportant au même insecte , c'est que j'ai indiqué l'écusson noir avec une tache opposée, située au bord an- térieur, ce que n'indique pas la description de Fabricius.

10° Erotylus brunneus, Fab., Syst., El. 2. Cet insecte rentre dans le genre Omoiotelus de M. Lacordaire. Je ne doute pas que VOm, (Erot) pallidus d'Olivier ne soit le même.

1 Erotylus atratus, Fab. Syst., El. 2, 8, 26. C'est aussi un Omoiotelus. M. Lacordaire n'a pu se le procurer dans nos collec- tions.

12° Erotylus ocellatus Olivier. J'ai designé cet insecte à M. Dejean, lors de l'établissement de son Catalogue, comme es- pèce appartenant à mon genre Epopterus. Comment M. Lacor- daire ne l'y a-t-il pas vu et indiqué comme se rapportant à ce nouveau genre?

ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 81

Plus tard j'aurai occasion de parler de l'important travail de M. Lacordaire et de décrire plusieurs espèces de ma collection qu'il n'a considérées que comme de simples variétés, mais qui me paraissent évidemment distinctes et nouvelles.

II. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX.

Description de plusieurs Mammifères nouveaux de la collection

zoologique de la société Senckerbergienne d'histoire naturelle.

Par M. E. Ruppel. ( in-4° fig. extr. du Muséum Senckenber-

gianum, vol. 3, 184.2 ).

Dans ce mémoire M. Ruppel fait connaître plusieurs espèces nouvelles que l'administration du Musée de Francfort a reçues de divers pays. Voici la diagnose de ces espèces.

Pteropus schoensis. Rupp. Pt. epaudatus, auriculis bre- vibus , halluce elongato , corporis colore cervino , regione epi- gastrica canescente ; macula albicante ante et post auriculas, ad latera faciei a naribus per oculos fascia umbrina; unguibus nigris. Du royaume de Schoa , au sud de l'Abyssinie.

Rhinolophus fumigatus. Rupp. Rh. alis octava parte majoribus Rhinolopho clivoso (cui posthemate auriculisque per- similis) , vellere villosissimo , colore cinerascente fusco. Du même pays.

S or ex indiens Yar. Cinereo-œnea. Il Ta trouvé près des côtes de la mer Rouge.

Stemmatopus cristatus Fr. Cuv. ^Etas juvenilis : Capite nec cuculo, nec carina cutanea instructo ; dentibus primoribus supra 4 infra 2 ; vellere dimidio superiori capitis, dorso, pedibus posterioribus et parte mediana pedum anteriorum c inereo-fu- sco, pilorum apice cinereo-albicante , dimidio inferiori corporis sordide flavicante ; vibrissis brevibus nigricantibus vel flavis ; unguibus flavo-albicantibus. Des mers du Groenland.

Myoxus cineraceus. M. Ruppel a reçu cet animal de M. Verreaux. Il diffère des espèces connues (Graphiurus capensis et elegans ) et n'a pas été décrit par Smith. M. Ruppel en donne une description en allemand. Il vient de Port-Natal.

Lepus melanurus Rupp. Lep. auriculis longitudine ca- pitis, vellere capitis basi nigro, apicibus cinereo et rufovariega-

TomeVT. Année 1843. 6

82 REVUE ZOOLOGIQUE. ( MciTS 1813. )

tis, dorso , lateribus corporis et pectore fui vis , pilorum apice umbrino et isabellinio, ventre pedibusque interne sordide isabel- linis , pedibus externe et basi caudee rufis , cauda ipsa nigra. . Habitant le Cap.

Bradypus gularis. Rupp. Br. facie subnuda , fronte , genis , regione parotica, mento, gui a et parte interscapulari pilis rigidis flavicantibus , reliquo corpore pilis longis Iaxis ; ver- tice in occipite et supra metatarsum ; nucha , lateribus colli et gastrœo ex cinereo fusco-cœrulescentibus , dorso et pedibus ex griseo isabellinis, maculis cinerascentibus variegatis ; linea lon- gitudinali nigra in maculam flavam dorsalem transeunte , hac splendore rutilo ; unguibus validissimis compressis albicantibus, tribus in singulis pedibus. Cette curieuse espèce a été décou- verte dans les forêts de la Guyane. M. Ruppel en donne une bonne figure coloriée.

Delphinus abusalam. Rupp. Pel. rostro conico , man- dibula paululum prominente , in utraque maxilla supra et sub- tus 25-27 dentibus conicis subrobustis, fronte globosa , oculis non in linea prolongata angulis oris , sed supra illam positis ; dorsi colore viridi fusco , margine labiali , gula et ventre carneo-albi- cante, nonnullis maculis minutis nigris variegato. Dans toute la mer Rouge. Il forme de petites troupes. M. Ruppel lui a con- servé le nom que les matelots arabes lui donnent. Il en donne une bonne figure avec quelques détails anatomiques.

(G. M.)

Notes et renseignements sur les Animaux vertébrés de l'Algérie qui font partie du Musée de Strasbourg. Par MM. G. L. Duver- noy et A. Lereroullet. Première partie , Mammifères (in-4° , fig. , Strasbourg ,1842. Extr. des Mém. de la Soc» d'Hist. nat. de Strasbourg ).

Dans ce beau mémoire , MM. Duvernoy et Lereboullet pré- sentent rénumération des Mammifères d'Algérie que possède le Musée de Strasbourg ; ils décrivent comme espèces nouvelles un Hérisson, sous le nom d'Erinaceus algirus , Lereb., et une Gerboise le Dipus mauritaniens , Duv. , et donnent l'anatomie de ces espèces et de plusieurs autres déjà publiées , mais dont on n'avait pas étudié l'organisation intérieure.

ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 83

Il ne nous appartient pas de donner des éloges au travail de ces deux savants , car ce sont des maîtres et leurs noms garan- [issnil leurs oeuvres. Nous dirons seulement que leur mémoire est rempli d'observations neuves sur la zoologie , sur l'anatomie comparée et sur les mœurs des Mammifères de l'Algérie , et qu'il devra être étudié par tous les naturalistes qui s'occupent de mammalogie , et surtout de la Faune de nos possessions en Afrique. ( G. M. )

DESCRiPTioiN.de plusieurs oiseaux de l'Abyssinie, nouveaux ou peu connus, appartenant à l'ordre des Grimpeurs. Par M. E. Ruppel (in-4°. Extr. du Muséum Senckenbergianum , vol. 3, 1842).

Dans ce travail intéressant , M. Ruppel donne de bonnes de- scriptions des espèces suivantes: 1. Picus (Dendrobates) poio- cephalus ? Swains. ; Picus (Dendr. ?) Schoënsis Rupp. ; lynx œquatorialis , Rupp.; Cuculus solitarius? Levaill. ; Pogonias lœvirostris ? Leach. ; Psittacus (PionusJ rufiventris , Rupp. ; Psitt. (Pionus) flavifrons, Rupp.; Chizarhis personata , Rupp. ; et Chizarhis leucogaster. A la fin de ce mémoire , l'auteur donne une liste des Grimpeurs propres à cette partie de l'Afrique. C'est un travail consciencieux qui devra être étudié par les Ornitho- logistes. (G. M.)

Description d'une espèce perdue de Reptiles Lacertins, leRhyn- chosaurus articeps , dont les ossements et l'empreinte des pas caractérisent le nouveau Grès rouge supérieur de Grin- sill , près de Shrewsbury. Par Rich-OwEN (in-4., fïg. extr. des Transactions de la société philosophique de Cambridge, 1842). La première fois que l'on a reconnu l'existence de cet ani- mal, ce n'a été qu'à l'aide des empreintes de ses pas laissées dans les roches ; mais on avait attribué ces pas, ou ichnolites , à un oiseau. M. Owen ayant examiné différents fossiles trouvés dans les mêmes carrières , a pensé qu'ils appartenaient à l'animal qui avait produit ces empreintes, se basant sur la correspondance qui existe dans la grandeur des ossements et l'étendue des em- preintes de pas, et sur ce que l'on ne trouve pas d'autres fossiles ni d'autres iehnoliies dans ces mêmes terrains.

L'observation des vertèbres lui a prouvé que cet animal ap-

84 revue zoologique. ( Mars 1843. )

partenait aux Lacer tins, sous-division du groupe des Sauriens. Il donne une description de ces vertèbres, et il établit que, non- seulement c'est un Lacertin , mais encore un genre différent de ceux connus jusqu'à présent, genre qu'il propose dénommer Rhynchosaurus.

Il donne une description très-détaillée des vertèbres qu'il a pu observer et d'un crâne très-bien conservé : il le compare avec celui des genres voisins , vivants ou fossiles. Le système dentaire est beaucoup moins complet que dans les autres La - certins ; il croit que, sous ce rapport , le Rhynchosaurus se rap- procherait des Chéloniens et entre autres du Chelys ferox. Il dé- crit quelques autres ossements qu'il pense appartenir au même animal. Toutes ces pièces sont très-bien figurées de grandeur na- turelle et montrent que le Rhynchosaurus était un reptile de taille au-dessous de la moyenne , ne dépassant pas en totalité 60 ou 80 centimètres. ( G. M.)

De Proctostego spécimen Ichthyologicum quod pro summis ho- noribus in medicina rite assequendis indicit Joan. Dominicus Nardo Clodiensis, nonnullarum academiarum sodalis. (in-4°, fig. Patavii 1827).

Nuove Osservaziom etc. Nouvelles observations anatomi- ques sur le système cutané et osseux du Proctostego, nouveau genre de poisson. Par Gio Dominico Nardo. (In-4°. 1840. Extrait du Bimestre V-VI, 1840, des Annales des sciences du royaume Lombardo-Vénitien ).

Dans le premier de ces mémoires M. Nardo a donné les carac- tères d'un nouveau genre de poissons formé avec une grande espèce propre à la mer Adriatique. Dans le second, il rectifie quelques erreurs de ce premier travail et reconnaît qu'il s'é- tait trompé en rapportant le Proctostego aux Malacoptérygiens. Il avait proposé d'en former une nouvelle famille sous le nom de Proctostegii ou Proctostegini : il ne peut que confirmer cette dernière opinion, car on ne peut nier que ce poisson ne pré- sente de grandes affinités avec les Scombres et des Coryphènes, tout en constituant un type différent.

Cuvier, dans la dernière édition du règne animal, l'indique comme ayant été déjà décrit par Rafinesque, sous le nom de

ANALYSES d'oUVIUGES NOUVEAUX. 85

Luvarus imperialis, mais l'opercule osseux qui couvre son anus, a déterminé M. Nardo à changer le nom générique de Luvarus en celui de ProctOStegus,ce qui est un grand tort. Quoi qu'il en soit, le travail de M. Nardo est très-bien fait et vient complé- ter l'histoire naturelle d'un poisson rare, curieux et de grande talle, car celui qu'il décrit avait quatre pieds de longueur et pesait 100 livres vénitiennes. ( G. M. )

Illustrations conchyliologiques, etc., par M. Chenu. 6* et livraisons.

Nous avons donné une idée de ce bel ouvrage dans notre pré- cédent numéro. Depuis M. Chenu en a fait paraître deux nouvel- les livraisons qui contiennent la suite des monographies des genres Panopea et Solen. La première est due à M. Valencien- nes, professeur au muséum de Paris, la seconde est rédigée par M. Chenu.

Il est inutile de dire que ces deux livraisons justifient les éloges que nous avons donnés à M. Chenu pour les cinq premières. Les planches sont magnifiques de dessin et de gravure et colo- riées avec un grand soin; le texte ne laisse , non plus , rien à désirer sous les points de vue scientifique et typographique.

Dans les livraisons qui vont suivre, M. Chenu va donner la figure des animaux deplusieurs espèces intéressantes, afin que l'ou- vrage soit également complet sous le point de vue malacologique. Cette étude des animaux a déjà permis aux collaborateurs de rec- tifier la classification de plusieurs espèces, et c'est ainsi que l'un d'eux, M. Rousseau, aide 'naturaliste au muséum, a été conduit à la distinction de plusieurs genres très-naturels avec quelques espèces confondues, d'après leur coquille, dans le genre Pyrule.

Nous tiendrons nos lecteurs au courant de la publication de ce grand ouvrage, qui se recommande par la perfection du travail et la modération de son prix. G. M.

Révision des Insectes appartenant au genre Acanthocerus de Mac Leay , par M. E. F. Germar. (Extr. du Zeitschrift fur die Entomol , vol. 4me.) Tel est le titre que nous avons cru devoir donner à un travail

fort intéressant , que M. Germar vient de publier sur un groupe

86 revue zoologique. ( Mars 1843. )

d'insectes généralement rares , et par conséquent peu connus des entomologistes.

M. Germar a établi , dans le groupe des Acanthocerus de Mac Leay , trois nouveaux genres qu'il a fort bien définis, et dont les caractères sont reproduits avec beaucoup d'exactitude dans une planche au trait , qui accompagne son mémoire.

Cet auteur décrit trente-huit espèces , en voici la liste :

G. Spr^romorphus , Germ. 1. Chalceus , Germ. Cuba. 2. Politus, Germ., Bras. 3. Sesquistriatus , Germ., Bras. 4. HumeraîiSy Germ., Bras. 5. Globulus, Germ., Bras. 6. BicinctuSy Germ., Bras. 7. Ebeninus , Germ., Bras. 8. Semipunctalus , Germ. , Bras. 9. Nanus, Germ., Bras. 10. Semistriatus , Germ., Cuba. 11. Pyritosus, Germ. , Ind. occid. 12. Basilicus, Germ. , Bras. 13. Nitidus, Dej. Germ., Bras. 14. Folvox, Germ. , Amer. Bor. 15. Strialus, Germ., Bras.

G. Synarmostes. Germ. 1. Tibialis , Klug., Madag. 2. Scabrosus , Gory. Madag.

G. Cloeotus. Germ. l.Latebrosus , Buq. Germ. , Columb.

2. Semicostalus , Buq. Germ., Columb.

G. Acanthocerus. Mac Leay. 1. Bugiceps , Germ., Bras. 2. Leprieurii, Buq. Germ., Cay. 3. Indigaceus , Reiche. Germ., Columb. 4. Nitens , Guér., Amer, mérid. 5. Âphodioides , ïllig. , Amer. bor. 6. Globosus , Say. , Amer, bor. 7. Mac Leay, Perty, Bras. 8. Sticticus, Germ., Bras.

9. Puncticollis , Germ., Bras. 10. Antiquus , Germ., Surinam. 11. Striatus, Déj. Germ., Cay. 12. Brunnipes , Reiche Germ., Boliv. 13. Plicatus, Germ., Bras. 14. jEneus , Mac Leay, Amer. bor. 15. Posticus , Reiche Germ., Chili. 16. Pusillus, Gory in Lap. , Columb. 17. Bugosus, Buq. Germ., Columb. 18. Semituberculatus , Reiche Germ., Bras, 19. Bugalus , Reiche Germ., Columb.

On voit par la nomenclature qui précède , que sur les 38 es- pèces décrites par M. Germar, 30 sont entièrement nouvelles pour la science. Nous ne pouvons que le féliciter du soin qu'il a apporté, et des recherches qu'il a faites pour dre aussi complet que possible, un travail qui sera justement jrécié des ento- mologistes. L. B.

ANALYSES D'OOVRAGES NOUVEAUX. 87

MSPOsiTiOMETHODicAspecierumscandinavicarumadfamiliashyme- noptcrorum naturales pertinentium, ab Andréa Gustavo dahl- bom, Drephil., etc. (ln-8°avec tabl. in-fol. et pi. Lundae, 1842, pars I ).

Ce travail , fruit de grandes recherches , de rapprochements heureux, de combinaisons habiles, est indispensable aux ento- mologistes qui s'occupent spécialement des hyménoptères. Il se compose d'une courte préface et de trois tableaux dont voici les titres :

lo Tableau synoptique des familles Spkecidœ, Pompilidœ, Larridœ, Nyssonidœ, Pemphredonidœ, Crdbronidœ, Melli- nidœ et Bembecidœ.

Tableau synoptique des genres qui appartiennent à chacune des familles ci-dessus.

Tableau synoptique des espèces Scandinaves qui dépendent des familles et des genres décrits dans les deux tableaux ci- dessus.

Ayant été assez heureux pour obtenir d'un savant philologue, qui habite cette ville, M. de Sourdeval, la traduction de la pré- face qui est en suédois, je crois rendre service aux personnes peu au fait de cette langue en en donnant la copie, ainsi que d'un passage, dans la même langue, qui est à la page 16. Le reste de l'opuscule est en latin , langue universelle de la science , et qu'il serait préférable d'adopter pour tous les ouvrages qu'elle inspire.

Je profiterai de cette circonstance pour relever une erreur, que M. Z?aA/ôom reconnaîtra lui-même avoir commise à monégard, en me prêtant une dénomination, de nerfs, dans mon tableau de l'aile, lorsque j'ai parlé seulement de nervures, que je considère comme des tuyaux aériformes ; cette dernière explication s'ac- corde entièrement avec sa manière de voir, et exclut la dénomi- nation de nerfs, dont je ne pouvais me servir.

Je ne veux pas trop m'éloigner de l'objet de ma communica- tion, et je remets ci-après la traduction dont il est parlé plus haut.

« L'objet du présent ouvrage est d'offrir à l'entomologiste une » base pour classer les hyménoptères de Scandinavie par familles, » genres et espèces, dans l'ordre naturel. L'expérience pourra » contrôler et achever de remplir le plan que nous avons tracé, » mais dès aujourd'hui l'essai que nous présentons est nécessaire,

88 hevoe zoologiqde, ( Mars 1843.)

» attendu que , en premier lieu , on chercherait vainement dans » la Scandinavie, un ouvrage anologue à l'aide duquel on pût, » sans peine et cependant avec certitude, grouper les familles » de cette intéressante classe d'animaux ; déterminer, dès le pre- » mier coup d'œil, les caractères essentiels qui distinguent les » genres dans la même famille, et qui offrent les moyens de » distribuer les espèces dans un genre ; en second lieu, les au- » teurs de divers pays qui ont étudié les Faunes de leur contrée, » et décrit ces insectes, leurs formes, leurs mœurs etc., ont » montré de l'incertitude dans la manière de classer les espèces » à l'égard des genres ; ainsi, par exemple, ils ont rapporté VAm- » pulex, aux Sphécides ; les Zflra, Lachytes, Miscophus, Dine- » tus, Palarus, etc., ont été, par eux, rangés tantôt dans les » Crabronides, tantôt en d'autres familles; VJstata etVOxy- » belus sont mis, soit dans les Crabronides, soit dans les Nys- » sonides ; le Psen est attribué tour à tour aux Crabronidesy » aux Mellinides , aux Sphécides ou au genre Apis, Lin; le Tri- » poxylon varie des Crabronides aux Fe&paires, etc. Cette in- » certitude paraît venir de ce que les auteurs ont fait porter » leurs remarques sur une partie unique, ou sur quelques par- » ties seulement du corps, tandis qu'ils ont légèrement observé , » ou même quelquefois négligé totalement , les autres carac- » tères. Ils ont bien pu construire par un système artifi- » ciel, mais non poser les bases d'une méthode naturelle et gé- » nérale. C'est vainement, en effet, que l'on prétendrait s'atta- » cher à certains caractères assez concluants pour pouvoir né- » gliger les autres ; il est indispensable de les étudier tous pour » embrasser, en entier, le système organique qui se modifie sous » tant déformes diverses; nos recherches, dirigées d'après cette » régie, nous ont ainsi conduit à ranger VAmpulex dans les Pom- » pilides, à isoler le Dolichurus en un groupe particulier qui » doit, sans aucun doute, former une famille à part. Du Pompi- * » lus sanguinolentus, nous avons fait un genre particulier, aussi » distinct qu'aucun autre, dans cet enchaînement. Aux Larrides » nous avons rapporté les Palarus, Tachytes , Liris , Larra, » Astata; aux Nyssonides , les Alysson , Nysson , Arpactus , » Lestiphorus et Gorytes ; pour le Pemphredon et ses analo- * gués, nous avons proposé d'établir une famille spéciale, com- » posée des Dinetus, Miscophus, Celia, Stigmus, Passalœ-

ANALYSES D OUVREES NOUVEAUX. 89

» eus, Diodontus, Cemomts, <'eratophorus,Pemphredon; parmi » les Crabronides nous avons placé les Trypoxylon, Oxy- » belus, etc.

» Il est vraisemblable que De Romand, Shuckard , Wesmael » et Westwood, eussent saisi, longtemps avant nous, cette idée, » et l'eussent développée avec beaucoup plus de talent, si elle » fût rentrée dans leur plan ; il nous est permis de le préjuger, » d'après ce que nous connaissons déjà de leurs travaux.

» Dans le Conspectus Generum, nous avons pris pour types » les genres les plus connus à l'étranger, afin d'indiquer une » voie facile à suivre, et capable d'offrir à ceux qui possèdent des * collections exotiques plus considérables, le moyen de par- » faire notre méthode. L'étroit espace nous a permis, à peine, » de signaler quelques espèces que nous croyons tout à fait in- » connues ou qui, du moins, ne sont pas indiquées dans les ou- » vrages que nous possédons sur la matière.

»' Pour les veines et le champ des ailes, nous avons suivi la » théorie de De Romand et de Shuckard, et dans le cas nous » n'avons pu suivre ces deux auteurs à la fois, nous avons » cherché à les concilier par un moyen terme. Ainsi nous n'a- » vons pas adopté avec De Romand les dénominations de nerfs » et de Nervures, pour ses veines des ailes, ( car ce ne sont pas » des nerfs, mais de véritables tuyaux creux); nous avons, avec » Shuckard et les anciens auteurs , conservé les noms de vei- » nés et de veinules pour ces parties du corps, de manière ce- » pendant que, par veines nous avons désigné les veines directes, » et par veinules les veines obliques.

» Au lieu du mot, récurrent employé par De Romand, pour » exprimer le retour inverse des veines obliques, nous avons » repris, avec Shuckard, l'ancien terme transverso, et nous avons » dit de sorte , par ex. venula transversocubitalis (veine cubi- » taie courant en sens inverse), au lieu de nervura recurrens » cubitalis etc. Voyez, au surplus, la planche ci-jointe, repré- » sentant l'aile du Mellinus, ou les veines et les champs sont » désignés par leurs noms. Lund, Avril, 1842.

» IIIe Tableau synoptique, page 16.

» 116.... Shuckardi Dalhb. synops. 98. 7. (Crabro Lindenius » Shuckard, F. H. 143. 10). Le nom donné par Shuckard de » Crabro Lindenius, étant plus ancien que celui proposé par

90 REVUE ZOOLOGIQUE. ( MctTS 11843. )

» moi, semblerait devoir être préféré et maintenu par un juste » droit de priorité ; cependant je me suis permis de faire ici une » exception à la règle, par cette considération, que Mander » Linden, à jamais regrettable pour la science, ayant succombé » dans la dernière guerre entre la Belgique et la Hollande, la » perte de ce profond investigateur ne peut qu'affliger tous ceux » qui, en suivant ses traces, ont appris à honorer son nom. Noi- « res et blanches, sont les couleurs de deuil. Gela fixe d'avance » l'espèce que je désire voir consacrée au nom de Van der Lin- » den. L'habile Shuckard au contraire, brille aujourd'hui de » tout son éclat dans la science, et son nom me paraît d'autant » plus propre à être rattaché aux couleurs étincelantes de notre » Crabro. »

Je ne veux pas envahir davantage l'espace de notre recueil , et je me borne au seul désir de faire connaître les bonnes doctrines de M. Dahlbom. DE ROMAND.

Sur un nouveau genre de Spongile siliceux nommé Vioa, qui vit dans 1 intérieur des coquilles marines et les perce en tous sens. Lu à l'Athénée de Venise et à l'assemblée de Pise, le 9 octobre 1839, par M. Le docteur Gio. Domenico NARD0.(In-4°. Extrait de la Statistica Medica, etc).

Nous ne faisons qu'annoncer ce beau mémoire, car nous en avons donné une idée, très-abrégée il est vrai, dans le compte rendu de la séance du congrès de Pise. ( Voyez cette Revue, an- née 1840, p. 21).

SOCIÉTÉS SAVANTES. 91

III. SOCIÉTÉS SAVANTES.

Académie royale des Sciences de Paris.

Séance du 6 mars 1843. M. A. d'Orbigny lit quelques consi- dérations sur la station normale des animaux mollusques bi- valves. L'auteur débute par la remarque que les savants sont loin d'être d'accord sur la représentation d'une bivalve. Linné, Bruguière et Lamarck placent une bivalve les crochets en bas ; M. de Blainville , les crochets en haut ; M. Deshayes la représente les tubes en bas et la bouche en haut. Comparées à l'état normal de la station des bivalves , ces positions diffèrent plus ou moins. Tous ceux qui ont étudié les mollusques dans leur position na- turelle ont pu se convaincre que les coquilles symétriques libres ont toujours les tubes en haut, saillants à la surface du sable, de la vase ou de la roche qui les renferment. Il en résulte que la position artificielle donnée par Lamarck forme un angle de 90 degrésNavec la station naturelle ; que celle qu'adopte M. Des- hayes en diffère de 180 degrés, ou renverse précisément la co- quille de manière à placer en bas ce qui se trouve en haut dans la station normale , absolument comme un homme qu'on met- trait les pieds en l'air.

Quoique appuyé sur des caractères zoologiques , un tel arbi- traire est préjudiciable aux sciences d'application. Qu'un géo- logue cherche , par exemple , à comparer la position dans la- quelle il rencontre , au sein des couches terrestres , les corps organisés , et notamment les acéphales , ou mollusques bivalves moins voyageurs , afin de s'assurer si ces êtres sont dans leur état normal, ou s'ils sont roulés, et que dans ce but il consulte des ouvrages les coquilles sont représentées dans une position contre nature , qu'en conclura-t-il ? Il en conclura que toutes les coquilles ont été remaniées , tandis que peut-être elles seront en effet dans leur état normal. M. d'Orbigny tire de ce fait la consé- quence que la manière de représenter une coquille n'est rien moins qu'indifférente, et que le zoologiste doit indispensable- ment figurer toujours les êtres dans leur position normale , afin de donner aux géologues des points de comparaison.

L'auteur entre ensuite dans une série de considérations sur la station comparative des acéphales. Il fait remarquer que la po-

92 REVUE ZOÔLOGIQtJE. ( MûTS 1843. )

sition , suivant une ligne qui passe par la colonne vertébrale et par le milieu du ventre, est verticale chez les poissons formés de parties paires, tandis que, chez les pleuronectes , cette ligne est horizontale, les seconds étant, par rapport aux premiers, comme couchés sur le côté. Les coquilles bivalves, comparées à ces deux positions différentes des poissons , offrent les mêmes irrégula- rités. En effet , la station normale des coquilles de mollusques acéphales est verticale , les tubes en haut, la bouche en bas , chez toutes les bivalves symétriques, tandis qu'elle est horizontale , la bouche d'un côté et l'anus de l'autre , chez toutes les coquilles non symétriques, libres ou fixes. Dans le premier cas, il y aura une valve droite et une valve gauche, ainsi qu'on le voit chez les Vénus, les Phollades, etc., etc.; mais il y aura toujours une valve supérieure et une valve inférieure dans les Huîtres , les Peignes , les Spondyles , etc. , qui , relativement aux coquilles symétriques , sont comme si elles étaient couchées sur le côté.

IV. MELANGES ET NOUVELLES.

Société entomologique de France.

M. A. Percheron nous adresse la lettre suivante : « Mon cher ami , en jetant les yeux sur les derniers numéros de la Revue , j'ai vu qu'une petite polémique s'était élevée entre vous et M. Lacordaire au sujet de sa révision de la famille Cicin- délides ; cela m'a donné l'idée de regarder de nouveau ce tra- vail , que j'avais seulement parcouru, et dont j'avais adopté les idées sans examen , sur la réputation de son auteur ; je me per- mettrai quelques observations générales que je crois xiécessaires. M. Lacordaire , dont j'estime beaucoup la personne et le talent, est trop haut placé dans la science , et trop en position de faire école , pour qu'on ne relève pas en lui tout ce qu'on pourrait passer sous silence dans un autre.

» Quant à votre discussion personnelle avec lui pour les pre- miers articles des palpes dépassant plus ou moins l'échancrure du menton, la vue des pièces me fait croire très-facilement que M. Lacordaire a voulu parler du fond de l'échancrure, mais il a eu très-grand tort de ne pas l'exprimer , car il ne faut jamais faire dire à la langue ce qu'elle ne dit pas. Que signifie le mot

MÉLANGES ET NOUVELLES. 93

échancrure? un enfoncement plus ou moins profond , qui vient interrompre une ligne quelconque ; or , je demanderai à M. La- cordaire, qui a beaucoup voyagé, si , quand son bâtiment sortait d'une rade ou d'une baie, et qu'on disait, nous avons dépassé la rade , il entendait qu'on en avait seulement dépassé le fond , ou bien les promontoires de droite et de gauche qui forment positi- vement l'espace abrité que l'on désigne ainsi? Quant à moi , j'a- voue que , dans ce cas, j'entendrais qu'on avait dépassé les pro- montoires.

» Passons à quelques observations qui me seront personnelles : M. Lacordaire , dans sa réponse , pour s'excuser de n'avoir pas toujours donné des caractères tranchés , dit: « sont les limites » entre la moitié des genres , au moins , qui ont été proposés.... » en entomologie ? Vous savez aussi bien que moi qu'ils sont éta- » blis sur du plus ou du moins.... cela est surtout vrai pour les » groupes supérieurs aux genres , etc.... » Je répondrai , il y a un proverbe qui dit : noblesse oblige , que dans ce moment je puis traduire ainsi : réputation oblige; si l'on a mal fait jusqu'à présent , ce n'est une raison pour personne de continuer , et à M. Lacordaire moins qu'à tout autre.

» Je trouve d'abord que M. Lacordaire ne donne pas d'une manière bien tranchée les caractères de la famille qu'il établit ; en fait de caractère , tout ce qui est douteux nuit ; si cette fa- mille se distingue par l'onglet de la mâchoire , la cinquième tribu ne doit pas en faire partie ; si ce caractère n'est pas essen- tiel , il ne faut pas le donner comme l'un de ceux de la famille.

» M. Lacordaire établit cinq tribus basées sur différents carac- tères : la taille de la tête; nous avons , 1. tête grosse; 2. tête grosse ou médiocre: lequel des deux ? 3. tête médiocre ; 4 , 5. pas de caractère de tête. Palpes : ils sont assez distincts, excepté dans la troisième tribu , l'on ne détermine pas nettement leur taille. Menton : dent forte ; dent plus ou moins forte : dans deux tribus ; pas de dent ; pas de dent ou une dent : il est dans ce cas assez difficile de se reconnaître. Veux : petits, arrondis ; petits chez les uns , grands chez les autres : ce caractère est élastique; oblongs ou réniformes; très-grands, saillants, pour- vus d'un orbite supérieur très-prononcé ; quant à la 5e tribu , rien pour les yeux. Il en est de même des tarses et des ailes , si l'on veut en faire un caractère essentiel. Si M, Lacordaire avait

94 revue zoologique. ( Mars 1843.)

fait un tableau de «es tribus comme il en a fait pour les genres , je crois qu'il aurait formulé ses caractères autrement.

» Si, dans le passeport d'un homme, l'on mettait à son signale- ment qu'il a le nez court ou long , les yeux grands ou petits , et le reste dans le même genre , croit-on qu'il fût bien facile de le reconnaître , eh bien ï l'établissement des caractères d'une coupe quelconque me paraît devoir être le signalement , le passeport si l'on veut, qui doit la faire reconnaître partout et en tout temps; ces caractères doivent donc, à mon avis , être tellement rigoureux qu'il ne puisse y' avoir de doute sur l'identité.

» Je ne voulais examiner en détail aucune tribu , mais un membre de phrase,, que je ne comprenais pas bien m'ayant forcé de jeter les yeux sur les pièces , il m'a semblé apercevoir quel- ques erreurs , qui peut-être ne sont qu'une faute de rédaction : parmi les caractères donnés à la 2e division des Colly rides , je vois : « 4e article de tous les tarses faiblement ou fortement pro- longé en dedans ; dans les Thérates que j'ai sous les yeux , j'ai peine à voir le prolongement intérieur ; dans les Tricondyla, ce prolongement , bien sensible aux pattes antérieures , l'est peu aux pattes postérieures , il existe cependant , quoique moins saillant que dans les Collyris , mais dans ces deux derniers genres le prolongement des quatre tarses postérieurs est exté- rieur et non intérieur, à moins que l'on n'admette que les pattes postérieures sont destinées à être dirigées en avant , au lieu de l'être en arrière, ce que je ne crois pas admissible.

» Il y aurait , en descendant dans les détails , beaucoup d'autres observations à faire , mais elles me conduiraient trop loin. A. P. »

» Mars 1843...

Nous nous empressons de déférer au vœu de M. De La Fresnaye, en publiant la lettre suivante :

« Mon cher collègue , si tous les cœurs français gémissent et se brisent en quelque sorte aux nouvelles déchirantes du désastre de la Guadeloupe , il en est parmi eux qui, en outre, ont à dé- plorer la perte ou la ruine et le désespoir d'un ami des sciences. Déjà je suis compris par les naturalistes et médecins, et tous s'écrient douloureusement avec moi : « Ce malheureux Docteur Lherminier de la Pointe-à-Pitre ! ! »

MÉLANGES ET NOUVELLES. 95

» Je n'ai pas besoin de rappeler ici le zèle infatigable avec lequel ce studieux élève de M. de Blainville a cherché, dans diverses pu- blications, à développer les idées de son savant maître sur l'obser- vation du sternum comme moyen de classification chez les oiseaux. De retour à la Guadeloupe, malgré ses occupations im- périeuses comme médecin de la Pointe-à-Pitre, il a mis tous ses soins, employé tous les moyens, depuis cette époque, pour se procurer, parmi les oiseaux du nouveau monde, ceux qui man- quaient au Muséum, et ceux dont l'anatomie et l'ostéologie pouvaient seules indiquer la place, incertaine jusque-là dans la classification. C'est ainsi qu'il a procuré au Muséum le premier Guacharo, le premier JEdicnème américain, le premier sque- lette d'Hoazin, découverte des plus intéressantes en ornitho- logie. Ce savant observateur est si zélé , que sans me connaître et sur ma simple invitation, mais dans l'intérêt de mes travaux ornithologiques, il m'a déjà fait parvenir la plupart de ces inté- ressants squelettes.

» Le but de ma lettre, mon cher collègue, est de